Mois de mai, mois de Marie

Aujourd’hui, nous entamons le beau et gai mois de mai. « Avoir bon mai », telle était au XIIIe siècle la formule annonciatrice « d’un temps prospère et heureux ». Le plus beau mois de l’année et « le printemps en fleur »!
D’où vient donc pareil mois, si florissant ?
« L’arbre de mai » : en mai, tout peut commencer par une rencontre souhaitée, propice à la séduction. Ainsi, l’arbre de mai, le « mai », qui est « aussi un arbre ou un gros rameau de verdure, que par honneur on plante devant la porte d’une personne qu’on veut honorer le premier jour de May. La tradition de «l’arbre de mai» était souvent planté en signe d’amitié, d’avenir, devant le domicile d’une jeune fille à marier.
Le plus récent mai «historique» est sans conteste «mai 68» entré dans les dictionnaires de langue française, le Petit Robert par exemple, avec une formule toute faite: «Les événements de Mai», ou «Mai 68». Le 1er mai, le 8 mai 1945, le 10 mai, le jeudi de l’Ascension, le lundi de Pentecôte, constituent également des repères marquants, politiques ou religieux.

En vérité le mois de mai bénéficie de fortes connotations politiques, de plus longue date qu’on ne l’imagine. Se souvient-on, par exemple, de ce qu’ont représenté les « champs de mai ?» Ils correspondaient jadis aux endroits où se tenaient les assemblées franques, tenues au mois de mai. Et c’est Lamennais, humaniste socialisant et mystique, qui soulignait que « les institutions actuelles remontent à Charlemagne et à Mérovée » et « que les chambres ne sont » en définitive « autre chose que les assemblées du champ de mai ». Le « mai » des Francs : la formule peur surprendre !
Si dans la tradition, le mois de mai est le mois de l’amour, dans la tradition chrétienne, c’est le mois de Marie. Quand j’étais jeune, nous aimions fleurir l’image de la Vierge Marie en mai. Ça sentait bon et les hymnes mariaux ont touché le cœur. En Marie, nous ne chantons pas seulement la femme qui a dit oui à la parole de l’ange il y a 2000 ans. En elle, nous chantons ce que nous sommes devenus par son Fils, Jésus-Christ. Marie est souvent représentée dans les peintures gothiques comme la Madone, la belle femme. Ainsi, en Marie, nous célébrons notre propre beauté intérieure.
Savez-vous que le philosophe grec Platon associait la beauté à l’amour ? La belle personne évoque l’amour en nous. Et l’amour nous fait voir la beauté de l’humain. Si je me regarde avec amour, alors je suis une belle personne. Lorsque je regarde l’autre avec amour, je reconnais sa beauté en lui. Je me sens être une laide personne, que lorsque je me déteste. Et l’autre personne me paraît laide quand je la déteste.
La beauté est de l’ordre du mystère. Je ne peux pas posséder le beau, je dois le ménager. Le mois de mai nous invite donc à percevoir la beauté qui nous entoure, celle de la nature et à en prendre soin. Mais, nous sommes également invités à prendre soin de notre propre beauté intérieure. La beauté que nous percevons dans la nature, ou dans l’art, ou dans une personne nous met, selon Platon, en relation avec le bel archétype que Dieu a mis dans l’être de chaque être humain. Cette beauté nous rend entiers et sains. « La beauté sauvera le monde »…disait Dostoïevski.
Je vous souhaite donc qu’en recherchant le beau en vous et autour de vous, la beauté des images de Marie, vous vous sentiez connecté à toutes les personnes qui, comme vous, regardent la beauté. Parce que la beauté nous appartient à tous ensemble, elle possède le pouvoir de nous unir les uns aux autres. Que la beauté de ce mois de mai vous guérisse et vous remplisse de joie.
Le mot de la fin sera aux rappeurs avec le verlan de « mai », un bien doux Sésame : « aim ». Quel radical impératif prometteur !