Méditation du 1er Dimanche de l’Avent C : évangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36
Méditation 2e Dim. de l’Avent C : évangile selon saint Luc 3, 1-6
Méditation du 3e Dimanche « de Gaudete », Avent C : évangile selon Saint-Luc 3, 10-18
Médiation du 4e dimanche de l’Avent : Évangile selon Saint-Luc, 1,39-45)
Vœux de Noël 20234
Médiation de la Fête de la Sainte famille : évangile selon Saint-Luc 2, 41-48
Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2
Méditation du Baptême du Seigneur : évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3, 15-16.21-22.
Méditation du 2e Dimanche ordinaire C : évangile selon saint Jean 2, 1-11
Méditation du 3ème dimanche ordinaire C : Homélie de Mgr Delville
Médiation du 5e dimanche C : évangile selon Saint-Luc 5, 1-11
Médiation du 6e dimanche C : évangile selon Saint-Luc 6,17-26
Méditation du 1er Dimanche de Carême C : évangile selon Saint-Luc 4, 1-13
Méditation 2e dimanche du Carême C : évangile selon saint Luc 9, 28-36
Méditation du 3e dimanche de Carême C : évangile selon Saint-Luc 13, 1-13
Méditation du 4e Dim. de Carême de Laetare C : évangile selon Saint-Luc Lc 15, 1-3.11-32
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Ancre16Méditation du 4e Dim. de Carême de Laetare C : évangile selon Saint-Luc Lc 15, 1-3.11-32
« Ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie !»
Ce dimanche de Carême est celui de la joie. « Réjouis-toi, Jérusalem ! et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez : soyez dans le bonheur réjouissez-vous avec allégresse, vous qui avez été dans la tristesse : vous pouvez bondir de joie et vous rassasier du lait de consolation qui est pour vous. » Réjouis-toi, Allégresse ! C’est déjà l’annonce de la Joie Pascale, la joie de la Résurrection. Ainsi, l’enseignement de l’évangile du père miséricordieux qui avait deux fils est rempli de la joie eucharistique !
Jésus raconte la parabole du fils prodigue en réponse aux pharisiens et aux scribes qui récriminaient contre lui, parce qu’il mangeait avec les pécheurs. L’image du repas partagé avec eux est également une image de l’Eucharistie. En effet, dans chacune de nos eucharisties se réalise aujourd’hui pour nous ce qui se déroule dans la parabole de Jésus.
Le premier fils qui veut vivre l’aventure. Il se trouve à l’étroit à la maison du père. Il part dépenser tous ses biens sans compter, il ne connaît pas de limite, et il finit au milieu par atterrir au milieu des porcs. Pour les juifs c’est synonyme d’impureté et d’avoir péché. Pourtant c’est depuis sa descente en servitude, qu’il fait l’expérience d’entrer en lui-même et qu’il se remet à parler avec lui-même. Il entre en contact avec son désir profond de se lever pour retourner vers son père. Au moins il y a du pain en abondance. Et le père, si magnifique, l’apercevant et saisi de compassion courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Il partage dans l’allégresse sa joie : « mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. » Pour signifier que son fils est sauvé maintenant, le père l’habille du plus beau vêtement pour l’habiller et lui passe une bague au doigt. Merveilleuse image pour exprimer que le fils découvre sa beauté intérieure et choisit d’y consentir.
Le fils aîné est également une figure qui vient nous révéler notre ambiguïté humaine. Ne sommes-nous pas fait, à la fois poussé par nos envies et nos actes irraisonnables, sans limites, à l’image du premier fils, et puis la colère et l’accusation qui veut tout expliquer et justifier de notre droiture et notre conduite exemplaire ? Même si la parabole ne parle pas de cette attitude, le deuxième fils, enfermé dans sa spiritualité étroite, s’étant tout interdit pour bien correspondre aux attentes des autres, est devenu acariâtre, acerbe, agressif, mauvais et méchant. Il refuse d’entrer et rejette son frère et son père !
Le père, avec une tendresse toute maternelle s’adresse alors à lui en lui disant : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ». Nous ne saurons jamais, si le fils aîné fait le chemin d’entrer en lui-même pour retourner vers le père…
Étrange paradoxe, mais parfois, celui qui s’est perdu et égarer du bon chemin manifeste plus de facilité à se convertir que celui qui n’a jamais pris de risque et qui s’est toujours dit qu’il n’a pas besoin de se convertir puisqu’il est sur le bon chemin. Mais, n’est-il jamais entré dans la Vie ?…
Je vous invite en ce temps de Carême de vous poser la question très personnellement pour savoir lequel des deux fils est le plus fort en nous ? Le fils qui veut vivre sa vie, ou bien le fils qui s’enferme dans ce qui est correctement et droit, mais qui par la suite devient dur et sans miséricorde ?
Aujourd’hui, chacun des deux fils est invité à se laisser embraser par l’infinie tendresse du père qui les invite chacun à revenir au repas qu’il veut préparer pour eux et manger avec eux. Ainsi, heureux sommes-nous également, souvent perdus et fâchés avec nous-mêmes et contre le monde entier, mais toujours invité au repas du Seigneur qui vient nous passer l’anneau pour que nous fassions alliance avec lui. Ici le Seigneur vient nous relever ; lorsque nous sommes morts, Il nous donne sa vie ; lorsque nous sommes perdus, Il vient nous retrouver pour célébrer la beauté d’une vie réussie.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Méditation du 3e dimanche de Carême C : évangile selon Saint-Luc 13, 1-13
« Des racines, pour porter des fruits nouveaux ! »
En ce 3e dimanche de Carême, Saint-Luc décrit une scène qui pourrait-être actuelle lorsque des gens se mettent à raconter au sujet d’événements qui interpellent. Ainsi des pharisiens viennent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, et puis les dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé. Les pharisiens veulent avoir raison pour dire qu’il s’agit de la punition de Dieu !
Jésus n’abonde pas dans leur sens. Au contraire des pharisiens, concernant les faits survenus, il met en garde et avertis : « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ». Les événements qui surviennent servent souvent à la discussion et alimentent les débats stériles. Pour Jésus, ils sont un miroir dans lequel nous sommes invités à nous regarder nous-mêmes. Il ne sert à rien de s’indigner sur ceux qui ont péché ou bien qui commettent des fautes. Il en est de même aujourd’hui. Beaucoup s’indignent et commentent les comportements fautifs des autres, en se mettant clairement au-dessus et supérieurs à eux. Ces façons actuelles et modernes qu’ont les gens aujourd’hui, par cette posture hautaine et méprisante sont mises en lumière par Jésus. Pour Jésus, tout événement est un miroir pour soi, et peu devenir un avènement en soi : comme autrui agit, tu peux agir de la même manière toi aussi. Alors, retourne-toi, change tes pensées, commence par toi-même, commence par regarder attentivement dans tes pensées et tes sentiments. Convertis-toi !
Et Jésus de poursuivre avec l’étonnante parabole du figuier planté au milieu de la vigne. Après 3 années sans récolte, l’homme déçu, dit au vigneron de couper l’arbre stérile qui épuise le sol de sa terre. Le vigneron lui répondit : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir ». Cette parabole vient réconforter la foule qui écoute son enseignement. Mais elle est aussi une image pour nous-mêmes qui bien souvent ne portons pas de fruits.
Le temps du carême devient alors une invitation à prendre soin de notre terre, de recommencer a cultivé notre désir et notre soif de grandir pour nous libérer des rumeurs, du bruit de la guerre et des dangers de l’errance. En cultivant sa terre intérieure, ce sont nos qualités d’être que nous élevons et que nous transmettons autour de nous. En cultivant notre jardin intérieur, nous pouvons sortir des terrains bétonnés par nos principes érigés en absolus ou lois sacrées qui mettent nos émotions dans le coffre-fort des certitudes et des convictions personnelles. Par le travail de sa propre terre intérieur, nous apprenons à sortir des ornières creusées par nos vieilles habitudes et pourtant vidées de sens pour un nouvel avenir.
En ce 3e dimanche de carême, je vous souhaite d’abord de biner votre terre intérieure, celle de l’esprit et des pensées, pour casser le superficiel des idées qui circulent et d’un sol tassé. Il est temps d’aérer l’âme et de prendre soin des qualités d’être enfuies, mais toujours prêtes à germer dans notre vie pour nous faire porter du fruit.
Ensuite, je vous souhaite un retour vers les racines. Nos racines nous portent. Par elles monte en nous l’irrésistible sève de La Vie. Les racines de la foi des ancêtres et des maîtres spirituels femmes et hommes. À leur contact, nous pouvons faire l’expérience forte d’être enraciné nous-mêmes dans une Tradition qui n’a jamais cessé de produire de bons fruits à chaque période de l’histoire, même dans les temps les plus sombres de l’humanité.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Méditation 2e dimanche du Carême C : évangile selon saint Luc 9, 28-36 ; « Ce sont toujours les regards d’amour qui nous transfigurent ».
Au deuxième dimanche du Carême, l’Évangile de la Transfiguration de Jésus vient indiquer le but du Carême : notre illumination, ou bien, comment retrouver l’image originale de Dieu en nous. La transfiguration intérieure nous invite à devenir plus lumineux. Comme ils sont beaux les yeux des trois apôtres, fermés, mais illuminés, aptes à voir l’invisible !
Choisir de faire l’expérience que quelque chose puisse s’éclaircir en nous, et sortir des flous qui obscurcissent, des peurs qui paralysent, des mensonges qui enchaînent pour se connecter à l’image originale de Dieu en soi. Eckart Kästner a écrit dans son beau livre « The Hourly Drum from Mount Athos » : « Ce sont toujours les regards d’amour qui nous transfigurent. » Ce sont toujours les regards d’amour qui nous permettent de reconnaître la vérité chez les autres et en nous-mêmes. Donc, si nous regardons autrui avec amour, nous sortons du flou pour adhérer au vrai.
Cette beauté de Jésus, il est impossible de la connaître, sans lui consacrer toute sa vie. Le vrai Dieu ne peut se connaître qu’en s’assimilant à lui et non en voulant l’assimiler à soi, à ses imaginations. Alors, le perfectionnisme, le jugement sur soi de ne pas être assez bons, la critique constante des autres, peuvent cesser. Ainsi, la lumière de l’espérance s’illumine en nous et pour nous.
À la transfiguration, Jésus évoque, avec Élie et Moïse, son départ (exodos) vers Jérusalem. C’est une démarche pascale et synodale de communion, participation, mission. La communion, c’est celle qui se vit entre Jésus et les prophètes, en présence des disciples choisis. La participation, c’est l’action des disciples, qui veulent faire des tentes, comme le peuple d’Israël au désert, en attente de la révélation au Sinaï. La mission, c’est la voix du ciel, qui oriente toute la compréhension de l’événement : « Celui-ci est mon Fils, écoutez-le ! » Mais Jésus ne se contente pas d’une révélation : son but est d’aller l’accomplir à Jérusalem.
Avançons encore un peu plus loin. Moïse et Élie apparaissent sur le mont de la Transfiguration. Leader de la liberté, Moïse est le législateur, tandis qu’Élie est le prophète. Chacun à sa manière, ils nous parlent de nos expériences personnelles. Souvenez-vous de ces instants où c’est devenu clair en nous, lorsque notre vie renaît à la liberté grâce à Dieu. Une joie toute naturelle nous pousse au témoignage de Dieu.
En carême, dilater à l’infini son coeur, tout en sachant qu’on n’arrivera jamais à épuiser le mystère de la hauteur, de la largeur et de la profondeur de l’Amour qu’a Dieu de vous, il faudra bien se résoudre à n’être qu’une seule corolle qui rayonne une parcelle de la divine lumière.
Je vous encourage à transfigurer votre semaine, en choisissant de vous regarder avec amour. Et si vous regardez avec amour les personnes que vous rencontrez cette semaine, plutôt que de juger ou bien de vous dévaloriser, alors vos pensées s’éclairciront, et vous reconnaîtrez l’image originale et claire de l’autre par-delà les masques.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Méditation du 1er Dimanche de Carême C : évangile selon Saint-Luc 4, 1-13
« Le chemin du désert, un chemin de résistance ? »
Chaque premier dimanche de Carême, nous proclamons le récit des tentations de Jésus au désert.
Ainsi, le temps de carême veut nous scruter et nous apprendre à résister dans une société de consumérisme acharnée. Cela vaut également pour nos communautés mises à l’épreuve de la foi.
Les tentations font écho aux trois principes fondamentaux de notre existence humaine, et Jésus les traverse dans la pauvreté du désert, tout comme nous pourrions les éprouver dans l’impuissance et la pauvreté de nos forces en face de l’ennemi qui envahit le champ de notre conscience et de notre agir.
En effet, Jésus est ici représenté de manière tout à fait humaine : comme un homme qui doit faire face à des tentations « archétypales », toutes humaines, dans la recherche de son chemin. Mais le diable (en tant que « tentateur ») peut également être interprété selon la psychologie des profondeurs.
La première tentation : le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Il ne s’agit pas d’y voir nos seuls besoins du ventre et de dénoncer l’hyperconsommation. Savez-vous que dans l’antiquité, des pierres étaient souvent sacrées ? Ce qui est mis ici en lumière, c’est d’utiliser le sacré pour en faire du commerce. Cela devrait nous rappeler la colère de Jésus dans le temple de Jérusalem… (Jn 2, 13-22) Aujourd’hui, le danger est que nous voulons uniformiser toutes les pierres, même celles des églises qui sont des édifices devenus des musées. Nous voulons nous approprier les cathédrales et y entrer comme nous le voulons. Mépriser le sacré est la 1re tentation, et, refuser de le consommer est le sens de la conversion à vivre ensemble. Ainsi, la Vie humaine est sacrée et même les armées du monde ne peuvent l’envahir, puisque le sacré vient de Dieu.
La deuxième tentation, le diable lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes… » Nous connaissons la tentation des puissants d’abuser de leur pouvoir et d’être aveugles à la souffrance des gens. Luc croit que ce pouvoir abusif est acheté par l’adoration du diable. L’idole de l’argent ou de la réussite nous séduis, et nous poursuivons avec agressivité et brutalité, seuls nos objectifs personnels. Ce n’est pas nécessaire de regarder les puissants de ce monde à l’œuvre ! Nous connaissons tous des jeux de pouvoir. Nous mettons l’autre sous pression en le culpabilisant : « Si tu ne fais pas cela, si tu ne changes pas, je vais être malade ». Jouer sur le sentiment de culpabilité est la forme la plus subtile d’exercice du pouvoir. Nous rejetons la faute sur l’autre lorsque nous allons mal. Nous devenons des accusateurs. Certains aiment rester dans le rôle de la victime et exercent ainsi un fort pouvoir sur les autres.
La troisième tentation est celle du pouvoir spirituel. Chez les Grecques, la plus grande tentation est de faire un mauvais usage de la spiritualité. En se jetant du haut du temple, Jésus devrait être un Super Mann. Ainsi, lorsque nous voulons nous placer au-dessus des autres avec notre idéal spirituel. Nous pratiquons la piété, mais de manière condescendante, nous regardons les gens avec mépris. C’est une la fuite vers les grandeurs. Nous nous sentons spéciaux. Alors que les vrais mystiques ont toujours été des gens humbles. Ils ne se sont jamais placés au-dessus des autres. Nous devrions être reconnaissants pour les expériences spirituelles, mais les accepter humblement comme une source pour notre vie. Ainsi, notre témoignage, loin de juger les autres, nous rapprochera d’eux, car nous reconnaitrons qu’eux aussi ont un désir d’expérience spirituelle, d’expérience de proximité avec Dieu.
Que de temps du carême nous aide à laisser tomber certaines stratégies personnelles qui nous éloignent de notre propre vérité. Ne fuyons pas notre propre vérité. Chacune des trois tentations nous révèle à nous-mêmes un chemin de réconciliation à rechercher avec nous et avec les autres.
Avec et comme Jésus, nous devons résister et nous redresser pour aller libre la voie.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Médiation du 6e dimanche C : évangile selon Saint-Luc 6,17-26
« Qu’est-ce que je veux ? Le courage de prendre une décision. »
Heureux les pauvres, malheureux les riches… Ce serait un tort de résumer les béatitudes selon Luc de cette manière caricaturale. Avez-vous remarqué que chez Matthieu les béatitudes font partie d’un discours appelé communément : le sermon sur la montagne (Mt 5-7). Luc préfère un terrain plat. Il tient à placer le Seigneur, qui se tenait déjà près de Simon-Pierre, parmi une foule et au sein d’une diversité qui rappellerait une cour des miracles.
La parole de Jésus est ainsi associée à la Bonne Nouvelle en actes : guérir et retrouver la santé, signe du salut et de la venue du Royaume ; thème cher au médecin qu’était Saint-Luc lui-même. Il présente Jésus venu pour la guérison de chaque personne, appelée conversion, à laquelle chacun est maintenant invité, depuis les apôtres, descendus de leur montagne, jusqu’à cette foule venue d’autres frontières. Jésus vient nous révéler l’image originale de Dieu en nous-mêmes et nous appeler au bonheur.
Jésus s’adresse directement à ses auditeurs. Il ne dit pas : « Heureux les pauvres en esprit », mais bien : « Heureux les pauvres ». Il s’adresse aux pauvres, à ceux qui ont faim, à ceux qui pleurent et à ceux qui sont exclus de la communauté et leur promet le salut. Pour eux, Jésus montre comment ils peuvent choisir la béatitude, le bonheur, la joie. Il leur dit : « Ta vie peut changer. Le bonheur est possible pour toi aussi. C’est à toi de gérer ta pauvreté, tes pleurs et ta faim… ». Jésus encourage les exclus à croire que Dieu les regarde et qu’en Lui faisant confiance, ils connaîtront la joie au milieu de la haine des hommes.
Ce n’est pas la faute des pauvres s’ils sont tombés dans la pauvreté. Mais ils peuvent soit se lamenter et se plaindre, soit réagir à la pauvreté. Si Dieu règne en eux, leur pauvreté extérieure se transforme en richesse intérieure. Rechercher Dieu dans son cœur, parce qu’Il est le vrai trésor. Si Dieu règne en moi, j’ai assez ; ça suffit. Alors, la quantité d’argent que j’ai n’a plus d’importance.
À ceux qui ont faim, Jésus dit : « Vous serez rassasiés ». Ce n’est pas une promesse extérieure. Jésus invite les affamés à chercher ce qui les rassasie vraiment. Même si j’ai faim physiquement, je peux être rassasié spirituellement. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, restent bloqués dans une attitude d’attente : les autres devraient les rassasier. Mais ce que les autres nous donnent ne peut jamais combler notre vide intérieur. Nous avons besoin d’une autre nourriture, qui nous rassasie vraiment. Jésus parle de la parole de Dieu. Elle nous rassasie plus que le pain. Lorsque nous laissons la parole de Dieu tomber dans notre cœur, notre âme est rassasiée. Nos désirs les plus profonds sont rencontrés et comblés par sa venue. La véritable faim est la faim d’aimer et d’être aimé, d’être reconnu.e et en paix intérieure. Ce n’est pas le pain qui apaise cette faim, mais Dieu seul qui me promet que je suis aimé sans condition.
Le quatrième groupe auquel Jésus s’adresse est celui de ceux qui sont méprisés, harcelés et insultés par les hommes, qui sont exclus de la communauté. Jésus les invite à se réjouir. Cela semble excessif. Mais si je suis méprisé, je devrais me rendre compte que les autres projettent leurs problèmes sur moi. D’une part, je dois me libérer intérieurement de leurs projections. D’autre part, je peux intérioriser pour découvrir le socle sur laquelle je construis ma vie. Elle n’est pas l’approbation des hommes, mais l’amour de Dieu. Je peux m’apitoyer sur mon sort en cas de harcèlement. Mais accepter la situation comme un défi à relever pour grandir intérieurement, n’est-ce pas choisir la vie ? J’acquiers alors une position solide à partir de laquelle je peux observer ce que les autres font de moi sans être renversé.
Dans les quatre malédictions qui suivent les béatitudes, Jésus s’adresse aux riches, à ceux qui rient et à ceux qui sont loués par les hommes. Il s’adresse à eux en les tutoyant et les met en garde : « Ta richesse peut être réduite à néant, ton rire peut se changer en pleurs et ta satiété peut se transformer en faim. Veille à ne pas te sentir trop en sécurité. La vie peut se transformer en son contraire. Rien de ce que tu possèdes à l’heure actuelle n’est sûr. Tu ne peux pas te reposer sur ta situation actuelle. Choisis la vie, choisis le bonheur, surtout ne crains pas ; choisis la vie, choisis de bénir, fais comme cela et tu vivras…
L’enseignement de Saint-Luc est une invitation à se décider pour le bonheur. Si tu veux être heureux ou si tu veux le malheur entend ceci : « Quelle que soit ta situation, que tu sois pauvre ou riche, ne te fais pas d’illusions. Ce qui compte dans chaque situation, c’est de te décider pour Dieu, pour la Vie. Ce n’est qu’alors que tu réussiras ta vie. Ne te repose pas sur tes richesses ni sur ta piété, mais décide-toi pour Dieu à chaque instant. Et décide-toi pour le chemin qui mène vraiment à la Vie.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
Médiation du 5e dimanche C : évangile selon Saint-Luc 5, 1-11
« Pourquoi gagner les personnes à Dieu ? »
La pêche miraculeuse que font Pierre et ses compagnons, après avoir peiné toute la nuit sans rien prendre, est une expérience que nous faisons également. Lorsque fatigués, nous vivons une forte frustration, une lassitude, une capitulation de nous-mêmes et dont nous accusons la vie d’être difficile, alors que nous avons tout donné. Et nous qui espérions du résultat…
Nos modes de fonctionnement de la performance et du rendement sont alors en échec.
En présence de l’échec, Jésus invite à réessayer et à jeter les filets une nouvelle fois à l’eau. Sur sa parole, Pierre jette les filets, et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Pour des pêcheurs professionnels et expérimentés comme eux, c’est un miracle…
La réaction de Pierre est forte : il tomba à genoux, il est effrayé de voir qu’il a réussi et que le succès est au rendez-vous. Cette bonne et belle expérience lui fait ressentir un grand effroi devant Jésus ; c’est un miracle !
Qu’est-ce qui arrive à Pierre ? Dans la philosophie des religions, on apprend que Dieu est mystérieux, car à la fois « Fastinosium et Termendum. » En d’autres mots que le Sacré, c’est le Mystère qui nous cause l’effroi et qui en même temps nous fascine. Dieu qui peut nous broyer les os ; Pierre tombe à genoux… C’est l’expérience de Pierre à cet instant qui dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». En face de ce miracle, Pierre reconnait sa petitesse, son étroitesse. Il vit à côté de lui-même et de manière superficielle sa vie d’homme. Il fait l’expérience qu’il est pécheur.
Mais Jésus n’y répond pas ; il ne pardonne pas non plus ses péchés. « Toi, tu es comme tu es ! » Et Il lui dit : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Saint-Luc nous montre par une belle image, comment la profession de pêcheur est transformée : il doit désormais gagner des hommes à Dieu. N’est-ce pas également l’appel de Jésus adressé à chacun.e d’entre nous ? Comment gagner les personnes à Dieu ? Gagner les personnes à Dieu pour que nous puissions vivre ensemble ; gagner les personnes à Dieu pour que leur vie réussisse ; pour qu’elles s’épanouissent avec Dieu et avec les autres.
Et gagner des personnes à Dieu dans nos relations humaines. Gagner les personnes à Dieu pour les libérer du rendement et de la productivité aliénante. Gagner des personnes à Dieu pour sortir des ornières et de la routine ; qu’elles restent ouvertes à du neuf. Gagner des gens pour Dieu, toucher des gens pour qu’ils découvrent la beauté de la vie en eux et que grandisse la fraternité humaine. N’est-ce pas notre devoir à chacun.e, d’être témoin du Christ ? C’est également une merveilleuse mission dans le monde, d’être des artisans de paix, des bâtisseurs d’amour pour rassembler l’humanité que Dieu veut réussie à son image.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Méditation du 3ème dimanche ordinaire C : Homélie de Mgr Delville
L’évangile d’aujourd’hui nous permet d’assister à la première prédication de Jésus à la synagogue de Nazareth (Lc 4,14-21). Jésus proclame le cœur de son message, en actualisant un texte du prophète Isaïe. Il annonce qu’il est envoyé pour annoncer l’évangile aux pauvres, aux captifs la libération, aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, pour remettre en liberté les opprimés et annoncer une année favorable à tous. Ce qui était une promesse pour Isaïe devient une réalité pour Jésus. En effet, Jésus a guéri des malades et a annoncé la bonne nouvelle aux pauvres. Il a aimé, au-delà des convenances et des obligations. Il a aimé gratuitement. C’est cela aussi que nous découvrons dans la vie du Père Damien De Veuster, saint Damien de Molokaï (1840-1889). Comme missionnaire dans les Îles Hawaï, il a voulu se mettre au service des lépreux, qui étaient relégués dans l’ile de Molokaï. Il a accepté de partager leur sort, au risque d’être victime de la contagion. Quand Damien a débarqué à Molokaï il a dû se demander ce qu’il allait faire sur cette île isolée, puisqu’il n’avait pas de moyens pour soigner les malades. Alors, il se met à organiser les lépreux en une vie civile convenable : il se fait charpentier pour construire des maisons, il fait nettoyer le site et balayer les rues, il creuse des canalisations, il construit un dispensaire, une école et un orphelinat, il propose des activités communautaires comme la fondation d’une chorale, et il construit avec les lépreux une chapelle à leur usage. Alors que toute la petite société des lépreux allait à vau-l’eau, dans le désespoir et le désordre, il la transforme en une société modèle. Pourtant, à taille humaine, il n’y avait pas d’espoir pour cette communauté, dont les membres mouraient les uns après les autres. Malgré cela, Damien a espéré contre toute espérance. Son activité lui a donné une réputation telle qu’elle a attiré l’attention du monde, spécialement des États-Unis. Grâce à cette attention Damien stimule, durant toute sa vie, la recherche médicale en vue de guérir la lèpre et d’en comprendre les causes. Malheureusement il meurt en 1889 avant que la recherche ne découvre le remède contre la lèpre et n’identifie les causes de la transmission de la maladie. C’est la foi de Damien en l’amour gratuit de Dieu qui lui a donné la force d’aimer à son tour gratuitement. Par son engagement, il a suscité celui des autres et préparé la découverte de la thérapie. C’est pourquoi son action mérite tellement d’être poursuivie aujourd’hui pour combattre la lèpre là où elle sévit encore. Ainsi le sacrifice de Damien n’aura pas été vain, mais produira des miracles de guérison encore aujourd’hui. Comme disait Jésus à propos du texte du prophète Isaïe : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’écriture que vous venez d’entendre ». Avec Jésus, la parole de Dieu s’accomplit, elle devient actuelle, elle devient un « aujourd’hui ». Avec Damien, nous découvrons combien cette parole fut nourrissante et efficace. C’est pourquoi nous faisons confiance en cette parole et c’est pour cela que le pape François a fait de ce dimanche, le « dimanche de la parole de Dieu ». En ce troisième dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique, en effet, nous lisons, dans l’évangile, ce passage qui met en relief la parole de Dieu, passant d’Isaïe à Jésus, pour atterrir aujourd’hui dans nos vies et être efficace dans notre monde.
Soyons à l’écoute de cette parole. Transmettons cette parole. Elle est fondamentale pour la croissance et le bonheur de tout être humain. L’enfant, en effet, ne peut grandir que s’il écoute une parole, la parole d’amour venant de ses parents. L’être humain ne peut grandir que s’il écoute la parole de Dieu, qui se manifeste par son Esprit et parle à tous les cœurs. Dès lors, appuyons Action Damien. Celle-ci est une organisation médicale belge active dans treize pays à travers le monde pour accompagner les personnes affectées par la lèpre, la tuberculose, ainsi que d’autres maladies qui touchent les plus vulnérables. Sa mission est de favoriser l’accès aux soins mais également de lutter contre la stigmatisation et l’exclusion de ces personnes malades. Comme Damien au 19° siècle, comme Action Damien aujourd’hui, soyons à l’écoute de la parole de Dieu ! Une parole qui répand l’amour et qui fait des miracles ! Des miracles
d’amour et de guérison. Amen ! Alléluia !
Homélie 3° dimanche C 2025
Jean-Pierre Delville, évêque de Liège
Homélie pour Action Damien
26 janvier 2025
Méditation du 2e Dimanche ordinaire C : évangile selon saint Jean 2, 1-11 ; « Lorsque notre vie prend une nouvelle saveur !»
Dans le récit des noces à Cana, Saint-Jean ne veut pas d’abord rapporter une fête de mariage où Jésus avec ses disciples était présent. Dans son évangile, il fait apparaître une réalité symbolique. Le premier signe qu’accomplit Jésus est une nouvelle fois dans la prolongation du mystère de la Nativité. Ce dimanche, nous célébrons une nouvelle manifestation de Dieu fait Homme. En effet, lorsque Dieu se fait homme, Il veut célébrer des épousailles qui viennent transformer nos vies.
« Il y avait là six jarres de pierre » ; six est le chiffre symbolique de l’homme qui, par nature, n’atteint pas la perfection. Si l’eau est un symbole pour exprimer la source, elle est parfois également, l’eau qui stagne, l’eau usée. Jésus va utiliser l’ancienne eau qui servait au rituel de purification et la transformer en vin. Ainsi, lorsque Dieu se fait humain, notre vie prend une nouvelle saveur. En devenant un homme, Dieu divinise notre nature humaine et l’Homme est glorifié en Lui. Diviniser la nature humaine, c’est lui donner une nouvelle saveur, une nouvelle joie qui n’est pas celle de l’ivresse, mais de se sentir exister pleinement. N’est-ce pas là où il y a le plus de joie, qu’il y a le plus de vérité et par conséquent le plus de bonheur ?
Les pères de l’Église ont interprété le signe de Cana comme la venue en nous de l’accomplissement de notre désir profond d’une vie épanouie. Dans la mythologie grecque, Dionysos (en grec ancien Διώνυσος) est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure. Il était de coutume d’offrir dans son temple des jarres d’eau pour qu’il change l’eau en vin. Il est une figure majeure de la religion grecque et un dieu de première importance au sein de l’orphisme : les Hymnes orphiques comportent de très nombreuses prières en son honneur et s’organisent pour donner une image de l’ordre du monde naturel et moral qui montre que, dans cet ordre, Dionysos joue un rôle particulier.
Les pères de l’Église parlaient de l’état « Sobrias debrietitas », de sobriété et de jeûne. Ils parlaient en mettant en avant le bruissement intérieur et non pas les cris et les bruyantes manifestations extérieures des soirées arrosées. Ils faisaient allusion au bruissement intérieur de la venue de l’Esprit-Saint, de la joie que nulle ne peut nous ravir, celle du souffle de Dieu dans nos vies. Seul Son souffle donne au corps et à notre existence une saveur nouvelle. C’est l’expérience personnelle de Dieu qui fait irruption dans nos vies pour l’attirer vers sa Lumière et sa vérité. Alors, pourront également sortir de nous une autre saveur et un témoignage missionnaire. Ne disons-nous pas parfois à l’issue d’une rencontre qu’elle a laissé en nous un goût amer ?
Je vous souhaite d’être remplis de l’Esprit-Saint, du vin de l’Amour de Dieu, pour que se répandent autour de vous le goût de la joie et du bonheur de la vie des autres dans une bienveillance audacieuse et provocatrice, à l’image de Marie que nous célébrons particulièrement à Banneux.
En effet, le soir du 15 janvier 1933, Notre-Dame apparaît pour la première fois dans le jardin de la petite maison de Mariette Beco. Elle appelle Mariette par un signe de la main. Quelques jours plus tard, elle montrera à Mariette la source de sa joie pour toutes les nations.
Notre-Dame des Pauvres, priez pour nous.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
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Méditation du Baptême du Seigneur : évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3, 15-16.21-22. ; « Le baptême révèle notre dignité »
Saint-Luc décrit que Jésus priait au moment de son baptême. C’est dans sa prière que le ciel s’ouvrit, et l’Esprit-Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Ces images décrivent également notre propre baptême. Ainsi, lorsque nous prions Dieu nous entrons en connexion avec la sensation profonde d’être fille et fils bien aimé du Père. Notre ciel intérieur peut s’ouvrir à la hauteur, la profondeur, la largeur de notre existence. Nous sortons de l’étroitesse, de l’enfermement que parfois nous donnons à notre vie par toutes sortes de devoirs, d’attentes et d’obligations. Elles nous défigurent et nous réduisent à vouloir prouver aux autres que nous existons. Nous sommes en représentation et non présent.
Le baptême est riche en images et symboles. Tous ils servent à révéler et faire apparaître qui nous sommes. Ainsi, le symbole du vêtement blanc, de la prière de l’Éphata sur nos yeux, notre bouche et nos oreilles pour qu’elles s’ouvrent, pour que nous vivions pleinement par tous nos sens. Toutes ces réalités d’être des enfants de Dieu sont réveillées en nous, lorsque nous prions.
Ensuite, Jésus descend dans l’eau pour se faire baptiser. La vallée du Jourdain est la plus basse du monde, puisqu’il se jette dans la mer Morte à l’altitude de 421 mètres sous le niveau des océans. C’est une nouvelle image qui décrit la descente de Jésus jusqu’aux entrailles de la Terre. Les pères de l’Église ont décrit cette descente de l’Envoyé de Dieu du ciel comme une suite à la fête de Noël. Il est descendu dans une étable, mais l’image de sa descente dans la profondeur de l’eau du Jourdain signifie qu’il est descendu encore plus profondément, jusque dans l’inconscient humain pour visiter et connaître toute la réalité humaine et l’aimer pour la recréer. Il est venu « redresser » l’humain, le cosmos pour le diviniser.
Le baptême dit notre filiation divine : Toi, tu es mon Fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée ; en toi, je trouve ma joie. Nous sommes fait Roi signifie que nous sommes maîtres de nous-mêmes et que nous ne sommes pas dominés par les attentes et les exigences des autres ni par nos besoins. Nous sommes fait Prêtre signifie que nous gardons le sacré en nous, et que nous protégeons aussi le sacré chez les autres. Le sacré est ce qui est invisible aux yeux du monde, et qui se voit qu’avec le cœur ; là où nous sommes pleinement nous-mêmes entiers. Jamais, le sacré en nous et de l’humanité ne doit être détourné, car tout Homme est bien une histoire sacrée. Prophète et prophétesse signifient que chacun de nous exprime quelque chose de Dieu qui ne peut être exprimé que par lui. Chacun de nous transmet aux autres quelque chose qui est unique de Dieu.
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée ; en toi, je trouve ma joie ! », ces Paroles viennent nous libérer de toute la pression qui empêche une existence heureuse. Karl Frielingsdorf, dans son livre « De survivre à vivre » décrit très justement comment trop de personnes survivent et ne vivent pas. Beaucoup de personnes sont stressées et anxieuses, vivent un besoin maladif d’être vues, de prouver quelque chose à quelqu’un. Survivre n’est pas vivre ! Aujourd’hui, Jésus offre une espérance et nous appelle par notre nom, pour nous dire son amour inconditionnel. L’Amour de Dieu seul suffit. C’est uniquement lorsque nous faisons l’expérience d’être aimé d’un amour inconditionnel que nous entrons dans un comportement nouveau et que nous optons pour des attitudes de fraternité universelle, en harmonie avec toute la création.
Je vous souhaite donc de vous souvenir de votre propre baptême, de ressentir qui vous êtes vraiment, de percevoir quelque chose de votre dignité divine, de vous regarder et de regarder ceux qui vous entourent avec des yeux nouveaux, des yeux de foi qui voient le mystère divin en chacun.
Votre curé Joseph SCHMETZ
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Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2 : « LES IMAGES D’ÉPIPHANIE COMME UNE ÉCOLE DE LA PRIÈRE ».
Sur les anciennes routes de pèlerinage d’Europe, on rencontre régulièrement des auberges aux noms très évocateurs : « Aux trois rois » ou bien « À la Couronne ». Cela montre à quel point les trois Rois Mages sont, à juste titre, des archétypes du pèlerin, des archétypes de l’être humain. Comme un pèlerinage vient enseigner sur toute une vie, la vie elle-même est un pèlerinage. Mais qu’est-ce que le pèlerinage ? Le pèlerinage est une manière de devenir orant. L’Épiphanie, une école de la prière ?
Au commencement, il y a un départ. Celui qui part en pèlerinage emballe son baluchon et rompt avec son foyer. Un événement, une expérience douloureuse qui nous a brisés, secoués, rendus malheureux est généralement le déclencheur d’un pèlerinage. Une maladie, une rencontre, une inquiétude, une expérience de bonheur ou d’amour, ou une question comme la question des Mages : « À quoi sert suivre l’étoile ? » Pour le pèlerin, il commence par se mettre en marche. À l’école de la prière, c’est le cœur qui doit sortir de la conscience de soi ; il lui faut faire un déplacement. Ensuite, s’il s’agit d’une randonnée en montagne, l’effort deviendra en altitude un sacrifice de soi. À l’école de la prière, ce n’est pas différent. Les montagnes oxygènent et purifient l’organisme humain. Le temps passé en prière fait de même. Les périodes rudes, désertiques et de soif mettent à l’épreuve l’endurance, l’espoir et la fidélité.
Ainsi, la prière me donne progressivement une nouvelle perspective, elle me permet de voir les choses sous un jour nouveau, elle est une longue-vue, un regard de Dieu et avec Dieu de l’existence.
Enfin, le pèlerin arrive au lieu saint. Mais en chemin, il y a eu beaucoup et souvent un lieu saint ! Oui, peut-être un lieu insignifiant, une petite expérience, une intuition soudaine, autant de points lumineux du voyage. Nous ne pouvons pas fixer la graduation et la valeur de la prière sur notre vie extérieure. L’étoile intérieure peut s’arrêter et briller à nouveau, n’importe où et n’importe quand. Saurons-nous la suivre ?
Connaissez-vous la légende du 4e roi ? Quand les trois rois Mages sont arrivés la crèche, voici ce qui s’est passé. Le plus jeune roi est entré le premier. Il a trouvé l’enfant à l’âge d’un jeune homme. Lorsque le second roi voulant le relayer entre, il voit l’enfant dans son âge mûr. Désemparé, il se dépêche pour que le vieil homme lui rendre visite. Entré dans la crèche, il découvre que l’enfant était un vieillard.
Que s’est-il passé ? Tous les trois se sont vus réfléchis. Ils se sont vus et ont reconnu leur vie dans la crèche.
Cette expérience existentielle est possible par la prière, vraie matrice de la vie en croissance. Je me connais en vérité, lorsque je choisis de naître à moi-même, non pas pour voir un Dieu, mais pour être vu, pour être cru, pour être unifié, comme radiographier par mon Sauveur et mon Dieu !
La légende continue. Alors, ils décident d’entrer ensemble dans la crèche. Voici qu’ils voient l’enfant comme un nouveau-né, plein de promesses, lumineux, angélique comme les bébés peuvent l’être.
Le splendide tableau de Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770),
https://www.youtube.com/watch?v=Bj9hZ6ziaB0 conservé à la Pinakothek de Munich présente ceux que l’évangéliste Matthieu désigne comme des « mages », des savants, par la tradition comme des « rois ». Dans ce tableau, au centre une question naît : « mais qu’est-ce qu’ils se racontent ? » Entre l’enfant et le visage du vieux, quelle lumière ! Un dialogue de la plus haute intimité avec Dieu.
Ils ont beau avoir toute la richesse du monde, cadeaux qu’ils ont apportés et qui retombent sur eux-mêmes à travers le regard de l’enfant. Ce regard lumineux et aimant du nouveau-né rend l’or au roi marqué par la vie, donne la myrrhe comme remède pour nos blessures et transforme nos souffrances en flammes d’amour.
Ainsi, celui qui prie reçoit finalement l’étincelle divine, celle de la vie éternelle. Placée dans le cœur, elle guide nos passages jusqu’au Grand-Passage. La crèche est alors un reflet du corps humain, comme le temple de Dieu lui-même. Chaque temps de prière ressemble au pèlerin qui arrive. Chacun des rituels de la prière est la cène de l’Épiphanie de notre dignité, de nos blessures de la vie et de l’Amour, de notre ressemblance avec Dieu. C’est le don de l’Enfant qui prend la forme de nos années et consent à notre Vie.
Votre curé Joseph SCHMETZ
Méditation du 1er Dimanche de l’Avent C : évangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36 ; « Fêtez la venue de Jésus à travers toute l’histoire ! »
Aujourd’hui, nous entrons dans le temps de l’Avent. Un temps pour transformer la dépendance en désir. Saint-Luc dans son évangile nous révèle que les premiers signes de la venue de Jésus sur la terre ne sont pas confortables et agréables ; mais plutôt, effrayant ! Ils sont accompagnés d’angoisses, de peurs chez les gens, tandis que le soleil et la lune s’affolent…
Nous fêtons la venue de Jésus, pas seulement il y a deux mille ans, mais sa venue permanente, à travers toute l’histoire. Jésus se tient à notre porte et Il frappe pour nous inviter à le laisser entrer chez nous. Mais souvent, nous ne sommes pas chez nous et ne pouvons entendre les toc-toc-toc de Jésus. Nous n’entendons pas ce qu’il veut nous dire. Ainsi, la première tâche de ce beau temps d’Avent consiste à ce que nous arrivions chez nous, à ce que nous arrivions dans notre cœur.
L’invitation n’est pas de faire peur ! L’univers effroyable, terrible et affolant que Jésus décrit nous révèle notre regard tragique, apeuré et triste. Mais comme le dit saint Luc : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ».
Sur cette très belle image que Jésus enseigne aux disciples, je voudrais m’y arrêter, bien indépendamment des circonstances et des situations personnelles que chacun peut connaitre. Ainsi, notre temps de guerre mondiale dispercée, les drames humains et les contestations violentes, les innombrables problèmes non résolus, des migrants fuyants leurs maisons, des pauvretés nouvelles à nos portes, dans les bouleversements et les turbulences que nous traversons, comment ne pas être submergé ? Le flot quotidien d’informations anxiogènes et négatives pourrait nous entraîner dans une ambiance infernale.
En écoutant Jésus nous dire : « redressez-vous et relevez la tête, votre rédemption approche », nous choisissons la voie du salut. Salut et rédemption viennent du grec « Σωτηρία » et signifie la guérison de nos blessures et également soyez sauvé, redressé et libéré. Toutes ses expressions sont utilisées pour dire comment le mal et la destruction n’auront aucun pouvoir sur ceux qui accueillent chez eux Jésus qui vient.
« Σωτηρία » exprime également la protection que Dieu donne à ceux qui se fient en Lui.
Le temps de l’Avent, nous invite à prendre le temps de repos, de sortir du rythme infernal des annonces et des performances. Je voudrais vous inviter à ne pas transformer ce temps de la préparation à la fête de Noël en stress, course aux cadeaux et aux lumières pour éblouir la galerie ; mais comme un temps pour devenir plus calme intérieurement, pour unifier et harmoniser la vie en soi-même et autour de soi, afin de pouvoir ressentir au fond de soi la question : à quoi suis-je invité pour être libre et vivre sauvé ?
Je vous souhaite donc un temps de l’Avent béni, que vous entriez en contact avec votre désir à travers votre couronne de l’Avent, lumière d’espérance, à travers les chants de l’Avent, à travers la méditation devant une bougie allumée, et que vous sentiez dans ce désir Dieu lui-même, qui vous offre une véritable sécurité et une patrie, qui enchante votre vie et lui donne un goût nouveau.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
Méditation 2e Dim. de l’Avent C : évangile selon saint Luc 3, 1-6
« Où nous mène le chemin que nous allons ? »
Au deuxième dimanche de l’Avent, la figure de Jean-Baptiste est au centre de notre préparation à Noël. Saint-Luc commence l’histoire du ministère de Jean par une mise en contexte historique précise. Il annonce la venue du Seigneur dans l’histoire d’Israël. C’est une belle invitation, que celle d’accueillir la venue du Seigneur au milieu de notre histoire, dans laquelle tout va mal en ce moment et où plus personne ne sait de quoi l’avenir sera fait.
Malgré et envers contre tout, il se passe une histoire sainte. Cette histoire est la manière qu’a Dieu de venir nous sauver, de créer le salut, la guérison, la rédemption pour nous. L’histoire sainte commence avec l’annonce du baptême, qui souffle en nous un changement de mentalité et nous promet que tous nos péchés sont pardonnés, que nous sommes acceptés et aimés de Dieu sans condition.
Au cœur de notre histoire politique, il s’agit de changer de mentalité, de regarder le monde avec d’autres yeux, les yeux de Dieu. Jean-Baptiste nous appelle : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ». (Lc 3,4s)
C’est notre tâche pendant l’Avent. Nous devons réfléchir à nos chemins. Les chemins que nous empruntons nous mènent-ils vraiment au but ? Où mènent-ils à l’erreur ? Nos chemins sont-ils clairs et sans ambiguïté ? Nous allons tantôt dans une direction, tantôt dans une autre. Aujourd’hui, nous assistons à une perte de repères et de direction. On essaie tout ce qui est possible et son contraire. Les paroles de Jean ne sont pas seulement un avertissement, mais aussi une promesse. Nous pouvons avoir confiance que Dieu lui-même comblera les ravins en nous, qu’il remplira de sa lumière les abîmes de notre âme et les transformera ainsi en un chemin qui nous mènera à Dieu et à une vie pleine et réussie. Et c’est la promesse que les montagnes de problèmes devant lesquelles nous nous trouvons souvent et qui nous écrasent seront aplanies. Alors, la montagne de tâches que nous devrions accomplir ne pèsera plus sur nos épaules. En ayant confiance à l’Esprit de Dieu pour dissoudre certains des problèmes devant lesquels nous restons figés, nous espérons bien sûr que Dieu aplanira la montagne presque insurmontable des oppositions entre les belligérants, et qu’il abaissera la montagne qui nous empêche de voir l’avenir. Alors, nous pourrons à nouveau regarder l’avenir avec espoir.
Et de conclure, Jean-Baptiste nous annonce : « tout être vivant verra le salut de Dieu ». (Lc 3,6)
Le mot grec que Luc aime tant, « soterion », signifie : guérison, libération, bien-être, bonheur, préservation. Si nous avons dégagé les chemins par lesquels Dieu veut venir à nous de tous nos soucis, de nos anxiétés, de l’amas d’activités qui ferment notre cœur à Dieu, alors nous verrons comment Dieu guérit nos blessures, comment il nous libère de nos peurs, comment il nous conduit à la paix intérieure, à nous connaître vraiment, et comment il préserve et protège en nous ce moi originel et inaltéré, non troublé…
C’est ce que je vous souhaite en cette deuxième semaine de l’Avent, d’oser de longs temps de silence, d’oser aller au désert, pour faire l’expérience de la naissance secrète du Seigneur dans le cœur. Dieu est déjà venu. Il est déjà dans votre cœur. Mais souvent, il ne peut pas atteindre l’être profond parce que nous avons dressé trop d’obstacles et de conditions à sa venue. Dans le silence, dans le désert, ces obstacles tombent. Il arrive même qu’une telle expérience nous donne d’expérimenter que tout devient soudain silencieux et calme et d’être touchés au plus profond de notre cœur par sa Présence. Dieu est alors venu à nous. Et tout d’un coup, tout est sain, entier et cohérent pour nous. C’est ce que nous vous souhaitons de tout cœur.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
Méditation du 3e Dimanche « de Gaudete », Avent C : évangile selon Saint-Luc 3, 10-18 ; « Réjouissez-vous, le Seigneur vient ! »
Le troisième dimanche de l’Avent est appelé « le dimanche de la joie ». Réjouissez-vous ! Saint Paul emprisonné, depuis ce lieu horrible et misérable, sans issues et infernal que sont les prisons écrit ces paroles : « … soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». N’est-ce pas l’expression d’une espérance en Dieu qui libère de la peur ?
L’imminence de la venue du Seigneur et sa grande proximité devraient nous procurer une réelle joie. Pourquoi ne pas nous mettre en contact avec la joie qui est en nous ? Notre joie n’est pas commandée par un ordre extérieur ni artificiel parce que nous devons correspondre au canon de la gentillesse.
Saint Paul nous partage son expérience : au fond de l’être, il y a bien une joie que nulle ne peut nous ravir. Ainsi, lorsque nous faisons l’expérience personnelle de la joie en nous, alors, les emprisonnements qui entravent nos libertés, l’enfer des peurs, l’étroitesse des pensées et jugements seront vaincus. Car la joie vient élargir et dilater le cœur. Sans doute que joie et vérité sont sœurs, qu’il n’y a pas de joie dans le mensonge, et que la vérité ne peut advenir sans la joie ! Paul Claudel, dans le Soulier de satin l’a décrite très justement : « Là où il y a le plus de joie, comment croire que je suis absente ? Là où il y a le plus de joie, c’est là qu’il y a le plus Vérité ! »
Comme dimanche dernier, l’évangile met la figure de Jean-Baptiste en avant. Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Savez-vous que cette question est une question fondamentale très présente dans la philosophie grecque antique ? C’est en connaissant très bien la sagesse grecque que saint Luc décrit cette scène dans le désert.
En bon historien au verset 1 du 3e chapitre, Luc place Jean-Baptiste dans un cadre historique. Si c’est à une époque concrète que l’appel de Dieu a été adressé à Jean, c’est pour mieux nous dire que c’est maintenant, à cette époque-ci, à l’heure où l’incertitude de l’avenir nous a de nouveau rattrapés, où la peur d’une catastrophe climatique nous pend au nez, que l’appel de Dieu nous est adressé. Comme autrefois, Dieu par la voix du prophère Jean, nous appelle à nous repentir, à changer de mentalité, à penser différemment ; Il nous appelle à une métanoia. La crise dans l’Église, nous fait comprendre que nous ne pouvons pas continuer comme avant ; que plus rien ne sera comme avant. Il est urgent de changer de mentalité et de modifier notre comportement en écoutant la voie l’Esprit-Saint.
Au désert, toutes sortes de gens, pharisiens, publicains, soldats demandent : « que devons-nous faire ? » Jean leur demande de partager, d’être juste, d’être miséricordieux avec les autres.
En Avent, cette question peut aussi éclairer notre marche vers Noël. Qu’est-ce que je dois faire pour entrer en contact avec mon désir profond d’être plus moi-même, plus fidèle aux appels intérieurs ? … à mon agir essentiel, plus libre intérieurement ?
Que nos actions pour construire un vivre ensemble se tournent davantage vers les autres dans la bienveillance et la justice. Que notre attention aux autres provoque en eux une étincelle de la joie qui est déjà la nôtre, afin qu’ensemble nous puissions partager la joie que Dieu donne à ceux qui s’aiment (sèment).
Votre curé, Joseph SCHMETZ
Médiation du 4e dimanche de l’Avent : Évangile selon Saint-Luc, 1,39-45) ; « Le bonheur nait d’une rencontre ! »
Aujourd’hui, la figure de la Mère de Dieu, Marie de Nazareth illumine le 4e dimanche de l’Avent. La femme enceinte, porteuse de l’enfant de la promesse, Marie nous ouvre l’avenir.
Nous venons de proclamer le récit ou Marie, qui avec empressement, se rendit dans le charmant village d’Ein Karem, situé sur les versants ouest de Jérusalem, chez sa cousine Élisabeth, enceinte, elle aussi !
À Noël, nous attendons que tout le monde se rencontre à nouveau dans la Paix et la joie simple. Que la paix règne dans la famille, sans agressivité et rancoeur, que nous rencontrions nos amis avec bonheur. Saint-Luc nous décrit dans cette magnifique scène, comment réussir une rencontre, comment le bonheur peut jaillir de la rencontre.
Marie se met en route. En grec, Saint-Luc dit qu’elle s’est levée (Ανάσταση), une image de la résurrection. Elle part vers… : c’est une image qui nous invite à sortir de moi-même ; je dois aller par-delà les collines… les collines et les montagnes des appréhensions, des préjugés, des idées reçues. Lorsque nous voulons partir à la rencontre de quelqu’un, en nous toutes sortes d’excuses naissent : est-elle une personne agréable ? aura-t-elle du temps à nous consacrer ? … ou bien s’il elle ne préfère pas rester à l’écart ? Nous nous empêchons nous-mêmes de rencontrer quelqu’un avec toutes sortes d’idées et de préjugés.
Ainsi, comme Marie, à travers la montagne, nous devons surmonter nos préjugés, nos peurs, nos réticences et récalcitrances avant de nous lever et vouloir arriver à l’autre.
Ensuite, « Elle entra dans la maison… » La rencontre est une histoire d’ouverture, j’entre dans l’univers de l’autre, dans son chez lui. Je m’engage avec lui dans une rencontre confiante. Alors, Marie salua Élisabeth. En grec, Saint-Luc utilise le mot « Αποσμω » qui signifie ; je t’embrasse, je sens, je te sens (littéralement, je sens ton odeur) pour exprimer la rencontre intime entre elles. Elles deviennent unies entre elles. Rencontrer l’autre, c’est le percevoir, le sentir, s’en approcher. Cette rencontre éveille Élisabeth au plus profond d’elle-même. Elle dit comment l’enfant en elle tressaillait de joie à la salutation de Marie. Réveillée au plus profond d’elle-même, elle vit intensément la présence son être de femme et de mère. Du neuf naît en elle-même, elle rajeunit par cette intensité apparue en elle et la joie de sentir son enfant tellement Vivant.
Mais Élisabeth reconnait immédiatement le mystère de Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Bénis la jeune femme, parce qu’elle est bénie de Dieu et elle est bénie parce qu’elle a cru aux Paroles qui lui furent dites de la part de Dieu, réalisation et accomplissement aujourd’hui de sa promesse faite autrefois.
N’est-ce pas une merveilleuse image pour nos rencontres ? Rencontrer signifie être béni de l’autre. Et faire l’éloge de l’autre, le louer, de l’avoir ramener au bonheur profond en lui, pour ce qu’il est, dans sa beauté personnelle, c’est vouloir vivre la foi profonde en l’autre.
C’est croire que Dieu fait en moi des merveilles…
À l’approche de Noël, nous laissons Dieu entrer chez nous, dans une rencontre inédite, toujours riche de promesses et ouverte au bonheur d’exister pleinement. Saint-Luc décrit très justement le bonheur né de la rencontre. Ainsi, si nous nous rencontrons à l’image de la visitation de Marie à Élisabeth, alors nous ferons un Noël béni, heureux, joyeux et la Paix règnera, notre regard sur les autres sera illuminé par le mystère qui est apparu.
Je vous souhaite d’entrer dans la bonne humeur de la rencontre. D’avoir la confiance de Marie et d’Élisabeth aux paroles de foi et de bénédiction. Malgré les guerres, les catastrophes climatiques, en venant dans le monde, Dieu fait du neuf, chaque fois que nous acceptons qu’Il puisse le faire !
Votre curé, Joseph SCHMETZ
« Christ frappe à notre porte ! »
En ce jour de Noël, La porte Sainte est ouverte à Rome par le Pape François pour un Jubilé proclamé : « Pèlerin d’espérance » ! Savez-vous que la porte est depuis toujours le symbole du passage d’un domaine à l’autre, du domaine public au domaine privé, du domaine profane au domaine sacré, du sein maternel à la vie d’un bébé, de la mort à la Vie ?
Comment donc faire une bonne communication sur une « expérience spirituelle » faisant part à l’intime, à l’invisible et à la discrétion qu’à Dieu dans sa façon de venir tout sauver ?
Mon cadeau à Noël porte sur le sens spirituel de la porte. Je vous invite à être vous-mêmes des portes, mieux, des ouvreurs de portes dans l’Église et dans la société, à l’instar de la métaphore christique de saint Jean, où Jésus dit en venant dans le monde : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » (Jn 10, 9) Si nos contemporains cherchent à rencontrer Dieu, n’est-ce pas d’abord à travers notre témoignage ? Un Noël en acte sera de ne pas s’abandonner à la culture de l’agressivité et du dénigrement ; mais bien de construire un réseau de partage du bon, du vrai et du beau…
Ainsi, lorsque nous regardons l’Enfant Jésus emmailloté et couché dans la mangeoire, nous franchissons la porte du même monde au monde divin, du monde des brigands au monde des innocents. Jésus vient nous dire : « Tu as perdu la relation avec ton cœur. Tu vis quelque part à l’extérieur, mais tu n’es pas chez toi ? Que ton cœur ne reste pas fermé. Ce n’est qu’en retrouvant l’accès à ton cœur que tu pourras entrer dans la vie par la porte ». Je vous invite à sentir quelle porte te conduit à l’intérieur de toi. Si tu ne sens pas ton cœur, tu ne peux pas sentir Dieu. « Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né ».(Angélus Silesius)
La promesse de l’Avent s’accomplit dans la parole réconfortante : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20). En effet, l’ange annonce aux Bergers : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! »
Le nouveau-né emmailloté et couché est cette porte qui nous relève. Sa lumière à notre porte vient tout éclairer. Si nous lui ouvrons, nous ne ferons plus qu’un avec lui et avec nous-mêmes. Alors, notre maison sera remplie de la présence de Jésus et de son amour.
Le Sauveur vient et frappe à la porte. Je conclus avec les mots du Pape François : « Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée, et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante. Le prochain Jubilé pourra favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance, comme signe d’une renaissance renouvelée dont nous ressentons tous l’urgence. C’est pourquoi j’ai choisi « Pèlerins d’espérance ».
Je vous souhaite de Joyeuses fêtes de Noël et une Année Sainte porteuse d’espérance !
Votre curé, Joseph SCHMETZ
Médiation de la Fête de la Sainte famille : évangile selon Saint-Luc 2, 41-48
En ce dimanche de l’octave de Noël, nous célébrons la fête de la Sainte Famille de Jésus, Maire et Joseph. L’image semble refléter un monde idéal. Mais l’histoire de l’évangile, dans lequel nous entendons parler de Jésus, qui âgé de 12 ans, semble avoir été oublié à Jérusalem par ses parents, nous nous rendons compte que la famille, à cette époque, n’était pas plus parfaite que la famille d’aujourd’hui ! Il y avait des conflits et des malentendus, tout comme aujourd’hui. Sur le chemin vers la maison, Marie et Joseph cherchent leur fils qui n’était tout simplement plus parmi le groupe de pèlerins. Angoissés ils rebroussent chemin, et lorsqu’ils le retrouvent au bout de trois jours dans le temple, Marie dit toute sa souffrance à son fils : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » (Lc 2,48)
Et Jésus, adolescent, ne répond pas dans un sentiment de culpabilité ; Il leur demande : « Pourquoi m’avez-vous cherché ? » Pour lui, il était clair qu’il devait être là où se trouve Dieu, son véritable père. Et c’est dans le temple.
Les parents ne comprennent pas la parole de leur fils. C’est également très fréquent aujourd’hui pour de nombreux parents, lorsque leurs enfants – non seulement à la puberté, mais aussi en tant que jeunes adultes ou même plus tard – s’expriment tout à coup avec des mots qu’ils ne comprennent absolument pas ou qu’ils ne veulent pas entendre de leur part. Mais Luc nous montre dans ce récit la réaction de Marie aux paroles incompréhensibles de Jésus. Et sa réaction pourrait également être une manière pour nous de gérer de tels conflits et malentendus. Il est dit de Marie : « Elle gardait dans son cœur tous ces événements ». (Lc 2,51) En grec, on trouve le terme « diaterein », ce qui signifie : voir à travers. Lorsque les bergers lui ont raconté ce que l’ange leur avait dit au sujet de leur enfant, Marie garde aussi ces mots dans son cœur. Mais en grec, il y a « synterein ». Cela signifie : regarder ensemble.
À Bethléem, elle voit les paroles des bergers en même temps que l’enfant et comprend son secret, grâce aux paroles. Aujourd’hui, Marie ne peut plus voir à travers les paroles de Jésus et regarder ensemble avec Lui. Maintenant, âgé de douze ans, Marie ne peut que regarder à travers les paroles incompréhensibles jusqu’au fond de son âme. Et au fond de son âme, elle se sent en harmonie avec son fils.
N’est-ce pas une invitation pour nous aujourd’hui sur nos chemins avec les enfants qui nous restent confiés lorsque nous ne comprenons absolument pas la fille, le fils ? Il ne s’agit pas de discuter sans fin sur les mots ou de vouloir convaincre de sa propre opinion. Il s’agit plutôt de regarder à travers les paroles incompréhensibles et de se sentir unis au fond de l’âme avec l’enfant, dans l’espoir que cette unité au fond de l’âme s’élève aussi lentement et qu’une coopération, ainsi qu’une compréhension mutuelle puissent à nouveau croître sur le plan émotionnel et rationnel. Mais Marie doit d’abord supporter le fait de ne pas comprendre son fils.
Je vous souhaite également de ressentir ce lien intérieur au fond de votre âme avec votre partenaire, vos frères et sœurs, vos enfants et petits-enfants, quelle que soit la nature de votre relation actuelle, dans l’espoir qu’une nouvelle cohabitation puisse naître du dialogue et de la compréhension mutuelle. Dans ce sens, je vous souhaite que votre relation soit saine et ne soit pas détruite par des conflits.
Votre curé, Joseph SCHMETZ