Homélies du dimanche

Méditation du 1er Dimanche de l’Avent C : évangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36
Méditation 2e Dim. de l’Avent C : évangile selon saint Luc 3, 1-6
Méditation du 3e Dimanche « de Gaudete », Avent C : évangile selon Saint-Luc 3, 10-18
Médiation du 4e dimanche de l’Avent : Évangile selon Saint-Luc, 1,39-45)
Vœux de Noël 20234
Médiation de la Fête de la Sainte famille : évangile selon Saint-Luc 2, 41-48
Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2
Méditation du Baptême du Seigneur : évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3, 15-16.21-22.
Méditation du 2e Dimanche ordinaire C : évangile selon saint Jean 2, 1-11

Méditation du 2e Dimanche ordinaire C : évangile selon saint Jean 2, 1-11 ; « Lorsque notre vie prend une nouvelle saveur !»
Dans le récit des noces à Cana, Saint-Jean ne veut pas d’abord rapporter une fête de mariage où Jésus avec ses disciples était présent. Dans son évangile, il fait apparaître une réalité symbolique. Le premier signe qu’accomplit Jésus est une nouvelle fois dans la prolongation du mystère de la Nativité. Ce dimanche, nous célébrons une nouvelle manifestation de Dieu fait Homme. En effet, lorsque Dieu se fait homme, Il veut célébrer des épousailles qui viennent transformer nos vies.
« Il y avait là six jarres de pierre » ; six est le chiffre symbolique de l’homme qui, par nature, n’atteint pas la perfection. Si l’eau est un symbole pour exprimer la source, elle est parfois également, l’eau qui stagne, l’eau usée. Jésus va utiliser l’ancienne eau qui servait au rituel de purification et la transformer en vin. Ainsi, lorsque Dieu se fait humain, notre vie prend une nouvelle saveur. En devenant un homme, Dieu divinise notre nature humaine et l’Homme est glorifié en Lui. Diviniser la nature humaine, c’est lui donner une nouvelle saveur, une nouvelle joie qui n’est pas celle de l’ivresse, mais de se sentir exister pleinement. N’est-ce pas là où il y a le plus de joie, qu’il y a le plus de vérité et par conséquent le plus de bonheur ?
Les pères de l’Église ont interprété le signe de Cana comme la venue en nous de l’accomplissement de notre désir profond d’une vie épanouie. Dans la mythologie grecque, Dionysos (en grec ancien Διώνυσος) est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure. Il était de coutume d’offrir dans son temple des jarres d’eau pour qu’il change l’eau en vin. Il est une figure majeure de la religion grecque et un dieu de première importance au sein de l’orphisme : les Hymnes orphiques comportent de très nombreuses prières en son honneur et s’organisent pour donner une image de l’ordre du monde naturel et moral qui montre que, dans cet ordre, Dionysos joue un rôle particulier.
Les pères de l’Église parlaient de l’état « Sobrias debrietitas », de sobriété et de jeûne. Ils parlaient en mettant en avant le bruissement intérieur et non pas les cris et les bruyantes manifestations extérieures des soirées arrosées. Ils faisaient allusion au bruissement intérieur de la venue de l’Esprit-Saint, de la joie que nulle ne peut nous ravir, celle du souffle de Dieu dans nos vies. Seul Son souffle donne au corps et à notre existence une saveur nouvelle. C’est l’expérience personnelle de Dieu qui fait irruption dans nos vies pour l’attirer vers sa Lumière et sa vérité. Alors, pourront également sortir de nous une autre saveur et un témoignage missionnaire. Ne disons-nous pas parfois à l’issue d’une rencontre qu’elle a laissé en nous un goût amer ?
Je vous souhaite d’être remplis de l’Esprit-Saint, du vin de l’Amour de Dieu, pour que se répandent autour de vous le goût de la joie et du bonheur de la vie des autres dans une bienveillance audacieuse et provocatrice, à l’image de Marie que nous célébrons particulièrement à Banneux.
En effet, le soir du 15 janvier 1933, Notre-Dame apparaît pour la première fois dans le jardin de la petite maison de Mariette Beco. Elle appelle Mariette par un signe de la main. Quelques jours plus tard, elle montrera à Mariette la source de sa joie pour toutes les nations.
Notre-Dame des Pauvres, priez pour nous.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du Baptême du Seigneur : évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3, 15-16.21-22. ; « Le baptême révèle notre dignité »
Saint-Luc décrit que Jésus priait au moment de son baptême. C’est dans sa prière que le ciel s’ouvrit, et l’Esprit-Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Ces images décrivent également notre propre baptême. Ainsi, lorsque nous prions Dieu nous entrons en connexion avec la sensation profonde d’être fille et fils bien aimé du Père. Notre ciel intérieur peut s’ouvrir à la hauteur, la profondeur, la largeur de notre existence. Nous sortons de l’étroitesse, de l’enfermement que parfois nous donnons à notre vie par toutes sortes de devoirs, d’attentes et d’obligations. Elles nous défigurent et nous réduisent à vouloir prouver aux autres que nous existons. Nous sommes en représentation et non présent.
Le baptême est riche en images et symboles. Tous ils servent à révéler et faire apparaître qui nous sommes. Ainsi, le symbole du vêtement blanc, de la prière de l’Éphata sur nos yeux, notre bouche et nos oreilles pour qu’elles s’ouvrent, pour que nous vivions pleinement par tous nos sens. Toutes ces réalités d’être des enfants de Dieu sont réveillées en nous, lorsque nous prions.
Ensuite, Jésus descend dans l’eau pour se faire baptiser. La vallée du Jourdain est la plus basse du monde, puisqu’il se jette dans la mer Morte à l’altitude de 421 mètres sous le niveau des océans. C’est une nouvelle image qui décrit la descente de Jésus jusqu’aux entrailles de la Terre. Les pères de l’Église ont décrit cette descente de l’Envoyé de Dieu du ciel comme une suite à la fête de Noël. Il est descendu dans une étable, mais l’image de sa descente dans la profondeur de l’eau du Jourdain signifie qu’il est descendu encore plus profondément, jusque dans l’inconscient humain pour visiter et connaître toute la réalité humaine et l’aimer pour la recréer. Il est venu « redresser » l’humain, le cosmos pour le diviniser.
Le baptême dit notre filiation divine : Toi, tu es mon Fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée ; en toi, je trouve ma joie. Nous sommes fait Roi signifie que nous sommes maîtres de nous-mêmes et que nous ne sommes pas dominés par les attentes et les exigences des autres ni par nos besoins. Nous sommes fait Prêtre signifie que nous gardons le sacré en nous, et que nous protégeons aussi le sacré chez les autres. Le sacré est ce qui est invisible aux yeux du monde, et qui se voit qu’avec le cœur ; là où nous sommes pleinement nous-mêmes entiers. Jamais, le sacré en nous et de l’humanité ne doit être détourné, car tout Homme est bien une histoire sacrée. Prophète et prophétesse signifient que chacun de nous exprime quelque chose de Dieu qui ne peut être exprimé que par lui. Chacun de nous transmet aux autres quelque chose qui est unique de Dieu.
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée ; en toi, je trouve ma joie ! », ces Paroles viennent nous libérer de toute la pression qui empêche une existence heureuse. Karl Frielingsdorf, dans son livre « De survivre à vivre » décrit très justement comment trop de personnes survivent et ne vivent pas. Beaucoup de personnes sont stressées et anxieuses, vivent un besoin maladif d’être vues, de prouver quelque chose à quelqu’un. Survivre n’est pas vivre ! Aujourd’hui, Jésus offre une espérance et nous appelle par notre nom, pour nous dire son amour inconditionnel. L’Amour de Dieu seul suffit. C’est uniquement lorsque nous faisons l’expérience d’être aimé d’un amour inconditionnel que nous entrons dans un comportement nouveau et que nous optons pour des attitudes de fraternité universelle, en harmonie avec toute la création.
Je vous souhaite donc de vous souvenir de votre propre baptême, de ressentir qui vous êtes vraiment, de percevoir quelque chose de votre dignité divine, de vous regarder et de regarder ceux qui vous entourent avec des yeux nouveaux, des yeux de foi qui voient le mystère divin en chacun.
Votre curé Joseph SCHMETZ

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Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2 : « LES IMAGES D’ÉPIPHANIE COMME UNE ÉCOLE DE LA PRIÈRE ».
Sur les anciennes routes de pèlerinage d’Europe, on rencontre régulièrement des auberges aux noms très évocateurs : « Aux trois rois » ou bien « À la Couronne ». Cela montre à quel point les trois Rois Mages sont, à juste titre, des archétypes du pèlerin, des archétypes de l’être humain. Comme un pèlerinage vient enseigner sur toute une vie, la vie elle-même est un pèlerinage. Mais qu’est-ce que le pèlerinage ? Le pèlerinage est une manière de devenir orant. L’Épiphanie, une école de la prière ?
Au commencement, il y a un départ. Celui qui part en pèlerinage emballe son baluchon et rompt avec son foyer. Un événement, une expérience douloureuse qui nous a brisés, secoués, rendus malheureux est généralement le déclencheur d’un pèlerinage. Une maladie, une rencontre, une inquiétude, une expérience de bonheur ou d’amour, ou une question comme la question des Mages : « À quoi sert suivre l’étoile ? » Pour le pèlerin, il commence par se mettre en marche. À l’école de la prière, c’est le cœur qui doit sortir de la conscience de soi ; il lui faut faire un déplacement. Ensuite, s’il s’agit d’une randonnée en montagne, l’effort deviendra en altitude un sacrifice de soi. À l’école de la prière, ce n’est pas différent. Les montagnes oxygènent et purifient l’organisme humain. Le temps passé en prière fait de même. Les périodes rudes, désertiques et de soif mettent à l’épreuve l’endurance, l’espoir et la fidélité.
Ainsi, la prière me donne progressivement une nouvelle perspective, elle me permet de voir les choses sous un jour nouveau, elle est une longue-vue, un regard de Dieu et avec Dieu de l’existence.
Enfin, le pèlerin arrive au lieu saint. Mais en chemin, il y a eu beaucoup et souvent un lieu saint ! Oui, peut-être un lieu insignifiant, une petite expérience, une intuition soudaine, autant de points lumineux du voyage. Nous ne pouvons pas fixer la graduation et la valeur de la prière sur notre vie extérieure. L’étoile intérieure peut s’arrêter et briller à nouveau, n’importe où et n’importe quand. Saurons-nous la suivre ?
Connaissez-vous la légende du 4e roi ? Quand les trois rois Mages sont arrivés la crèche, voici ce qui s’est passé. Le plus jeune roi est entré le premier. Il a trouvé l’enfant à l’âge d’un jeune homme. Lorsque le second roi voulant le relayer entre, il voit l’enfant dans son âge mûr. Désemparé, il se dépêche pour que le vieil homme lui rendre visite. Entré dans la crèche, il découvre que l’enfant était un vieillard.
Que s’est-il passé ? Tous les trois se sont vus réfléchis. Ils se sont vus et ont reconnu leur vie dans la crèche.
Cette expérience existentielle est possible par la prière, vraie matrice de la vie en croissance. Je me connais en vérité, lorsque je choisis de naître à moi-même, non pas pour voir un Dieu, mais pour être vu, pour être cru, pour être unifié, comme radiographier par mon Sauveur et mon Dieu !
La légende continue. Alors, ils décident d’entrer ensemble dans la crèche. Voici qu’ils voient l’enfant comme un nouveau-né, plein de promesses, lumineux, angélique comme les bébés peuvent l’être.
Le splendide tableau de Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770), https://www.youtube.com/watch?v=Bj9hZ6ziaB0 conservé à la Pinakothek de Munich présente ceux que l’évangéliste Matthieu désigne comme des « mages », des savants, par la tradition comme des « rois ». Dans ce tableau, au centre une question naît : « mais qu’est-ce qu’ils se racontent ? » Entre l’enfant et le visage du vieux, quelle lumière ! Un dialogue de la plus haute intimité avec Dieu.
Ils ont beau avoir toute la richesse du monde, cadeaux qu’ils ont apportés et qui retombent sur eux-mêmes à travers le regard de l’enfant. Ce regard lumineux et aimant du nouveau-né rend l’or au roi marqué par la vie, donne la myrrhe comme remède pour nos blessures et transforme nos souffrances en flammes d’amour.
Ainsi, celui qui prie reçoit finalement l’étincelle divine, celle de la vie éternelle. Placée dans le cœur, elle guide nos passages jusqu’au Grand-Passage. La crèche est alors un reflet du corps humain, comme le temple de Dieu lui-même. Chaque temps de prière ressemble au pèlerin qui arrive. Chacun des rituels de la prière est la cène de l’Épiphanie de notre dignité, de nos blessures de la vie et de l’Amour, de notre ressemblance avec Dieu. C’est le don de l’Enfant qui prend la forme de nos années et consent à notre Vie.
Votre curé Joseph SCHMETZ
 
 
Méditation du 1er Dimanche de l’Avent C : évangile selon saint Luc 21, 25-28.34-36 ; « Fêtez la venue de Jésus à travers toute l’histoire ! »
Aujourd’hui, nous entrons dans le temps de l’Avent. Un temps pour transformer la dépendance en désir. Saint-Luc dans son évangile nous révèle que les premiers signes de la venue de Jésus sur la terre ne sont pas confortables et agréables ; mais plutôt, effrayant ! Ils sont accompagnés d’angoisses, de peurs chez les gens, tandis que le soleil et la lune s’affolent…
Nous fêtons la venue de Jésus, pas seulement il y a deux mille ans, mais sa venue permanente, à travers toute l’histoire. Jésus se tient à notre porte et Il frappe pour nous inviter à le laisser entrer chez nous. Mais souvent, nous ne sommes pas chez nous et ne pouvons entendre les toc-toc-toc de Jésus. Nous n’entendons pas ce qu’il veut nous dire. Ainsi, la première tâche de ce beau temps d’Avent consiste à ce que nous arrivions chez nous, à ce que nous arrivions dans notre cœur.
L’invitation n’est pas de faire peur ! L’univers effroyable, terrible et affolant que Jésus décrit nous révèle notre regard tragique, apeuré et triste. Mais comme le dit saint Luc : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ».
Sur cette très belle image que Jésus enseigne aux disciples, je voudrais m’y arrêter, bien indépendamment des circonstances et des situations personnelles que chacun peut connaitre. Ainsi, notre temps de guerre mondiale dispercée, les drames humains et les contestations violentes, les innombrables problèmes non résolus, des migrants fuyants leurs maisons, des pauvretés nouvelles à nos portes, dans les bouleversements et les turbulences que nous traversons, comment ne pas être submergé ? Le flot quotidien d’informations anxiogènes et négatives pourrait nous entraîner dans une ambiance infernale.
En écoutant Jésus nous dire : « redressez-vous et relevez la tête, votre rédemption approche », nous choisissons la voie du salut. Salut et rédemption viennent du grec « Σωτηρία » et signifie la guérison de nos blessures et également soyez sauvé, redressé et libéré. Toutes ses expressions sont utilisées pour dire comment le mal et la destruction n’auront aucun pouvoir sur ceux qui accueillent chez eux Jésus qui vient.
« Σωτηρία » exprime également la protection que Dieu donne à ceux qui se fient en Lui.
Le temps de l’Avent, nous invite à prendre le temps de repos, de sortir du rythme infernal des annonces et des performances. Je voudrais vous inviter à ne pas transformer ce temps de la préparation à la fête de Noël en stress, course aux cadeaux et aux lumières pour éblouir la galerie ; mais comme un temps pour devenir plus calme intérieurement, pour unifier et harmoniser la vie en soi-même et autour de soi, afin de pouvoir ressentir au fond de soi la question : à quoi suis-je invité pour être libre et vivre sauvé ?
Je vous souhaite donc un temps de l’Avent béni, que vous entriez en contact avec votre désir à travers votre couronne de l’Avent, lumière d’espérance, à travers les chants de l’Avent, à travers la méditation devant une bougie allumée, et que vous sentiez dans ce désir Dieu lui-même, qui vous offre une véritable sécurité et une patrie, qui enchante votre vie et lui donne un goût nouveau.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Méditation 2e Dim. de l’Avent C : évangile selon saint Luc 3, 1-6
« Où nous mène le chemin que nous allons ? »
Au deuxième dimanche de l’Avent, la figure de Jean-Baptiste est au centre de notre préparation à Noël. Saint-Luc commence l’histoire du ministère de Jean par une mise en contexte historique précise. Il annonce la venue du Seigneur dans l’histoire d’Israël. C’est une belle invitation, que celle d’accueillir la venue du Seigneur au milieu de notre histoire, dans laquelle tout va mal en ce moment et où plus personne ne sait de quoi l’avenir sera fait.
Malgré et envers contre tout, il se passe une histoire sainte. Cette histoire est la manière qu’a Dieu de venir nous sauver, de créer le salut, la guérison, la rédemption pour nous. L’histoire sainte commence avec l’annonce du baptême, qui souffle en nous un changement de mentalité et nous promet que tous nos péchés sont pardonnés, que nous sommes acceptés et aimés de Dieu sans condition.
Au cœur de notre histoire politique, il s’agit de changer de mentalité, de regarder le monde avec d’autres yeux, les yeux de Dieu. Jean-Baptiste nous appelle : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ». (Lc 3,4s)
C’est notre tâche pendant l’Avent. Nous devons réfléchir à nos chemins. Les chemins que nous empruntons nous mènent-ils vraiment au but ? Où mènent-ils à l’erreur ? Nos chemins sont-ils clairs et sans ambiguïté ? Nous allons tantôt dans une direction, tantôt dans une autre. Aujourd’hui, nous assistons à une perte de repères et de direction. On essaie tout ce qui est possible et son contraire. Les paroles de Jean ne sont pas seulement un avertissement, mais aussi une promesse. Nous pouvons avoir confiance que Dieu lui-même comblera les ravins en nous, qu’il remplira de sa lumière les abîmes de notre âme et les transformera ainsi en un chemin qui nous mènera à Dieu et à une vie pleine et réussie. Et c’est la promesse que les montagnes de problèmes devant lesquelles nous nous trouvons souvent et qui nous écrasent seront aplanies. Alors, la montagne de tâches que nous devrions accomplir ne pèsera plus sur nos épaules. En ayant confiance à l’Esprit de Dieu pour dissoudre certains des problèmes devant lesquels nous restons figés, nous espérons bien sûr que Dieu aplanira la montagne presque insurmontable des oppositions entre les belligérants, et qu’il abaissera la montagne qui nous empêche de voir l’avenir. Alors, nous pourrons à nouveau regarder l’avenir avec espoir.
Et de conclure, Jean-Baptiste nous annonce : « tout être vivant verra le salut de Dieu ». (Lc 3,6)
Le mot grec que Luc aime tant, « soterion », signifie : guérison, libération, bien-être, bonheur, préservation. Si nous avons dégagé les chemins par lesquels Dieu veut venir à nous de tous nos soucis, de nos anxiétés, de l’amas d’activités qui ferment notre cœur à Dieu, alors nous verrons comment Dieu guérit nos blessures, comment il nous libère de nos peurs, comment il nous conduit à la paix intérieure, à nous connaître vraiment, et comment il préserve et protège en nous ce moi originel et inaltéré, non troublé…
C’est ce que je vous souhaite en cette deuxième semaine de l’Avent, d’oser de longs temps de silence, d’oser aller au désert, pour faire l’expérience de la naissance secrète du Seigneur dans le cœur. Dieu est déjà venu. Il est déjà dans votre cœur. Mais souvent, il ne peut pas atteindre l’être profond parce que nous avons dressé trop d’obstacles et de conditions à sa venue. Dans le silence, dans le désert, ces obstacles tombent. Il arrive même qu’une telle expérience nous donne d’expérimenter que tout devient soudain silencieux et calme et d’être touchés au plus profond de notre cœur par sa Présence. Dieu est alors venu à nous. Et tout d’un coup, tout est sain, entier et cohérent pour nous. C’est ce que nous vous souhaitons de tout cœur.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Méditation du 3e Dimanche « de Gaudete », Avent C : évangile selon Saint-Luc 3, 10-18 ; « Réjouissez-vous, le Seigneur vient ! »
Le troisième dimanche de l’Avent est appelé « le dimanche de la joie ». Réjouissez-vous ! Saint Paul emprisonné, depuis ce lieu horrible et misérable, sans issues et infernal que sont les prisons écrit ces paroles : « … soyez dans la joie. Le Seigneur est proche ». N’est-ce pas l’expression d’une espérance en Dieu qui libère de la peur ?
L’imminence de la venue du Seigneur et sa grande proximité devraient nous procurer une réelle joie. Pourquoi ne pas nous mettre en contact avec la joie qui est en nous ? Notre joie n’est pas commandée par un ordre extérieur ni artificiel parce que nous devons correspondre au canon de la gentillesse.
Saint Paul nous partage son expérience : au fond de l’être, il y a bien une joie que nulle ne peut nous ravir. Ainsi, lorsque nous faisons l’expérience personnelle de la joie en nous, alors, les emprisonnements qui entravent nos libertés, l’enfer des peurs, l’étroitesse des pensées et jugements seront vaincus. Car la joie vient élargir et dilater le cœur. Sans doute que joie et vérité sont sœurs, qu’il n’y a pas de joie dans le mensonge, et que la vérité ne peut advenir sans la joie ! Paul Claudel, dans le Soulier de satin l’a décrite très justement : « Là où il y a le plus de joie, comment croire que je suis absente ? Là où il y a le plus de joie, c’est là qu’il y a le plus Vérité ! »
Comme dimanche dernier, l’évangile met la figure de Jean-Baptiste en avant. Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Savez-vous que cette question est une question fondamentale très présente dans la philosophie grecque antique ? C’est en connaissant très bien la sagesse grecque que saint Luc décrit cette scène dans le désert.
En bon historien au verset 1 du 3e chapitre, Luc place Jean-Baptiste dans un cadre historique. Si c’est à une époque concrète que l’appel de Dieu a été adressé à Jean, c’est pour mieux nous dire que c’est maintenant, à cette époque-ci, à l’heure où l’incertitude de l’avenir nous a de nouveau rattrapés, où la peur d’une catastrophe climatique nous pend au nez, que l’appel de Dieu nous est adressé. Comme autrefois, Dieu par la voix du prophère Jean, nous appelle à nous repentir, à changer de mentalité, à penser différemment ; Il nous appelle à une métanoia. La crise dans l’Église, nous fait comprendre que nous ne pouvons pas continuer comme avant ; que plus rien ne sera comme avant. Il est urgent de changer de mentalité et de modifier notre comportement en écoutant la voie l’Esprit-Saint.
Au désert, toutes sortes de gens, pharisiens, publicains, soldats demandent : « que devons-nous faire ? » Jean leur demande de partager, d’être juste, d’être miséricordieux avec les autres.
En Avent, cette question peut aussi éclairer notre marche vers Noël. Qu’est-ce que je dois faire pour entrer en contact avec mon désir profond d’être plus moi-même, plus fidèle aux appels intérieurs ? … à mon agir essentiel, plus libre intérieurement ?
Que nos actions pour construire un vivre ensemble se tournent davantage vers les autres dans la bienveillance et la justice. Que notre attention aux autres provoque en eux une étincelle de la joie qui est déjà la nôtre, afin qu’ensemble nous puissions partager la joie que Dieu donne à ceux qui s’aiment (sèment).
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Médiation du 4e dimanche de l’Avent : Évangile selon Saint-Luc, 1,39-45) ; « Le bonheur nait d’une rencontre ! »
Aujourd’hui, la figure de la Mère de Dieu, Marie de Nazareth illumine le 4e dimanche de l’Avent. La femme enceinte, porteuse de l’enfant de la promesse, Marie nous ouvre l’avenir.
Nous venons de proclamer le récit ou Marie, qui avec empressement, se rendit dans le charmant village d’Ein Karem, situé sur les versants ouest de Jérusalem, chez sa cousine Élisabeth, enceinte, elle aussi !
À Noël, nous attendons que tout le monde se rencontre à nouveau dans la Paix et la joie simple. Que la paix règne dans la famille, sans agressivité et rancoeur, que nous rencontrions nos amis avec bonheur. Saint-Luc nous décrit dans cette magnifique scène, comment réussir une rencontre, comment le bonheur peut jaillir de la rencontre.
Marie se met en route. En grec, Saint-Luc dit qu’elle s’est levée (Ανάσταση), une image de la résurrection. Elle part vers… : c’est une image qui nous invite à sortir de moi-même ; je dois aller par-delà les collines… les collines et les montagnes des appréhensions, des préjugés, des idées reçues. Lorsque nous voulons partir à la rencontre de quelqu’un, en nous toutes sortes d’excuses naissent : est-elle une personne agréable ? aura-t-elle du temps à nous consacrer ? … ou bien s’il elle ne préfère pas rester à l’écart ? Nous nous empêchons nous-mêmes de rencontrer quelqu’un avec toutes sortes d’idées et de préjugés.
Ainsi, comme Marie, à travers la montagne, nous devons surmonter nos préjugés, nos peurs, nos réticences et récalcitrances avant de nous lever et vouloir arriver à l’autre.
Ensuite, « Elle entra dans la maison… » La rencontre est une histoire d’ouverture, j’entre dans l’univers de l’autre, dans son chez lui. Je m’engage avec lui dans une rencontre confiante. Alors, Marie salua Élisabeth. En grec, Saint-Luc utilise le mot « Αποσμω » qui signifie ; je t’embrasse, je sens, je te sens (littéralement, je sens ton odeur) pour exprimer la rencontre intime entre elles. Elles deviennent unies entre elles. Rencontrer l’autre, c’est le percevoir, le sentir, s’en approcher. Cette rencontre éveille Élisabeth au plus profond d’elle-même. Elle dit comment l’enfant en elle tressaillait de joie à la salutation de Marie. Réveillée au plus profond d’elle-même, elle vit intensément la présence son être de femme et de mère. Du neuf naît en elle-même, elle rajeunit par cette intensité apparue en elle et la joie de sentir son enfant tellement Vivant.
Mais Élisabeth reconnait immédiatement le mystère de Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Bénis la jeune femme, parce qu’elle est bénie de Dieu et elle est bénie parce qu’elle a cru aux Paroles qui lui furent dites de la part de Dieu, réalisation et accomplissement aujourd’hui de sa promesse faite autrefois.
N’est-ce pas une merveilleuse image pour nos rencontres ? Rencontrer signifie être béni de l’autre. Et faire l’éloge de l’autre, le louer, de l’avoir ramener au bonheur profond en lui, pour ce qu’il est, dans sa beauté personnelle, c’est vouloir vivre la foi profonde en l’autre.
C’est croire que Dieu fait en moi des merveilles…
À l’approche de Noël, nous laissons Dieu entrer chez nous, dans une rencontre inédite, toujours riche de promesses et ouverte au bonheur d’exister pleinement. Saint-Luc décrit très justement le bonheur né de la rencontre. Ainsi, si nous nous rencontrons à l’image de la visitation de Marie à Élisabeth, alors nous ferons un Noël béni, heureux, joyeux et la Paix règnera, notre regard sur les autres sera illuminé par le mystère qui est apparu.
Je vous souhaite d’entrer dans la bonne humeur de la rencontre. D’avoir la confiance de Marie et d’Élisabeth aux paroles de foi et de bénédiction. Malgré les guerres, les catastrophes climatiques, en venant dans le monde, Dieu fait du neuf, chaque fois que nous acceptons qu’Il puisse le faire !
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Vœux de Noël 2024 !
« Christ frappe à notre porte ! »
En ce jour de Noël, La porte Sainte est ouverte à Rome par le Pape François pour un Jubilé proclamé : « Pèlerin d’espérance » ! Savez-vous que la porte est depuis toujours le symbole du passage d’un domaine à l’autre, du domaine public au domaine privé, du domaine profane au domaine sacré, du sein maternel à la vie d’un bébé, de la mort à la Vie ?
Comment donc faire une bonne communication sur une « expérience spirituelle » faisant part à l’intime, à l’invisible et à la discrétion qu’à Dieu dans sa façon de venir tout sauver ?
Mon cadeau à Noël porte sur le sens spirituel de la porte. Je vous invite à être vous-mêmes des portes, mieux, des ouvreurs de portes dans l’Église et dans la société, à l’instar de la métaphore christique de saint Jean, où Jésus dit en venant dans le monde : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » (Jn 10, 9) Si nos contemporains cherchent à rencontrer Dieu, n’est-ce pas d’abord à travers notre témoignage ? Un Noël en acte sera de ne pas s’abandonner à la culture de l’agressivité et du dénigrement ; mais bien de construire un réseau de partage du bon, du vrai et du beau…
Ainsi, lorsque nous regardons l’Enfant Jésus emmailloté et couché dans la mangeoire, nous franchissons la porte du même monde au monde divin, du monde des brigands au monde des innocents. Jésus vient nous dire : « Tu as perdu la relation avec ton cœur. Tu vis quelque part à l’extérieur, mais tu n’es pas chez toi ? Que ton cœur ne reste pas fermé. Ce n’est qu’en retrouvant l’accès à ton cœur que tu pourras entrer dans la vie par la porte ». Je vous invite à sentir quelle porte te conduit à l’intérieur de toi. Si tu ne sens pas ton cœur, tu ne peux pas sentir Dieu. « Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né ».(Angélus Silesius)
La promesse de l’Avent s’accomplit dans la parole réconfortante : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20). En effet, l’ange annonce aux Bergers : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! »
Le nouveau-né emmailloté et couché est cette porte qui nous relève. Sa lumière à notre porte vient tout éclairer. Si nous lui ouvrons, nous ne ferons plus qu’un avec lui et avec nous-mêmes. Alors, notre maison sera remplie de la présence de Jésus et de son amour.
Le Sauveur vient et frappe à la porte. Je conclus avec les mots du Pape François : « Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée, et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante. Le prochain Jubilé pourra favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance, comme signe d’une renaissance renouvelée dont nous ressentons tous l’urgence. C’est pourquoi j’ai choisi « Pèlerins d’espérance ».
Je vous souhaite de Joyeuses fêtes de Noël et une Année Sainte porteuse d’espérance !
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Médiation de la Fête de la Sainte famille : évangile selon Saint-Luc 2, 41-48
En ce dimanche de l’octave de Noël, nous célébrons la fête de la Sainte Famille de Jésus, Maire et Joseph. L’image semble refléter un monde idéal. Mais l’histoire de l’évangile, dans lequel nous entendons parler de Jésus, qui âgé de 12 ans, semble avoir été oublié à Jérusalem par ses parents, nous nous rendons compte que la famille, à cette époque, n’était pas plus parfaite que la famille d’aujourd’hui ! Il y avait des conflits et des malentendus, tout comme aujourd’hui. Sur le chemin vers la maison, Marie et Joseph cherchent leur fils qui n’était tout simplement plus parmi le groupe de pèlerins. Angoissés ils rebroussent chemin, et lorsqu’ils le retrouvent au bout de trois jours dans le temple, Marie dit toute sa souffrance à son fils : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » (Lc 2,48)
Et Jésus, adolescent, ne répond pas dans un sentiment de culpabilité ; Il leur demande : « Pourquoi m’avez-vous cherché ? » Pour lui, il était clair qu’il devait être là où se trouve Dieu, son véritable père. Et c’est dans le temple.
Les parents ne comprennent pas la parole de leur fils. C’est également très fréquent aujourd’hui pour de nombreux parents, lorsque leurs enfants – non seulement à la puberté, mais aussi en tant que jeunes adultes ou même plus tard – s’expriment tout à coup avec des mots qu’ils ne comprennent absolument pas ou qu’ils ne veulent pas entendre de leur part. Mais Luc nous montre dans ce récit la réaction de Marie aux paroles incompréhensibles de Jésus. Et sa réaction pourrait également être une manière pour nous de gérer de tels conflits et malentendus. Il est dit de Marie : « Elle gardait dans son cœur tous ces événements ». (Lc 2,51) En grec, on trouve le terme « diaterein », ce qui signifie : voir à travers. Lorsque les bergers lui ont raconté ce que l’ange leur avait dit au sujet de leur enfant, Marie garde aussi ces mots dans son cœur. Mais en grec, il y a « synterein ». Cela signifie : regarder ensemble.
À Bethléem, elle voit les paroles des bergers en même temps que l’enfant et comprend son secret, grâce aux paroles. Aujourd’hui, Marie ne peut plus voir à travers les paroles de Jésus et regarder ensemble avec Lui. Maintenant, âgé de douze ans, Marie ne peut que regarder à travers les paroles incompréhensibles jusqu’au fond de son âme. Et au fond de son âme, elle se sent en harmonie avec son fils.
N’est-ce pas une invitation pour nous aujourd’hui sur nos chemins avec les enfants qui nous restent confiés lorsque nous ne comprenons absolument pas la fille, le fils ? Il ne s’agit pas de discuter sans fin sur les mots ou de vouloir convaincre de sa propre opinion. Il s’agit plutôt de regarder à travers les paroles incompréhensibles et de se sentir unis au fond de l’âme avec l’enfant, dans l’espoir que cette unité au fond de l’âme s’élève aussi lentement et qu’une coopération, ainsi qu’une compréhension mutuelle puissent à nouveau croître sur le plan émotionnel et rationnel. Mais Marie doit d’abord supporter le fait de ne pas comprendre son fils.
Je vous souhaite également de ressentir ce lien intérieur au fond de votre âme avec votre partenaire, vos frères et sœurs, vos enfants et petits-enfants, quelle que soit la nature de votre relation actuelle, dans l’espoir qu’une nouvelle cohabitation puisse naître du dialogue et de la compréhension mutuelle. Dans ce sens, je vous souhaite que votre relation soit saine et ne soit pas détruite par des conflits.
Votre curé, Joseph SCHMETZ