Homélies du dimanche

Méditation du 1er Dimanche de l’Avent A : Évangile selon Saint Matthieu 24, 37-44
Méditation du 2e dimanche de l’Avent A : évangile selon Saint-Matthieu 3, 1-12 
Méditation du 3e dimanche de l’Avent A : évangile selon saint-Matthieu, 3, 1-12
Méditation du 4 Avent A : évangile selon Saint-Matthieu 1, 18-24
Noël 2022 : évangile selon saint Luc 2, 1-20 ;
1er janvier 2023
Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2
Baptême du Seigneur A : évangile selon saint Matthieu 3, 13-1
Méditation du 2e dimanche A : évangile selon Saint-Jean 1, 29-34
Homélie du 3ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A – Dimanche 22.01.2023
Méditation du 5e dimanche A : évangile selon Saint Matthieu 5, 13-16
Homélie du 6ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Méditation du 7e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 5, 38-48
Homélie du 2ème Dimanche du Carême – Année A – 05.03.2023
Méditation du 3e dimanche de Carême A : évangile selon Saint-Jean Jn 4, 5-42
Méditation du 4e dimanche Laetare : évangile selon Saint-Jean 9, 1-41
Médiation du 5e Dim. de carême A : évangile selon Saint-Jean 11, 1-45
La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint-Matthieu 26, 14 – 27, 66
Méditation du dimanche de Pâques
Méditation du 2e Dim de Pâques : évangile selon saint Jean 20, 19-31
Méditation du 3e Dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Luc 24, 13-35
Méditation du 4e Dimanche de Pâques : évangile selon saint Jean 10, 1-10
Méditation du 5e Dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Jean 14, 1-12
Méditation du 6e dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Jean 14, 15-21
Méditation du Dimanche de la Pentecôte A : selon l’évangile de Saint-Jean 20, 19-23
Méditation du dimanche de la Sainte Trinité A : Évangile selon Saint-Jean 3, 16-18
Méditation du 11e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 9, 36 – 10, 8
Méditation sur ce repos bien mérité et consacré par Dieu lui-même.
Méditation du 13e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 10, 37-42
Méditation du 15e dim. A ; évangile selon Saint Matthieu : 13, 1-23
Méditation du 16e Dim. A : Évangile selon Saint-Mathieu 13, 24-43
Méditation du 17e Dim. A : Évangile selon Saint-Matthieu, 13, 44-52
Transfiguration du Seigneur — Année A : évangile selon Saint-Matthieu 17, 1-9
Méditation du 19e Dim. A : évangile selon Saint-Matthieu, 14, 22-33
Méditation du 20e dimanche A : évangile selon saint-Matthieu 15, 21-28
Méditation du 21e Dim. A : Évangile selon saint-Matthieu, 16, 13-20  
Méditation du 23e Dim. A : Évangile selon Saint-Matthieu 18, 15-20
Méditation du 24e Dim. A : évangile selon Saint-Matthieu 18, 21-35

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Méditation du 24e Dim. A : évangile selon Saint-Matthieu 18, 21-35 
« Le pardon est un acte de libération »
Véritable enseignement sur le pardon, l’évangile de ce jour nous invite à la générosité en pardonnant.
Pierre demande à Jésus : « lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? » Pensant déjà être très large et généreux, il précise : « Jusqu’à sept fois ? » Mais Jésus lui répond : « jusqu’à 70 fois sept fois » ; c’est-à-dire sans fin… Alors Jésus raconte la parabole d’un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Le premier lui devait 10.000 Talents. Le produit annuel de l’impôt de la Galilée était de 900 talents par an. Vous pouvez alors facilement imaginer la somme scandaleuse et énorme que le roi remet à ce serviteur. Et le Roi a pitié : « Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ».
En sortant, le serviteur acquitté rencontre son compagnon qui lui devait 100 dinars (ce qui vaut à 40€). Cette somme représente une toute petite partie de la dette, lorsqu’elle est comparée aux 10.000 talents, soit 40.000.000€. Or, ce serviteur à qui le maitre a remis une si grosse dette se montre intransigeant et dur. Il fait jeter son compagnon en prison. C’est alors que le maître entre en colère. Il fait appeler ce serviteur et le traite de mauvais : « je t’avais remis toute cette dette…» C’est l’image du Dieu miséricordieux qui est lent à la colère et qui pardonne que Jésus révèle au serviteur qui malgré tout ce que Dieu a fait pour lui, c’est montré « petit » et misérable envers son frère à qui il refuse le pardon. Le maître lui fait la leçon : « je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié, de toi ? »
Certains chrétiens pensent qu’il faut toujours pardonner. On peut les blesser, les humilier ; leur tiédeur sera le devoir de pardonner toujours. Mais le pardon est un acte de libération. Il a besoin de 5 pas.
– 1re pas : c’est la reconnaissance de la blessure infligée. J’ai eu mal, tu m’as fait mal et je le ressens.
– 2e pas ; je peux accepter la colère qui monte en moi ; c’est une force pour me distancer de la personne qui m’a blessé. Je dois pouvoir faire sortir de moi cette souffrance de la blessure.
– 3e ; je peux chercher à comprendre ce qui s’est passé. Qu’elle était la raison et le motif de la faute ? Ai-je été blessé uniquement dans ma sensibilité, où bien c’est ma dignité et mon intégrité qui a été l’intention de l’autre. Lorsque je peux raisonner et me comprendre, c’est le réel qui vient m’informer et m’inviter à être pleinement moi-même. Le besoin de comprendre est nécessaire.
– 4e ; vient le pas du pardon. C’est un double acte de libération. Je me libère de l’impact négatif qu’a eu sur moi l’autre et j’éloigne l’accusation, la blessure ouverte en moi. Je me libère ensuite du pouvoir de l’autre sur moi. Si je ne pardonne pas, je garde en moi un lien avec l’accusateur qu’il vaut mieux lâcher pour être libre et vrai. En me séparant de cette blessure, Dieu me ressuscite.
– 5e le pas qui vient par ma force, transformer la blessure en perle fine. Alors, oui, j’ai été blessé, cela m’a fait mal et mis en colère. Mais, je ne me suis pas abattu et cassé. Je suis allé le chemin de la vérité en fidélité au meilleur de moi-même.
Ainsi, toute blessure peut devenir une perle lorsque nous pardonnons. Il est notre belle capacité à aimer et à comprendre l’autre en recherchant la raison dans une vérité de l’existence de chacun.
Je vous souhaite de vivre dans la confiance, pas-à-pas, des temps de réconciliation entre nous.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 23e Dim. A : Évangile selon Saint-Matthieu 18, 15-20 
« Si nous nous écoutons les uns les autres, alors nous sommes gagnants ! »
Dans le 18e chapitre de son évangile, saint Matthieu rapporte des paroles de Jésus qui présentent une règle de vie communautaire. Jésus indique un chemin pour un vivre ensemble qui peut concerner la famille, la vie en paroisse, les relations en entreprise ou en communauté.
Comment pouvons-nous progresser dans notre relation avec les autres au moment d’un conflit ?
Dans toute vie paroissiale, comme dans toute entreprise surgissent tôt ou tard des conflits. Jésus propose un chemin et une pédagogie étonnamment d’actualité.
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ». On peut comprendre cette parole comme une invitation à l’écoute de l’autre, à laisser l’autre exprimer sa difficulté, sa souffrance ou sa frustration et sa blessure. Si ton frère à une vraie considération pour toi, une empathie sincère, une écoute humble et pauvre, alors tu as gagné ton frère. Les liens indispensables à la vie ensembles ne sont pas coupés et la sortie du rapport de force permet la communauté entre les personnes de revivre.
« S’il ne t’écoute pas, prends-en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins ». Il ne faut pas comprendre la mise en place d’une stratégie militaire où les plus forts écraseraient le plus faible. C’est n’est pas un rapport de force entre 3 contre 2 témoins. C’est pour Jésus plutôt une volonté de rechercher en présence d’autres personnes des aspects nouveaux au conflit, non pas à charge de l’un contre les autres. Ouvrir l’échange par l’apport d’avis extérieurs et d’expériences vécues par d’autres qui pourraient venir en aide au frère en difficulté. Par cette ouverture, les relations communautaires pourraient à nouveau exister et avancer.
« S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain », dira Jésus. Si une recherche de solution avec l’aide des autres ne modifie pas l’entêtement et l’obstination dans l’erreur de ton frère, alors il s’agit de l’écarter. Cette exclusion n’est pas un jugement du frère. Elle doit aider à faire apparaître l’endurcissement du cœur et veut manifester un départ comme une nouvelle chance pour le frère d’ouvrir enfin les yeux sur la réalité communautaire ainsi que sur sa part de responsabilité dans le conflit.
Il n’est jamais saint de vouloir arranger les affaires pour retrouver un semblant d’unité. Ce serait donner une image faussée de la communauté et du témoignage qu’elle est appelée à être dans le monde. Cela n’aiderait en rien le frère à avancer dans sa propre existence : il resterait fermé !
L’exclusion de la communauté pourra peut-être vraiment être une aide indispensable pour ouvrir et prendre la véritable mesure des conséquences d’un entêtement, ainsi que la mesure de la vraie part qu’a chacun dans le conflit.
Les paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour sont d’une étonnante actualité. Elles sont un chemin qui nous apprend à gérer les conflits dans le quotidien.
La théologie actuelle nous invite à partager nos expériences chrétiennes et à témoigner de notre vie de chrétiens dans un monde laïque, athée et agnostique. Parler de sa foi aux autres n’est pas toujours écouté et peut vite basculer dans une volonté d’avoir raison contre tous !
En recherchant un vrai partage de nos expériences dans le respect des autres convictions et religions, nous ouvrons la voie au dialogue et à la rencontre. Il n’y a plus une volonté de s’imposer au-dessus des autres. Et si nous nous écoutons les uns les autres, alors nous sommes gagnants ! Nous sommes artisans de paix et nous prenons une véritable part à la construction de la fraternité universelle, à l’humanité que Dieu veut !
Votre abbé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 21e Dim. A : Évangile selon saint-Matthieu, 16, 13-20 
« Jésus, clé qui nous libère. »
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus demande aux disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Les réponses des disciples pourraient être les nôtres. En effet, elles ne disent pas d’abord la nature divine qu’est Jésus. Ce sera par la suite que Jésus manifestera aux disciples le mystère divin qu’il est venu révéler aux humains. Écoutons les disciples et cherchons quel sens leurs réponses à Jésus ont pour nous aujourd’hui.
Pour les uns, Jésus est Jean le baptiste. Jean-Baptiste est une figure qui représente l’ascèse et le renoncement. Ils font effectivement bien partie des chemins vers l’expérience spirituelle et chrétienne. Jésus ne rejette pas l’ascétisme. D’ailleurs, il peut être un chemin et un appel à donner entièrement sa vie. Toutefois, Jésus apporte la vie sur la terre et non le renoncement par la voie ascétique.
Pour d’autres, Jésus est pris pour Élie. Élie est un grand prophète. Jésus est également prophète. Élie est un des prophètes majeurs d’Israël. Actif dans le royaume du Nord au IXᵉ siècle av. J.-C., il est célèbre pour son opposition au roi Achab et à sa femme Jézabel, ainsi que par sa lutte victorieuse contre les prêtres de Baal. Avec Élie, le danger est de vouloir être celui qui a raison et qui s’entraine à être prêt pour la justice. On retrouve ce type de chrétien qui veut bien croire parce qu’il a toujours raison et qu’il est au-dessus des autres.
Troisièmement, d’autres prennent Jésus pour Jérémie. Jérémie est considéré comme le souffre-douleur. La souffrance est une expérience de Jésus lors de sa passion. La souffrance donnera des formes déviantes aux spiritualités doloristes, expiatoires, jansénistes et autres… Ce n’est pas l’essentiel. La résurrection du Christ révèle la vraie victoire sur le mal, la mort et le péché. C’est l’essentiel du message chrétien et de notre foi.
Alors, Jésus demande aux disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre donne la réponse inspirée et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Cette réponse comporte trois affirmations fortes de qui est Jésus. Il est le Messie qui nous libère. Il est Celui qui conduit vers une nouvelle terre, vers une nouvelle qualité de vie. Il nous libère de toute servitude et de toute dépendance. Il est le Fils du Dieu Vivant ! Par Lui notre dignité de fille et de fils de Dieu est révélée et illuminée. C’est l’affirmation de notre existence, de sa source, de son fondement et le témoignage chrétien pour le monde.
Il s’agit de notre renaissance qui atteste de l’existence de Dieu en nous. C’est Vivre qui est apparu sur la terre et c’est seulement « VIVRE ! » qui nous libère, nous guéris de « pas assez », de la mort. Celui qui veut rester dans les règles ascétiques, les rigidités spirituelles et les observances scrupuleuses de la spiritualité n’a pas reçu l’Esprit-Saint et il ne connait pas Jésus le Fils du Dieu Vivant ! Ainsi, en ce temps de crise grave que nous traversons ensemble, le signe prophétique de notre vitalité dans le monde témoignage de la victoire.
Jésus loue Pierre et lui dit : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… » Par sa foi, Pierre offre à Jésus son champ, son terrain pour construire l’Église.
Ce passage de l’évangile de Saint-Matthieu a souvent été utilisé pour justifier la papauté dans l’Église et pour installer des archevêques et évêques… Pourtant son intention n’était pas cela d’abord ! Mais plutôt d’enseigner aux chrétiens l’expérience de la rencontre personnelle du Dieu Vivant en l’humain. En effet, Pierre n’était pas un homme parfait. Mais sa foi et son expérience de la révélation du Dieu vivant en lui, du roc de sa vie est la clé qui l’ouvre à sa vie et qu’il n’aura de cesse d’actionner pour ouvrir celle des autres. Pierre a vu et reconnu en Jésus le libérateur qui fait de nous des filles et des fils de Dieu.
Votre abbé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 20e dimanche A : évangile selon saint-Matthieu 15, 21-28
« Jésus thérapeute de la famille ! »
Si la région de Tyr et de Sidon est bien en dehors des territoires d’Israël à l’époque de Jésus, alors, on peut comprendre ses paroles : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Mais dans ce récit de guérison de la Cananéenne et de sa fille, ne sommes-nous pas invités à poser notre regard sur des relations difficiles entre des parents et leurs enfants à travers quatre cas classiques : père/fille ; mère/fille ; père/fils et mère-fils ?
Jésus apparaît comme un thérapeute de la famille qui, il y a 2000 ans, anticipait déjà ce que ceux d’aujourd’hui nous enseignent. Avez-vous remarqué que Jésus ne traite pas unilatéralement la fille, mais qu’il guérira également la mère, sans pour autant éveiller chez elle un sentiment de culpabilité ? La thérapie de Jésus consiste à dénouer la situation compliquée. Ainsi, pour améliorer leurs relations, les parents comme les enfants sont invités à la conversion et à adopter de nouveaux comportements.
La Cananéenne est un bel exemple du changement qu’apporte Jésus dans sa vie de mère grâce à sa prise de conscience de justes limites dans sa relation à sa fille. La mère est l’être le plus proche de l’enfant dans les premières années de sa vie. Elle l’a porté, nourrit, langer et créer un contact physique et psychique fort et étroit. Jésus montre concrètement à la mère qu’il lui faut « lâcher prise », et de trouver la juste mesure entre s’occuper et de détacher de sa fille. Clairement, Jésus prend ses distances par rapport à celle qui vient à lui, se jette à ses pieds et le presse de l’accompagner pour soigner sa fille. Elle l’accapare comme elle accapare sa fille. Jésus lui montre pourquoi sa fille est malade ; elle n’est pas rassasiée ! Les chiens ont mangé son pain. Les petits chiens symbolisent les attentes et les prédilections de la mère : une belle carrière pour sa fille ; des vacances ; ses besoins…
En lui mettant un miroir devant les yeux, Jésus lui apprend à porter un autre regard. Elle adopte aussitôt cette nouvelle manière et répond à Jésus : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Elle reconnait que sa fille n’est pas rassasiée et qu’il lui faut être plus attentive à ses besoins. Mais elle reconnait également qu’elle aussi a des désirs qui doivent être assouvis…
La mère doit trouver un nouvel équilibre entre dans cette relation compliquée et commencer à se détacher en prenant une certaine distance et en posant de saines limites, tout en osant dire ses propres besoins de femme. Il lui faut le courage de s’occuper aussi d’elle-même sans se fixer exclusivement sur sa fille, par peur de ne pas lui donner assez d’amour, de ne pas faire assez ni assez bien pour son éducation. En libérant la mère pour lui permettre de se soucier d’elle-même, Jésus libère du même coup sa fille.
Ainsi, dans les relations entre mère/fille, Jésus guérit toujours en chassant le démon, un esprit impur qui perturbe l’image que la fille a d’elle-même et que nous pouvons comprendre comme étant liée à une protection. La mère n’avait pas vu en sa fille l’être unique. Elle projette sur elle ses propres représentations de la condition de la femme. Ou bien sa fille lui rappelle ses propres dimensions non vécues. Elle combat alors ce que son enfant lui révèle de ses propres zones d’ombres. Ce démon, il faut le chasser. Jésus apprend à cette mère à porter un autre regard : elle doit découvrir et connaître l’image unique que Dieu s’est faite de sa fille au lieu de projeter en elle celle qu’elle s’est faite de sa fille.
La guérison passe par la mort et la résurrection. La fille doit rompre la relation fusionnelle avec la mère. Il lui faut se débarrasser de cette identité qui l’a amené à se définir intégralement en fonction de sa mère.
Je vous souhaite cette guérison qui intervient comme une renaissance, un retour à la vie, une résurrection. Revêtons notre nouvelle identité et le courage d’être pleinement soi-même et de vivre en harmonie avec vous-même.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 19e Dim. A : évangile selon Saint-Matthieu, 14, 22-33 
« N’ai pas peur ; embarque Jésus dans ton bateau ! »
L’Évangile présente Jésus marchant sur les eaux de la mer. Les disciples bouleversés crient au fantôme.
Ce langage imagé renvoi au bateau de la vie, de notre l’existence humaine. Le 27 mars 2020, alors qu’éclatait dans le monde la pandémie du covid-19, le Pape François commentait l’évangile de la tempête apaisée : « D’épaisses ténèbres couvent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage… Nous nous retrouvons apeurés et perdus », disait-il. Effectivement, embarqué sur l’eau sans pouvoir nager, nous rend vulnérable. Dépassés et impuissants, nous coulons dans notre propre univers fait de fantômes et des esprits.
Déjà Jean Cassien, le fondateur, au Ve siècle, de l’abbaye Saint-Victor à Marseille, considérait la vie comme un bateau à mener à bon port, porté par le souffle de l’Esprit, avec le discernement comme boussole dans le but d’éviter les récifs de la tentation. Une métaphore qui concerne finalement aussi bien les moines du Ve siècle que les hommes et les femmes du XXIe, et qui invite à tenir la barre de sa propre vie.
Qui parmi nous n’a pas traversé des périodes d’angoisse, d’insomnie, de remise en question, de dépression, de révolte ou de colère contre la terre entière ? La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces fausses sécurités, notre superflue, et ce que nous avons construit : nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. La tempête révèle toutes les volontés de puissance cachées qui nous ont coupés de ce qui nourrit le sens de l’existence. Le réveil de l’inconscient en nous peut susciter un trouble du comportement ainsi que de la peur face à l’inconnu. Les disciples bouleversés nous ressemblent lorsque l’appel à venir à Dieu nous pousse à quitter nos zones de confort, nos rites, nos habitudes.
Jésus n’avait pas embarqué, car il voulait prier. Ce n’est qu’à la 4e veille, à la fin de la nuit, qu’il vint vers eux en marchant sur la mer. Cette image traduit notre vie spirituelle, lorsque nous ressentons la crise du réveil intérieur, ou bien lorsque nous traversons une nouvelle étape dans notre croissance personnelle.
En venant vers eux, sans craindre leur état intérieur troublé et apeuré, Jésus dit : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur ». Pierre retrouve aussitôt confiance en lui et lui demande : « si c’est toi, ordonne-moi de venir vers toi ». Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descend de la barque et il peut marcher sur les eaux aussi longtemps qu’il tient son regard fixé sur Jésus. Mais dès qu’il retourne son regard sur la mer, il commence à enfoncer. Belle image qui renvoie à notre Foi en Dieu qui nous tient dans le regard. « Laisse-toi regarder par le Christ, car Il t’aime ! », chantons-nous si souvent…
Une fois embarqué avec les disciples dans le bateau, le vent tomba. Par cette image, Saint-Matthieu veut nous aider à accueillir Jésus personnellement dans nos vies. Il nous enseigne comment embarquer Dieu dans le bateau de notre existence pour aller le chemin de la Vie éternelle, le chemin vers notre port d’attache : « vers mon Père et votre Père », disait souvent Jésus à ses disciples.
Chacun de nous connait des personnes qui ne sont jamais en paix. Elles ne sont jamais satisfaites avec elles-mêmes et à leurs contacts naissent des tensions ou bien des conflits.
Il y a une trentaine d’années, un jeune homme avait décidé de quitter l’Église. Il croyait que Dieu n’était pas important dans sa vie et qu’Il ne lui manquait pas. Mais, dans son comportement, on pouvait facilement lire une agitation intérieure et une insatisfaction profonde de ne pas être en paix avec soi-même. Un de ses bons amis lui dit alors : « ton agitation intérieure va te rendre malade et tu finiras par devenir agressif !» Lors d’une retraite dans un monastère, il choisit enfin d’ouvrir son cœur et de dire la blessure affective. Il accepta de laisser Dieu embarquer à nouveau dans sa vie. Il fut bouleversé par la venue de la lumière en lui. Quelques semaines plus tard, il a retrouvé une vraie Paix intérieure et la joie est revenue dans son cœur.
Je vous souhaite de laisser Jésus embarquer dans votre vie. Alors, les crises, les tempêtes intérieures n’auront plus la force de vous renverser. Je vous souhaite de ne pas avoir peur de sa présence en vous pour contrer les vagues. Alors vous marcherez sur l’eau, comme Jésus pour aller à Dieu.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Transfiguration du Seigneur — Année A : évangile selon Saint-Matthieu 17, 1-9 
« Transformer chaque instant du quotidien en éternité ! »
Le temps fort des JMJ de Lisbonne se clôture par l’Évangile de la Transfiguration de Jésus sur le mont Tabor. Des jeunes venus du monde entier vivent un moment fort. Leur expérience comme chacune de nos expériences intenses aide à la transformation de notre vie.
Accompagné de deux disciples, Jésus était monté sur la haute montagne et fut transfiguré devant eux. Il s’agit d’une expérience de métamorphose, d’un changement d’un être en un autre, d’une transformation totale de Jésus : « Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille ».
L’expérience spirituelle de la transfiguration signifie que nous vivons des métamorphoses et nous les avons souvent oubliées. Les disciples connaissaient bien Jésus ; mais ils l’ont enfermé dans les images qu’ils avaient d’eux-mêmes. La transfiguration, c’est d’abord l’expérience intérieure d’être connecté avec l’image originale que Dieu à de nous-mêmes, dépouillées des idées, des représentations culturelles et religieuses qui ont marqué notre vie. C’est également une clarification personnelle libératrice.
L’Évangile de la Transfiguration de Jésus vient indiquer le but de la vie : retrouver l’image originale de Dieu en nous. Comment pouvons-nous travailler à ce que quelque chose s’éclaircisse en nous et sortir du flou qui obscurcit notre vrai moi pour accueillir l’image originale de Dieu en soi ? Eckart Kästner a écrit dans son livre « The Hourly Drum from Mount Athos » (Le tambour du Mont Athos) : « Ce sont toujours les regards d’amour qui nous transfigurent ». Les regards d’amour, nous permettent de reconnaître la vérité chez les autres et en nous-mêmes.
Pierre dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici !… Je vais dresser ici trois tentes ». Pierre veut arrêter le temps pour garder cette expérience de la métamorphose du Christ. Mais Jésus refuse de s’installer sur la montagne ; Il invite à redescendre de la montagne. Transformer chaque instant du quotidien en signaux d’éternités ! C’est dans les choses de tous les jours que nous sommes témoins de l’invisible et que nous faisons apparaître Dieu à l’ouvrage.
«Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui ». Moïse est l’archétype du législateur et le leader de la liberté. Lorsque nous reconnaissons en nous la Lumière de Dieu, nous devenons libres et nous n’avons plus besoin de nous justifier pour autrui ! Élie est la figure du prophète. Chacun à sa manière, nous exprimons et nous sommes un reflet de la gloire de Dieu. La présence à soi, nous aide à sortir du flou, de l’anonymat, de la tiédeur, de l’oppression ou de l’injustice parce que c’est Dieu qui est la Lumière. Notre vie renaît alors à la liberté pour laquelle Dieu nous veut à son image. Nous pouvons vérifier l’authenticité de cette renaissances, lorsqu’une joie et une force nous saisissent et nous donnent des ailes pour témoigner de Dieu dans le monde.
Ainsi, cette page d’évangile nous montre le but : la transfiguration de nos vies et le rayonnement de l’image originale et claire de Dieu à travers notre visage, reflet du visage lumineux, celui du Christ.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 17e Dim. A : Évangile selon Saint-Matthieu, 13, 44-52 ; « Transforme tes blessures en perles ! »
Il leur parlait en paraboles et elles fascinaient son public, malgré leurs caractères provocateurs. Par ses images, Jésus invite à la conversion du regard sur soi-même, sur les autres et sur Dieu. Pour le rendre à lui-même, Jésus cherche notre cœur, notre noyau central en mettant face à face l’âme et l’ego.
Ces deux aspects de notre vie, nous les retrouvons dans des deux paraboles du trésor caché et de la perle précieuse. Jésus nous montre comment et où trouver le vrai Soi représenté par le trésor et la perle.
Le trésor est caché dans le champ. Nous devons creuser en pleine terre de notre âme. Celui qui creuse la terre se salit les mains. Le champ, la terre symbolise la dimension terrestre de l’être humain, y compris ses zones d’ombres. D’une part nous associons à la terre une idée de saleté ; mais nous lui associons aussi la fécondité. C’est dans ce champ que pousse et croît le grain. Tout cultivateur apprécie la bonne terre arable. Il aime en prendre dans ses mains, la soupeser, se sentir. Ce contact avec la terre laisse plutôt indifférents les citadins qui préfèrent les routes goudronnées. Volontiers, je fais un clin d’œil aux agriculteurs qui présentent leurs métiers en ces jours à la foire agricole de Libramont…
Selon Jésus, notre véritable Soi gît caché dans notre bonne terre. Il nous faut creuser en profondeur pour y avoir accès. Cela signifie qu’il faut mettre la main dans le cambouis et vouloir se salir les mains. Il faut vouloir creuser nos peurs, nos dépressions, nos conflits et le chaos qui sont en nous, pour parvenir au fond de l’âme. Beaucoup de gens veulent bien voir le trésor au fond d’eux-mêmes, mais sans vouloir se salir les mains. Les psychologues appellent cela le raccourci spirituel ou encore, le spirituel bypassing (en se contournant). Ils veulent arriver au trésor sans traverser la réalité de l’existence faite de joies et de souffrances. Jésus veut nous donner le courage et la joie de rechercher notre véritable Soi en creusant jusqu’au fond nos expériences et nos rencontres. Seulement alors, nous guérirons et nous serons libres.
L’image de la perle précieuse, qui amène un marchand à vendre tout ce qu’il possède, nous montre un autre chemin de l’âme. La perle se développe et grandit dans les blessures de l’huître. Sur notre chemin spirituel et sur celui de notre individualisation, il importe de découvrir la perle précisément dans les blessures de l’histoire de notre vie.
Henry Nouwen, spécialiste de théologie pastorale dit : « les ruptures et blessures que nous portons en nous brisent aussi les masques que nous avons mis sur nos visages et font apparaître notre vrai Soi. »
Nous cessons alors de nous cacher derrière une façade. Nous laissons nos blessures faire éclater les cuirasses dont nous avons entouré notre cœur pour nous protéger de la souffrance.
Jésus nous invite d’abord à découvrir dans les blessures, la perle, notre vrai Soi. Dès que nous l’aurons trouvée, la blessure cessera de nous faire mal. Mais elle demeurera. Hildegard von Bingen avait bien compris cette parabole. Elle disait que le but même de l’accès à notre pleine humanité consiste à transformer les blessures en perles. N’est-ce pas précisément dans nos blessures que sont nées nos capacités à mieux comprendre les autres, à mieux les aimer et à pouvoir les accompagner sur leur route ?
Ses deux paraboles du trésor caché et de la perle précieuse transforment notre façon de considérer le chemin vers la connaissance de Soi. Nous comptions trouver le Soi par un cheminement intellectuel ou grâce aux méthodes thérapeutiques ou spirituelles. Mais Jésus nous montre le chemin de l’humilité : le chemin vers notre propre intériorité où nous acceptons nos parts d’ombre, l’enracinement terrien de notre vie et de nos blessures. C’est là que gisent le trésor et la perle précieuse, c’est là que nous avons une chance de rejoindre notre liberté. Certains ont l’impression qu’ils ne font que creuser et se salir les mains. Qu’ils ne désespèrent pas, et continuent à creuser avec confiance. Un beau jour le trésor caché en eux, la vie de l’âme coulera comme la source qui féconde la bonne graine.
Votre curé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 16e Dim. A : Évangile selon Saint-Mathieu 13, 24-43
« Réveille ton courage, laboure bien ton champ ! »
Après la parabole du semeur, nous entendons celle du bon grain et de l’ivraie. Une belle image pour nous apprendre à gérer nos zones d’ombre. L’être humain est intérieurement structuré par des pôles antagonistes. Il porte en lui l’amour et l’agressivité ; la raison et l’émotion ; la gentillesse et la dureté ; l’animus et l’anima, les pôles psychiques féminins et masculins. Souvent, nous ne vivons qu’un des deux pôles et refoulons l’autre. Mais tant que l’autre pôle demeure refoulé dans l’ombre, il a des effets destructeurs sur nous-mêmes. L’agressivité refoulée, par exemple, peut se manifester sous la forme d’une hyperémotivité et nous submerger. L’agressivité refoulée s’exprime alors par le biais de maladies.
Dans la parabole, c’est un tel choc qui est décrit. Les serviteurs du maître qui ont semé du bon grain dans le champ sont confrontés à un ennemi. « Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? » Il leur dit : « C’est un ennemi qui a fait cela ».
Nous sommes persuadés que nous avons semé de la bonne graine dans le champ de notre âme. Mais nous découvrons également de l’ivraie au milieu du froment. Comme les serviteurs, nous aimerions l’arracher nous-mêmes et tout de suite. Mais le maître leur dit : « Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier ». L’ivraie dont parle Jésus est ladite ivraie annuelle (lolium perenne) qui ressemble au froment et dont les racines s’entremêlent à celles du froment.
Nous voulons être que bons et impeccables ; pourtant, nous ressentons notre penchant mauvais. Nous voulons être exclusivement aimables ; pourtant, nous ressentons de la haine et de la vengeance qui rôdent au fond de nous. Nous sommes effrayés de l’ivraie qui pousse en nous, et nous sommes tentés de vouloir l’arracher sur-le-champ. Mais en voulant nier l’ivraie, nous arracherions en même temps le froment.
Si l’on voulait, par souci de perfectionnisme, arracher de notre âme toute forme d’ivraie, nous ne pourrions pas non plus récolter du froment, et la vie deviendrait stérile, sans fruit. La fécondité de notre vie n’est jamais l’expression d’une existence absolument parfaite, mais elle découle en la confiance que nous pouvons avoir au froment, plus résistant que l’ivraie, et qu’il nous est possible d’empêcher le mauvais de prendre racine en nous, et même que nous pouvons l’écarter de nous.
Je vous raconte cette histoire de moines bénédictins : un jeune novice dit à son maître : « Chaque fois que je fais quelque chose de bon, les démons surgissent en moi et viennent jeter le doute. Lorsque je prie, ils me disent que je suis démonstratif ; lorsque je rends service, ils me disent que je cherche à me mettre en avant pour me faire remarquer. Toutes mes bonnes actions sont mêlées aux mauvais sentiments et ne valent pas la peine. Eh bien oui, dit le maître. Écoute cette histoire : « Dans une ville, il y avait deux fermiers. Tous les deux voulaient sortir et semer du blé. Mais, ils remarquèrent que le grain était non épuré. Le premier dit : « je ne sème pas du grain non épuré dans mon champ ». L’autre avait jeté en terre tout son grain. Un an plus tard survint une famine dans la ville. Lequel des deux fermiers avait de quoi manger ? Le jeune novice répondit : celui qui avait semé le grain non épuré. ! Alors, le maître lui répondit : « viens, semons les grains non épurés pour avoir quelque chose à manger ».
Si effectivement, toutes nos actions sont quelque part égoïstes, sans nous mentir, alors de reconnaitre avec humilité que c’est bien nous, nous aidera vraiment à donner tout le meilleur de nous-mêmes. Car ce qui importe avant tout, n’est-ce pas que tous aient quelque chose à manger ? Oui, donnons le meilleur de nous-mêmes pour nourrir les autres afin d’être un signe prophétique d’espérance au cœur du monde.
Je vous souhaite de réveiller le courage de labourer avec persévérance notre champ, et, même non épuré, de vous épanouir pour que personne ne soit sans nourriture, sans la joie de connaître Dieu.
Votre curé, Joseph Schmetz

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Méditation du 15e dim. A ; évangile selon Saint Matthieu : 13, 1-23 
« La Parole féconde « .
Dans les conversations, j’entends souvent dire que les gens sont malheureux. Quand je demande pourquoi, c’est souvent parce que les images qu’ils ont d’eux-mêmes et de la vie ne correspondent pas à la réalité. De fait, puisque la façon dont nous nous percevons dépend des images intérieures que nous portons en nous. Dans les paraboles, Jésus veut nous libérer des images qui nous rendent malades et nous offrir des images de guérison. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à regarder dans notre propre vie les images négatives qui nous empêchent de réussir. Et il nous dessine une image d’espoir pour l’épanouissement de notre vie avec des fruits.
« Voici que le semeur est sorti pour semer ». Cette image de l’agriculture, tout le monde la comprend. Jésus se sert de l’image des semailles pour nous monter la fécondité de sa parole et des fruits qu’elle porte. Mais Jésus décrit aussi trois obstacles que nous rencontrons. Ces obstacles empêchent la parole de Dieu, mais aussi les bonnes paroles d’autrui, de pénétrer au plus profond de notre âme et de porter du fruit.
« Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin ». Sur le chemin, les graines ne peuvent pas pénétrer dans la terre. Le chemin est une image pour notre activité. Nous piétinons notre vie d’intériorité avec toutes sortes d’activités. Nous sommes tellement occupés par des choses extérieures que la parole de Jésus n’a aucune chance de nous toucher. Nous ne vivons qu’en surface, déconnectés de nous-même. Les oiseaux du ciel mangent la semence. Les oiseaux représentent les nombreuses pensées qui nous distraient et traversent la tête.
« D’autres sont tombés sur le sol pierreux ». Le sol pierreux est une image qui renvoie aux émotions. La Parole de Dieu ne pénètre qu’en surface de nous-même. L’enthousiasme nous emporte. C’est la tyrannie des envies qui nous ferme à la profondeur du cœur. La graine ne peut pas prendre racine.
Notre foi a besoin de racines. Elles sont les expériences de foi de nos parents et grands-parents, nos ancêtres. Celui qui veut pénétrer dans les profondeurs de l’histoire de sa vie, il va à la rencontre de ses racines. La dépression s’explique souvent par un manque d’enracinement dans sa vie personnelle ».
Réfléchissons un instant : nous sommes assis masqué dans l’église de Welkenraedt. Imaginez maintenant quel fut le partage de la foi qui a soutenu cette paroisse pendant 800 ans ! Et le nombre incalculable d’enfants, d’hommes et de femmes qui ont cherché Dieu ! Aujourd’hui, il n’est pas faux d’affirmer que nous avons une part de leur foi. Ainsi notre foi prend racine.
« D’autres sont tombés dans les ronces ». Les ronces sont comparées au souci, aux préoccupations journalières et au tourment de ce monde. Constamment préoccupés par l’avenir, par notre santé, par nos finances. Il y a des gens qui ne sont pas libres parce assailli par les préocupations. Ils ne sont pas ouverts au message évangélique, aux paroles d’espoir et de confiance. Les nombreux soucis étouffent la graine. La Parole de Dieu ne peut pas grandir en eux. Les épines qui piquent sont aussi une image des blessures que nous avons subies. Ces personnes tournent constamment autour des blessures de leur passé. La blessure pourrait bien devenir une porte d’entrée pour la Parole de Jésus. Mais lorsque nous fouillons dans nos blessures, lorsque nous regrettons constamment que les autres nous aient blessés si profondément, alors nous nous fermons à la transformation que la Parole de Dieu veut opérer en nous.
« D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un ». Pour les Pères de l’Église, la terre fertile est le fondement de notre âme. La parole de Jésus doit pénétrer au plus profond de notre âme, à travers toutes nos émotions et nos passions. Là seulement, elle va s’épanouir. Ce fondement de l’âme, cette terre fertile est en chacun de nous. Avec les trois premières images, Jésus veut nous exhorter à fouiller notre conscience, là où nous avons piétiné notre âme, où nous laissons la Parole de Dieu entrer seulement au niveau de nos émotions, mais pas au fond de l’âme, et où nos soucis étouffent la graine.
Par la quatrième image, Jésus veut nous donner de l’espoir. Matthieu pense ici au lien entre l’écoute et l’action. La parole de Jésus porte son fruit en nous lorsque nous faisons ce que nous entendons. Mais la vitalité et la fécondité ne sont-ils pas les signes d’une véritable vie spirituelle. Celui qui se laisse transformer par Dieu est reconnaissable par une fertilité, une vitalité, une imagination et une créativité saine. La psychologie d’aujourd’hui a deux images pour dire la réussite de la vie : le flux, quand la vie coule, quand tout est en mouvement unifié et paisible, et l’épanouissement, lorsque la vie s’épanouit et ouverte, nous rend profondément heureux, ainsi que les autres autour de nous.
Ainsi, je vous souhaite de porter du fruit, pour être une bénédiction pour les autres. Celui qui ne regarde constamment que ses erreurs ou regarde pour voir s’il a accompli tous les commandements, n’a pas compris l’effet fécond des paroles de Jésus, n’a pas saisi le mystère de Jésus dans sa vie. Amen
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 13e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 10, 37-42
« Annoncez les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. »

Nous entendons une succession de maximes dans la bouche de Jésus qui nous appelle à faire les choix nécessaires pour devenir libres de témoigner de notre appartenance au Christ, notre unique ressource.

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». Si ses paroles doivent être comprises dans un contexte de persécution, hier comme aujourd’hui, elles provoquent un recul. Nous savons également, combien il en couter cher à ceux qui choisissent de témoigner du Christ. Parfois, la conversion à la foi chrétienne provoque une déchirure dans le tissu familial.

Venu prendre soin des relations difficiles entre parents et enfants, Jésus apparaît comme un thérapeute de la famille qui, il y a 2000 ans, anticipait ce que nous enseignent aujourd’hui les psychologues. Son évangile vient dénouer les noeufs et résoudre bien des conflits familiaux. Il invite les parents et les enfants à adopter de nouveaux comportements. Ceux-ci naissent, lorsque le père reconnaît en son fils un être unique et qu’il cesse de projeter en lui ses attentes. N’entendons-nous pas souvent : « Mon fils doit devenir comme son père… , ou bien, mon fils doit accomplir ce que je n’ai pu réaliser, entreprendre des études et devenir quelqu’un… » La nouveauté est possible, lorsque la mère arrête de projeter sur sa fille ses propres représentations de la condition de femme ; lorsque sa fille lui rappelle ses propres dimensions non vécues qu’elle combat en elle, alors que son enfant est en train de lui révéler ses zones d’ombre.

Jésus apprend au père et au mère à porter un autre regard sur leurs enfants : ils doivent découvrir, ou entrevoir l’image unique que Dieu s’est faite de leurs enfants au lien de projeter celles qu’ils se font d’eux.

Dans les relations entre sexes opposés (père/filles ; mère/fils), la guérison passe par la mort et la résurrection. La fille doit rompre le lien symbolique avec le père, et le fils, la relation fusionnelle avec la mère. Il leur faut se débarrasser de cette identité qui les a amenés à se définir intégralement en fonction du père ou de la mère. Jésus n’ignore rien des entrelacs familiaux ; il les met la lumière. Il traite le père, la mère, le fils, la fille avec justesse et empathie, de façon qu’ils soient eux-mêmes et puissent suivre leur propre voie tout en gardant de bonnes relations entre eux. Il ne s’attache pas à régler les problèmes du passé, mais indique le chemin à suivre pour l’avenir.

Le prophète, messager de Dieu, lorsqu’il est accueilli, donne de faire l’expérience de connaître sa source intérieure et de vivre une profonde compréhension et attention à soi et aux autres. L’homme juste qui pourrait-être aussi la personne de l’accompagnement spirituel ou du thérapeute comme une sorte de « suppléance de l’accompagnement parental », c’est aller vers sa guérison et sa liberté d’apôtre.

Ce que Dieu nous donne n’est pas quantifiable ; c’est du domaine de l’éveil à la conscience d’être soi. Appelés à vivre dans son intimité, naissent de véritables relations d’amour. Savoir que l’avoir compte peu en regard de la profondeur et la beauté unique de la personne nourrit la communication entre les êtres.

Donnez un verre d’eau fraîche et savoir le recevoir est digne du respect de la personne, quel que soit sa langue, son pays, sa culture, sa race, son genre, son statut social, son histoire.

Je vous souhaite la confiance en soi pour vivre la transformation intérieure et la guérison de la lutte intérieure pour nous libérer des rôles que nous avons joués dans la famille et nous rendre notre nouvelle identité de vrai disciple.

Votre abbé Joseph SCHMETZ

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Méditation sur ce repos bien mérité et consacré par Dieu lui-même.

L’été a déjà commencé, et avec lui la période tant attendue, surtout des écoliers, des « grandes vacances ». Si Charlemagne a inventé l’école, qui a donc inventé les vacances ? 

« Qui a eu cette idée folle d’un jour inventer l’école ? », demande la chanson. Et des générations entières de répondre : Charlemagne ! Sans discuter la vérité historique de l’affirmation, notons que l’on demande rarement quel est l’inventeur des vacances. Une idée vieille comme le monde sûrement, mise à la mode par les Britanniques au XVIIIe siècle avec le Grand Tour, en France mise en œuvre par le Front populaire en 1936 avec ces fameuses semaines de congés payés. 

À vrai dire, le mérite de ce repos attendu entre deux périodes de travail revient au Créateur lui-même. Qui a d’ailleurs eu le bonheur de le goûter lui-même (Gn 2, 2) : « Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu’il avait faite. » Dieu a donc bien inventé les vacances ! Et leur a donné une grande dignité (Gn 2, 3) : « Et Dieu bénit le septième jour : il le sanctifia puisque, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite. » 

Le premier livre de la Bible ne détaille pas tellement les activités de loisir organisées là-haut par le Seigneur. Pourtant, le texte laisse clairement penser que le repos divin n’est pas une oisiveté autocentrée. Il s’agit de regarder l’œuvre accomplie, parce que les vacances sont d’abord cela : la récompense d’un travail donné. Il s’agit même de la contempler, comme le fruit de la grâce du Créateur qui a voulu que l’homme participât, même imparfaitement et péniblement, à la Création. 

Comme le dimanche pour une semaine, les vacances pour une année sont ordonnées à l’action de grâce et à la remise de nos vies à Dieu. Dans le cours des événements, il n’est pas toujours facile de remettre au Seigneur tous les moments vécus et les tâches réalisées. Seul le changement de rythme ou de lieu permet d’orienter les préoccupations de la terre vers les réalités du ciel. Voilà pourquoi les vacances ont été inventées.

Vacances vient de vacant, du latin « vacans », participe passé du verbe « vacare » : être libre, inoccupé, vaquer, c’est aussi suspendre ses fonctions, être en vacances : « je vais vaquer tout le mois de juillet ! »  Je me permets d’être différent, de lâcher les rôles que je joue habituellement. L’objectif de « vaquer » est que je me permette d’être moi-même. 

Souvent, nous nous adaptons à notre environnement. Les attentes des autres sur nous viennent conditionner nos comportements. Nous voulons plaire et nous rendre populaires. Les vacances sont un temps pour être Soi, et se sentie libres à l’intérieur des contraintes quotidiennes. Plus besoin de prouver quoi que ce soit, stopper la productivité et le rendement, plus besoin de se présenter. Être simplement là !  Pour ressentir cette différence, il est bon de ne pas planifier le temps des vacances ou de le remplir d’activités de toutes sortes. Vaquer à des occupations différentes, comme de la randonnée, de l’alpinisme, la visite de lieux inconnus, de la natation, de la lecture… 

Pourquoi ne pas vivre des moments à ne rien faire, et s’asseoir sur un banc pour regarder au loin le paysage en silence ? Il se dégage une grande paix et une sensation d’ouverture pour la beauté qui s’offre à nous. Regarder, ne rien faire, ne rien apporter, ne pas avoir de nouvelles idées, mais juste goûter à la bonté pour le corps et l’esprit. 

Je vous souhaite, soit de passer de belles vacances, soit de prendre le temps de vous asseoir dans un coin de nature pour simplement regarder, entendre, sentir, percevoir et apprécier la beauté du paysage. La nature nous donne d’être Soi, car la nature ne juge pas. Entourés par sa beauté, sa vitalité, sa grandeur, nous sommes acceptés et aimés pour nous-mêmes. Nous faisons partie de cette nature. Nous pouvons ressentir un profond sentiment d’appartenance et réciprocité. Cela fait du bien… Dans ce sens, je vous souhaite un temps béni, beau et relaxant, dans lequel vous obtiendrez ce dont vous avez besoin maintenant pour votre corps, votre esprit et votre âme. 

Bonnes vacances ! 

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Méditation du 11e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 9, 36 – 10, 8 ; « Jésus saisi de compassion envers les foules »

En présence des foules désemparées et abattues, Jésus est saisi de compassion. Elles sont là, comme des brebis sans berger. Beaucoup de contemporains vivent une situation éprouvante qui les terrasse, les vides ; alors désemparés, les gens perdent toutes leurs énergies et le sens de leurs existences. Désorientées, sans guides ni boussoles les personnes errent sur les voies sans issue.

La perception douloureuse d’une foule sans berger va mettre Jésus en marche. Il appela ses disciples et leur donne de proclamer la proximité du Royaume à tous ! Il leur donne le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. La question résonne également pour nous aujourd’hui. La mission de l’Église par qui nous sommes tous envoyés, auprès des personnes fragilisées et égarées, perdues, n’est-elle pas un service de la compassion même de Jésus ?

Annoncer que le royaume des Cieux est tout proche, ce n’est pas s’installer dans le cocon de l’église, rechercher des  sécurités de son institution, ni chercher à enfumer les esprits avec des bondieuseries…

Notre mission de compassion et d’être témoins de Jésus. Rendre confiance aux personnes enfermées dans la peur, apporter réconfort aux malades de toutes sortes, relever les paralysés aux bords des routes, aider les personnes à repartir à oser un nouveau commencement, ressusciter les morts ; tout cela, nous ne pouvons le faire que si nous laissons la mort nous piquer, nous bouleverser ; il faut être passé soi-même de la mort à la vie pour avoir toutes les audaces.

La force du témoin d’être dans l’acceptation de chaque personne, de sa beauté et de sa dignité, quelques soit son passer pour lui révéler sa grandeur est aujourd’hui une mission urgente. Ce qui est impur, c’est en fait ce que nous ne voulons pas accepter, ou voir en nous même ! Mais si nous avons l’expérience d’être acceptés telle que nous sommes, alors nous sommes purs !

En ce temps de crise climatique, de crise de l’Église, de crises sociales circulent beaucoup de discours et démons. Les théories négationnistes, les théories populistes, les mouvances nationalistes fondées sur la peur et le manque sont les démons, nos démons qu’il faut chasser, pour ne pas laisser la raison, la sagesse nous illuminer, nous guider vers notre liberté d’enfants de Dieu. Ils cherchent à détourner notre regard de la réalité telle qu’elle s’offre à nous.

Je vous souhaite cette compassion qui est celle-là même de Jésus pour à notre tour, guérir les malades, ressusciter les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons.

Votre curé Joseph SCHMETZ

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Méditation du dimanche de la Sainte Trinité A : Évangile selon Saint-Jean 3, 16-18 « Dieu a envoyé son Fils, pour que, par Lui, le monde soit sauvé »

Aujourd’hui, l’Église catholique fête la Sainte Trinité. Une réalité mystérieuse : un seul Dieu dans l’unité d’amour de trois personnes distinctes, égales et indivisibles, le Père, le Fils, l’Esprit. Pour l’homme moderne, c’est étrange et pour nos frères juifs et musulmans, le christianisme est une religion polythéiste.
Le mystère de la Sainte Trinité n’est pas un concept ou une idée de Dieu. Chercher à connaître Dieu et dire quelque chose de Lui a toujours été le signe d’un Dieu qui s’est ouvert aux humains. Dieu parle au monde et particulièrement aux humains. C’est pourquoi il nous est impossible de parler de Dieu sans parler de notre propre expérience humaine ; comme il nous est tout aussi impossible de parler de l’humanité sans parler de Dieu. Maurice Zundel, dans son livre, « Le Problème que nous sommes » (éd. Le Sarment, Fayard, 2000, pp 39-42) , disait de la Trinité : «(…) la Trinité est la délivrance d’un cauchemar où l’humanité se débat quand elle se situe en face d’une divinité dont elle dépend et à laquelle elle est assujettie : pourquoi Lui plutôt que moi? Pourquoi suis-je la créature, et Lui le Créateur ? Pourquoi, s’il est mon créateur, m’a-t-il mis dans cette situation de savoir que je suis son esclave ? Pourquoi m’a-t-il donné juste assez d’intelligence pour comprendre que je dépends de Lui ? Il y a une révolte sourde et implacable qui monte du coeur de l’homme dans cette confrontation de son esprit avec cette espèce de Dieu qui lui apparaît comme le rouleau compresseur de l’esprit, qui nourrit une théologie sacrificielle, expiationniste, cette théologie de substitution aux pratiques honteuses qui enferme l’humain dans une servitude !
Dans l’ouverture du Coeur de Dieu à travers le Coeur du Christ, il y a justement cette manifestation incroyable et merveilleuse que Dieu est ouvert, qu’il est Dieu parce qu’il se communique, qu’il est Dieu parce qu’il se donne tout, parce qu’il est la désappropriation infinie et éternelle, parce qu’il a la transparence d’un enfant, une transparence où toute espèce d’appropriation est impossible, où le regard est toujours dirigé vers un l’Autre, où la personnalité, où le moi, n’est qu’un pur et infini altruisme. C’est là la grande confidence qui resplendit dans l’Évangile du Christ ! La perle du royaume, c’est que Dieu soit ce Dieu-là ! « Dieu a envoyé son Fils, pour que, par Lui, le monde soit sauvé ».
Dans sa foi l’Église parle de Dieu, qui est Père, créateur créant le ciel et la terre et tout ce qu’ils enferment. Il est venu habiter chez nous ; c’est Jésus l’envoyé du Père ; pour être à notre niveau et nous parler les yeux dans les yeux. Il est mort pour nous ; Dieu l’a ressuscité et Il est avec nous sur nos chemins de vie. Le Saint-Esprit qui est en nous, nous le fait connaître et aimer. Le Père comme étant la source, la vie que nous recevons par le Fils, dans la tendresse infinie de l’Esprit-Saint.
La philosophie grecque distinguait en l’humain trois parties ou plutôt trois puissances différentes ; le désir, le cœur et la raison. Plus tard, tous les humanistes de l’histoire vont définir l’humain en « animal raisonnable » et distinguer l’âme, l’esprit et le corps. L’être humain possède en lui-même, l’être, la vie et la raison. Les pères de l’Église décrivaient le mystère de la Trinité avec toutes ses manifestations dans notre vie d’homme, c’est-à-dire d’abord dans l’Église. La trinité sera comprise avec les trois notions : le Père, c’est l’Être, le Fils est la Vie et l’Esprit vit parmi nous et se fait plus clairement connaître. Grégoire de Nazianze disait bien que Dieu ne pouvait pas se révéler trop brutalement à l’homme, ou plus exactement que si sa révélation est unique, il sait prendre le temps qu’il faut pour que l’homme puisse percevoir un tout petit peu ce qu’est ce mystère insondable de la Trinité ; c’est là la « pédagogie divine ».
Humainement, nous pouvons faire l’expérience trinitaire, d’abord de la vie de l’être en nous sous la forme d’un roc intérieur, d’une aspiration semblable à l’expérience de la quille d’un bateau, sans aucun besoin de justification ni d’explication. Ces ‘temps d’être’ en présence de soi-même et à l’écoute de la voie de l’Être au plus profond de soi est une vraie expérience de Dieu. Ensuite, la vitalité qui nous traverse, cette sensation d’être vivant et d’épanouissement personnel de la vie est l’expérience de la filiation et de Jésus qui vient nous visiter, nous libérer pour nous relever afin que nous marchions en apôtre. L’Esprit-Saint en nous pour nous faire comprendre et nous donner la connaissance du mystère de l’être et de la vitalité. Il nous le fait connaître et nous rend à notre dignité et à notre vocation. Je vous souhaite de croire au nom du Fils unique de Dieu pour ne pas se perdre et errer dans le vide.
Votre abbé Joseph SCHMETZ
 
Méditation du Dimanche de la Pentecôte A : selon l’évangile de Saint-Jean 20, 19-23 ; « Témoigner de l’Esprit de Jésus dans le monde ».
Ce week-end, nous célébrons la grande fête de la Pentecôte. Connaissez-vous les fruits de l’Esprit-Saint ? Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi, dons qui nous font grandir au service des autres.
Saint-Luc dans la première lecture et Saint-Jean dans l’évangile rapportent le mystère de la Pentecôte de manière très différente. Saint-Luc le décrit comme un violent coup de vent venu du ciel. Chacun des apôtres sent que quelque chose se passe. Leur transformation intérieure s’exprime par des langues de feu qui viennent se poser sur chacun d’eux. Alors, remplis d’Esprit-Saint, ils sortent du mutisme qui les gardait enfermés. Il aura suffi d’une étincelle pour qu’ils sortent et se mettent à parler en d’autres langues. Le sens du mystère de la Pentecôte, n’est-il pas d’abord, de pouvoir parler un langage aux humains que chacun comprend pour lui ? C’est l’usage d’un langage qui parle à l’être et au cœur de l’humain et qui vient le réchauffer, l’éclairer, le grandir et se lever pour marcher en apôtre de Jésus.
Saint-Jean décrit différemment la Pentecôte. Il est moins dramatique que Luc. Il situe l’évènement au soir de Pâques. Alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples sont verrouillées, Jésus est là et Il souffle sur eux en leur disant : « Recevez l’Esprit-Saint ». C’est par un souffle, que Jésus leur transmet son esprit d’amour, son esprit de force, son esprit de foi en lui et de confiance en eux.
La Pentecôte signifie ici l’Esprit-Saint qui pénètre en nous, pour que nous adoptions les manières qu’à Dieu d’être au monde, sa manière de le concevoir et de parler aux êtres Vivants. Il ne s’agit pas de copier et coller Jésus sur nos vies et sur la vie des autres, mais bien plus d’écouter les inspirations et les élans de sa voie en nous pour attester de sa résurrection, et par nous dans le monde. L’Esprit-Saint donne confiance en soi, il donne le vrai souffle, lorsque l’esprit mal-sain, cherchent à étouffer ou bien à mentir, tricher, déformer accuser…
Le témoignage des couples et de l’amour conjugal est une belle image pour dire le mystère de la Pentecôte. Parfois, on peut voir qu’un même esprit habite et anime le couple ; il y a une harmonie et une force qui peut être révélatrice de la présence entre eux de l’Esprit-Saint. Ils forment ensemble une citadelle imprenable et un foyer de lumière pour le monde.
Nous avons en nous cet Esprit-Saint et sa force, nous permet d’accéder par soi-même à la conversion et à la guérison. Par ses paroles et ses gestes libérateurs, Jésus met les gens en contact avec leur source intérieure, avec leurs propres ressources auxquelles les personnes peuvent puiser pour se relever.
L’Esprit-Saint révèle en nous ce potentiel : en nous il y a un AMOUR qui n’a encore que peu donné. Jésus fait entièrement confiance aux forces salvatrices en chacun de nous.
Il suffit de croire, il suffit d’une étincelle et le langage donne un nouveau commencement à l’Église.
L’Esprit-Saint fait naître l’Église, la communauté des croyants envoyés aux périphéries. Alors, rendus dignes et capable de toutes les audaces pour accompagner aujourd’hui des gens comme Jésus lui-même le faisait en son temps. Des signes semblables à ceux rapportés dans les évangiles sont lisibles et offerts : les malades guérissent, les lépreux sont purifiés et des démons chassés.
Je vous souhaite de savoir lire les signes des temps pour osez avancer en eau profonde, C’est son souffle qui est sa nouvelle présence en nous et son intensité par nous dans le monde.
« Demandons à l’Esprit-Saint» – c’est une prière du Pape François – «la grâce de discerner ce qui est mondain et ce qui est évangélique et de ne pas nous laisser tromper, car le monde nous hait, le monde a haï Jésus et Jésus a prié pour que le Père nous défende de l’esprit du monde».
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 6e dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Jean 14, 15-21
« Jésus ne vous laisse pas seuls ».
La fête des Mères est une joie que nous aimons partager. Elle nous invite à regarder avec reconnaissance notre mère et notre père et de réfléchir à tout ce que nous avons reçu d’eux. Et s’il y a aussi quelques blessures, il s’agit de se réconcilier avec elles et de les transformer en perles. Les blessures font également partie de notre chemin de vie. Ainsi, c’est avec une gratitude profonde pour nos parents que nous voulons savoir : comment vivre plus intensément ce que nous faisons et ce que nous percevons de nos rencontres aux autres !
L’évangile que nous venons de proclamer, nous sommes au cénacle, à cette heure, ou confiné autour de Jésus, les disciples sont remplis de tristesse à l’annonce de son départ. Il finissait de leur demander de se croire en lui, et de se fier uniquement à lui. Notre seule demande à Dieu n’est-elle pas d’augmenter notre foi pour entrer dans notre beauté d’enfants de Dieu ?
Jésus les rassure : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur». Durant sa vie en Palestine, le Christ était notre Paraclet : notre cause a besoin d’être défendue contre l’hostilité des puissants et de l’univers. Mais également contre l’impatience de Dieu. Mais aujourd’hui, l’avocat de Nazareth, nous promet un autre défenseur, « l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas».
Jésus nomme ainsi son successeur. Le Souffle (l’Esprit-Saint) au secours de notre respiration précaire est le souffle de la vérité. Plus haut Jésus affirmait déjà : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Oui, Il est allé le chemin, sans se dérober, sans accuser personne, sans désigner le coupable. L’Esprit-Saint consolateur vient à notre secours, Lui sera avec nous, Il est en nous. C’est Lui qui nous rappellera la vie, les Paroles et le message de Jésus.
Puis, Jésus dit ses paroles réconfortantes : « Je ne vous laisserai pas orphelin, je reviens vers vous ». Sa façon de venir serait donc celle de nous quitter ? Il s’en va, mais pas sa respiration. Il reste chez des Galiléens, mais pas en Israël, chez une Syro-Phénisienne, mais pas dans les nations, chez deux centurions, mais pas dans l’empire, chez nous à qui il parle, mais pas dans les sociétés.
C’est son souffle qui est sa nouvelle présence en nous et son intensité par nous dans le monde. « En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous ». On peut entendre aussi : vous saurez que j’existe par mon Père et vous, qui n’êtes plus des serviteurs, mais mes Amis, par moi ; et Moi, en ce monde, par vous.
« Demandons à l’Esprit-Saint» – c’est une prière du Pape François – «la grâce de discerner ce qui est mondain et ce qui est évangélique et de ne pas nous laisser tromper, car le monde nous hait, le monde a haï Jésus et Jésus a prié pour que le Père nous défende de l’esprit du monde».
Votre abbé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 5e Dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Jean 14, 1-12 : « Avec Jésus, nous voyons plus profondément ».

L’évangile d’aujourd’hui ouvre le discours d’adieu de Jésus aux apôtres, juste avant son arrestation, dans la chambre haute. Il leur dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé… Je pars vous préparer une place ».

C’est une belle image que Jésus utilise juste avant d’être jugé dans un procès inique et crucifié. Il est en face de la mort, mais la violence de la mort ne l’empêchera pas de se révéler encore plus intensément à ceux qu’il appelle maintenant ses Amis ! Il voit la mort comme un passage pour aller nous préparer une demeure.

Cette image nous invite à comprendre que celles et ceux qui sont morts et qui ont fait le Grand-Passage, ont emmené quelque chose de nous avec eux. Ils emportent des expériences de joies, des souffrances que nous avons partagées avec eux pour nous préparer une demeure, si bien qu’au jour de notre propre Grand-Passage, nous n’entrons pas en terre inconnue.

Cette expérience peut être comparée à une autre image : lorsque vous vous promenez dans une prairie et qu’arrivé au bord d’un ruisseau, vous prenez votre sac à dos, le jeté d’abord de l’autre côté et puis vous sautez par-dessus l’eau pour l’autre rive. Ainsi peut-on dire au sujet des morts que nous avons aimé et connus ; ils prennent quelque chose de nous de l’autre côté et nous préparent une place.

Ensuite, Jésus dit : « Moi, Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Cette parole résume, ce qui a de plus grand dans l’évangile de Saint-Jean et qui en est le sommet. Cette nouvelle image signifie que suivre Jésus, c’est le chemin. Ou encore, marcher avec le Christ c’est déjà la vérité, et c’est vivre. Nous trouverons le chemin de la maison du Père si nous avons trouvé Jésus comme notre chemin.

Parfois, on rencontre des gens pour qui Jésus n’est qu’un maître de la loi, un donneur de leçon. Dans une telle relation à Dieu, on sent les personnes méfiantes et réticentes à écouter sa parole. Suivre Jésus leur fait peur et elles se rebellent jusqu’aux refus. Au lieu de les rendre plus vivants et plus libres, Jésus leur apparait comme le juge ; elles en ont peur. N’est-il pas bon de se demander : comment est-ce que je m’imagine la vie éternelle ? Qu’est-ce que j’attends « là-bas » ? Et qu’est-ce qui m’attend si je dois tout quitter ici ? Jésus utilise une image forte qui suscite sans doute un sentiment particulier chez beaucoup. Marcher avec Jésus, c’est la Vérité ! La vérité ne signifiant pas avoir raison. C’est plutôt l’expérience d’aller le chemin pour voir Dieu en tout. Guéris de l’aveuglement et dans l’Esprit-Saint, un regard est donné pour voir en profondeur. Jésus donne aux disciples de voir comme Dieu voit. C’est le regard mystique sur sa propre vie et la vie du monde.

Jésus conclut l’évangile par cette parole qui fait peur et qui interroge : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Elle interroge le fidèle qui se demande s’il a assez de foi en Dieu !

Elle pose question à ceux qui ne croient pas en Dieu ; connaitront-ils le Père ? Et puis il y a ceux qui se sont détournés de la religion qui nie maintenant l’existence de Dieu ; connaitront-ils le Père ?

Le grand Théologien Karl Rahner rencontrait ce questionnement. Dans la mort disait-il, chaque personne est appelée à la rencontre avec Dieu qui s’est manifesté en son Fils. Dans le visage du Christ, c’est le désir même, qui est inscrit au plus profond de l’être humain qui est rencontré et enfin comblé, de telle manière que chaque homme est sauvé et peut arriver à soi-même ainsi qu’à Dieu. Si durant sa vie l’homme n’a pas connu le Père, au moment du Grand Passage, s’il croit en Jésus, s’il reconnait Dieu fait Homme apparu en Jésus, il connait le Père instantanément.

Ainsi cette parole est une parole qui confirme notre intuition. Une parole d’espérance annonçant la Gloire de Dieu et l’Homme Vivant.

Votre abbé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 4e Dimanche de Pâques : Jésus, c’est Lui qui nous fait renaître. (Jean 10, 1-10)

« Par quelle porte laisses-tu venir en toi la voix qui t’appel : « Je suis la porte des brebis » ?
Dans l’évangile du « Bon Pasteur », Jésus déclare lui-même qu’Il est le bon pasteur. En grec, saint Jean utilise le mot καλός, qui signifie le beau pasteur. Jésus utilise cette image de la bergerie et du pasteur pour manifester l’image idéale du pasteur.
Le pasteur est celui qui fait sortir ses brebis et qui marche à leur tête. Le quatrième évangéliste met ici en opposition l’image du bon pasteur et celle du salarié (voleur et bandit). Dans les 1res communautés johannique les faux pasteurs cherchaient d’abord une rémunération et de la reconnaissance personnelle. En face de la persécution, ils fuyaient et laissaient les fidèles seuls.
Par opposition, Jésus restera à la tête du peuple pour le guider et Il donnera sa vie pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Par cette image, Jésus explique sa propre mort. En réalité, les Romains l’ont crucifié. Mais pour les chrétiens, la mort de Jésus est transformée, car Il a donné sa vie pour nous, par amour pour nous.
Les évènements extérieurs de la passion restent des faits terrifiants et effroyables. Jésus aurait pu fuir au soir de son arrestation. En même temps, à la suite des prophètes, Il n’a cessé de mettre en garde contre les mauvais bergers qui représentent un véritable danger pour les brebis. C’est évidemment une affaire de vie ou de mort pour le troupeau. Jésus dit bien à la fois la sollicitude du berger pour ses brebis et le danger que représentent pour elles les faux bergers. « Je suis la porte des brebis ; si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé », dit le Seigneur.
En choisissant la veille de sa passion de poursuivre le chemin, Jésus manifeste qu’il est avec ses brebis et pour elles, Il donnera sa vie pour nous. La préposition « pour » dans l’évangile de saint Jean fait apparaître le sens qu’avait la passion de Jésus. C’est presque confidentiellement que Jésus nous dit pourquoi Il est venu : « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance ». Nous ne sommes plus dans une théologie sacrificielle, mais dans l’ordre de la grâce.
Oui, la vie du Christ nous protège et nous libère de tout asservissement. Elle nous protège des dangers intérieurs de notre étroitesse et du modèle enfermant d’exister. Elle nous protège des dangers extérieurs, du jugement des autres, des entraves et des idées qui pourraient nous dévier de notre voie personnelle.
Au travers de cette image de la bergerie et du beau pasteur, nous sommes invités à travailler à notre épanouissement personnel, à cultiver votre intériorité en demeurant dans son Amour.
Votre curé, Joseph Schmetz

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Méditation du 3e Dimanche de Pâques A : évangile selon Saint-Luc 24, 13-35
« Marche avec Dieu comme avec un ami, il te fera voir le monde à sa façon !»
Saint-Luc rapporte l’histoire de deux disciples qui, au premier jour de la semaine, retournèrent tout heureux à Jérusalem. En effet, ils venaient de faire l’expérience de Jésus ressuscité. Tout était pourtant mal parti… Sur le chemin d’Emmaüs, les disciples marchaient apeurés et effrayés. Ils pensaient avoir rencontré un esprit ; Cléophas et son compagnon doutaient de Jésus ressuscité. Après avoir marché avec eux, Jésus les rassure et les invite à regarder et à manger : Il se révèle à eux : « c’est bien moi, en chair et en os ! » Leur doute et leur peur sont changés en joie et soulagés, ils reprennent en hâte et tout en confiance la route de Jérusalem délaissée.
Déjà, dans d’autres récits, Jésus interdisait la peur à ses disciples, notamment au cours de la traversée du lac en barque. Alors, marchant sur les eaux, arrivé à leur hauteur, Il leur dit : « n’ayez pas peur ; c’est bien moi ! » Pensez encore à la guérison de l’aveugle de naissance du quatrième Évangile, lorsqu’il affirme son identité en ces termes qui ne laissent aucune place au doute : « Egô eimi » (Jean 9, 9).
Dans la bouche de Jésus ressuscité, cette affirmation « C’est bien moi !» prend une profondeur, à proprement parler, infinie. Saint-Luc fait dire à Jésus ressuscité, pris pour un fantôme par les disciples d’Emmaüs : « C’est bien moi, moi-même », comme pour leur ouvrir les yeux et les ramener à soi-même.
Imprégné de la philosophie grecque et plus particulièrement du stoïcisme, l’évangéliste veut indiquer où est le cœur de l’être, la lumière intérieure du salut. Il veut dire qui est Jésus ressuscité.
L’intense émotion ressentie du : « Je suis là » et la profonde densité éprouvée de « J’existe ! » n’existe pas en français. Le meilleur moyen pour formuler l’expérience des disciples serait de dire simultanément : « C’est moi !» (une personne impossible à ne confondre avec aucune autre) ; «Je suis là» (une présence autour de laquelle tout gravite) et «J’existe» (une plénitude sans limites). Marcel Légaux disait : « C’est pleinement moi, seulement moi, rien que moi et uniquement moi ! »
En apparaissant aux disciples, le Ressuscité fait une promesse de salut. Par cette promesse, Jésus montre le chemin de la guérison. Lorsque nous revenons au meilleur de nous-mêmes et l’invitons à demeurer en nous, le Ressuscité éclaire et illumine notre existence tout en marchant avec nous. Ce sont nos peurs et nos doutes qui entravent Dieu dans sa venue en nous. Le Christ vient nous recréer et nous rendre à notre image originale. Ainsi pour chaque disciple, la résurrection de Jésus est la promesse de Dieu de nous recréer, de nous retrouver toujours, où que nous allions. Parce que là où je vais, Il va !… Connaîtriez-vous un endroit où Dieu ne peut pas aller ? Où que nous allions, Il nous précède. Aucune périphérie n’est étrangère à Jésus Vivant.
Nous pouvons avoir confiance de la permanence de Sa Présence en nous et de sa joie nous combler.
Tout en marchant et en s’étant approché d’eux, Jésus écoute et leur répond : « esprit sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! » Il leur interpréta, dans toute l’Écriture ce qui le concernait. Seule dans la Lumière de la résurrection, nous comprenons les évènements de notre histoire, ainsi que de l’Histoire de l’Alliance entre Dieu et l’humanité en marche. Par Lui, avec Lui et en Lui, tout devient clair et comme illuminé par le dedans. Progressivement, les disciples s’ouvriront au sens des écritures.
En ces temps de crises et de guerre mondiale, nous doutons et nous avons peur ! Lents à croire que Dieu vient nous sauver, qu’Il ouvre nos tombeaux. Souvent submergés par les flots de souffrances, nous avançons sans reconnaître sa Présence sur le chemin. Pourtant, ne nous disait-il pas : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Il vient délier ce qui nous retient captifs et transformer nos tristesses en joies. En Dieu nous marchons libres, fort de sa promesse : « Je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres… car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver » (Jn 12,46s). Une promesse qui nous relève et nous met en marche pour la mission. Ainsi, La vie n’est pas détruite ; elle est transformée et illuminée par la lumière de cette promesse. Tout en nous sera soigné, sauvé et rendu sain, aucune division ou séparation ne pourra triompher de l’unité. Aucun rejet ou refus n’empêchera un nouveau commencement.
Ainsi, Jésus se fait parfois reconnaître de nous là où nous croyions avoir affaire à quelqu’un (ou à quelque chose) d’autre. Il est important de ne pas se méprendre alors sur sa voix, cette voix intérieure, impossible à décrire (mais quelle voix peut-on vraiment décrire ?) qui nous fera dire : «Ah ! c’est lui !», et même, avec toute la tendresse qu’on peut mettre dans une exclamation de soulagement : «Ah ! ce n’est que lui ! ».
Il faut souhaiter une pareille expérience à tous ceux qui sont dans la peur.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 2e Dim de Pâques : évangile selon saint Jean 20, 19-31
Dimanche de la Divine Miséricorde.
« SI JÉSUS EST MON SEIGNEUR, JE SUIS VRAIMENT LIBRE. »
Saint Jean rapporte l’expérience de l’apôtre Thomas mettant son doigt dans la marque des clous et dans le côté ouvert de Jésus. Thomas ne se satisfait pas seulement de croire aux faits rapportés par ses frères au sujet de la résurrection de Jésus, il a besoin de l’expérimenter personnellement dans sa chair. Il veut faire l’expérience de l’identification du crucifié et du ressuscité. Il a besoin de vérifier que le ressuscité n’est pas un autre, un fantôme, mais que c’est bien Jésus qui est mort pour lui.
Née des plaies ouvertes de Jésus, l’expérience du mystère de la Foi de Thomas nous vaut cette belle profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
La résurrection du Seigneur signifie que Jésus est devenu en nous notre Seigneur en bien propre, et notre Dieu personnel. Oui, si Jésus est mon unique Seigneur, je suis vraiment libre. Si je reconnais Jésus en moi comme mon Dieu, alors cette nouvelle intimité au-dedans de moi, assouvit mon désir et devient ma quête, ma raison d’être.
Mais, Jésus ajoute : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Parfois, nous ressentons le silence et l’absence de Jésus en nous fait mal. Pourtant, la joie de croire demeure. L’Eucharistie dominicale et la communion spirituelle restent le lien par lequel, comme l’apôtre saint Thomas l’expérimentait, nous pouvons toucher Jésus. Dans ce mystère de la foi, nous recevons le Ressuscité en nous, par le pain consacré. Nous l’accueillons en nous par la coupe de toute bénédiction, sang versé, Amour offert, miracle de la Croix, signe victorieux de la Vie plus forte que la mort.
En ce jour de la Divine Miséricorde, je vous souhaite de vivre le mystère pascal dans cette communion spirituelle qui ne cesse jamais d’agir en nos cœurs.

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Méditation du dimanche de Pâques

« Le Christ est ressuscité d’entre les morts ; Il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez ! Alléluia ! »
L’Évangile de Saint Matthieu nous dit qu’à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine, un ange est descendu du ciel pareil à un éclair. Et il y eut un tremblement de terre. Puis l’ange roula la pierre du tombeau et s’assit dessus. Les gardes se mirent à trembler de peur, et devinrent comme mort.
Le choc des images et le poids des paroles ! Sous l’aspect d’un éclair surgissant de la nuit, l’ange vient illuminer la nuit de nos vies. Voici qu’une lumière brille dans notre obscurité. C’est la lumière de l’espoir qui annonce que la mort n’a pas le dernier mot. Et puis, il y eut un tremblement de terre. Oui, la résurrection de Jésus fait naître quelque chose de neuf en nous ; elle fait bouger quelque chose en nous, pour nous réveiller, nous libérer de notre torpeur.
C’est une invitation de ne plus se satisfaire dans la nostalgie du passé et des anciennes habitudes, mais d’accueillir un élan intérieur nouveau, vers plus de vitalité, de liberté et d’amour. Comme la jonquille et les narcisses ont fait craquer la terre gelée de l’hivers pour fleurir au printemps.
N’est-ce pas notre pierre que l’ange vient rouler de côté ? Ce sont nos inhibitions et nos peurs qui entravaient et empêchaient la vraie vie en nous.
L’ange s’assoit sur la pierre roulée. Plus de crainte que la pierre ne referme la tombe. Guéris et sauvés de nos blocages, de nos peurs, de nos paralysies vaincues par la venue d’une Vie nouvelle puissante.
Et puis l’image des gardes tout tremblant, comme morts. Ce sont les petites voix qui dans la tête nous agaçaient : « à quoi bon…, j’ai perdu tout espoir, cela ne s’améliorera pas, tu n’y arriveras jamais, abandonne ton projet…» Maintenant, toutes ces voix accusatrices et négatives, par la résurrection de Jésus sont vaincues et réduites au silence.
En cette fête de Pâques, comme les femmes qui à l’aube sont venues regarder le sépulcre, accueillons les paroles de l’ange. Il les renvoie vers leurs frères pour leur dire d’aller en Galilée, là vous verrez Jésus. L’ange de la résurrection nous envoie dans la vie quotidienne afin que nous puissions y voir celui qui est ressuscité pour une vie de « voyant Dieu en toute chose ». En dehors de Lui, on ne voie pas la Lumière ; seulement des lumières qui éblouissent et ne montrent pas le vrai chemin de Vie.
Je souhaite d’accueillir sans forcer ni stresser un esprit de Pâques en vous. Il s’agit de laisser le message d’espoir que tout est Amour, naître dans votre situation et réalité concrète. Alors, vous ne ferez peut-être pas encore l’expérience de la résurrection, mais l’expérience d’une confiance grandissante en vous-même et dans le fait que le temps de Pâques, qui dure 50 jours, amènera la vie en vous jour après jour pour s’épanouir de plus en plus.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint-Matthieu 26, 14 – 27, 66
Au dimanche des Rameaux, nous proclamons la Passion de Jésus selon Saint-Matthieu. Si les les croix sont voilées, c’est qu’autrefois, les croix étaient ornées de pierres précieuses et d’or pour signifier la victoire de la vie sur la mort. En revanche, pendant la Passion, on se confrontait volontiers à la souffrance de Jésus. Aujourd’hui, certains ont du mal à accepter que l’on parle constamment de la souffrance pendant la Passion. Pourtant, ne serait-il pas salutaire pour notre société de faire mémoire des souffrances et des crimes qu’elle connait dans son histoire ? Car si la souffrance des humains est refoulée, la société devient de plus en plus dure et brutale.
Qui dit « mémoire » ne dit pas nécessairement « conservatisme ». Le théologien allemand Jean-Baptiste Metz pense qu’en étant « souvenir dangereux de la liberté de Jésus-Christ », la foi chrétienne conserve une pertinence spirituelle, mais aussi « pratique », sociale et politique. Dans des sociétés où les promesses de libération héritées des Lumières n’ont pas encore été réalisées, où nombre d’humains ne peuvent encore être « sujets » de leur propre existence, la mémoire chrétienne doit provoquer un réveil. La passion de Jésus vient briser le cercle enchanteur de la conscience dominante. Elle se dresse contre un progrès qui ne voudrait pas voir ce qu’il brise sur son chemin.
La mémoire met en péril l’assurance des puissants, des installés, de ceux « dont c’est toujours l’heure » (Jean 7,6). Elle ouvre sur une solidarité avec les exclus. Elle ne permet plus à la foi de se réduire à une attitude intellectualiste ou à une posture privée. La raison d’être de l’Église est de porter ce projet de liberté dans la société. L’Église peut se définir et s’attester comme celle qui témoigne et transmet publiquement un souvenir dangereux de la liberté dans les « systèmes de notre société émancipatrice », écrit-il. La mémoire de la souffrance est donc importante pour l’humanisation de la société, pour qu’elle n’oublie pas les personnes qui souffrent, pour que les personnes qui souffrent ne se sentent pas exclues du club des personnes saines et fortes.
Mais le souvenir de la souffrance de Jésus est également salutaire pour nous. Elle nous rappelle notre propre vulnérabilité et fragilité. Nous n’avons aucune garantie de rester toujours en bonne santé et d’être épargnés de toute souffrance. Sans rechercher la souffrance, ni la glorifier, car ce serait du masochisme, la souffrance lorsqu’elle nous touche peut nous faire douter. Alors, regarder Jésus nous aide à faire l’expérience d’une communion nouvelle avec lui. C’est ainsi que l’apôtre Paul a compris sa souffrance : « nous portons toujours dans notre corps la souffrance de la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi visible dans notre corps », 2 Cor 4,10. Comment comprendre cette phrase ? Si, dans ma souffrance, je fais l’expérience d’une communion au Christ, alors la souffrance ne me poussera pas vers le bas, puisque quelque chose d’autre brille déjà en elle : le pressentiment d’une vie qui ne peut pas être vaincue par cette souffrance. Parfois, nous pouvons observer chez des personnes gravement malades, une lumière qui jaillit soudainement sur le visage et qui nous illumine. Nous ressentons alors quelque chose de la vie de Jésus, qui est plus forte que la mort. Nous pouvons être reconnaissants lorsque nous sommes épargnés par la souffrance. Mais lorsqu’elle nous atteint, Jésus nous montre dans sa passion comment gérer la souffrance qui contrecarre nos projets de vie. Nous sommes réveillés dans le fond de notre conscience. À l’instar de Jésus, nous laissons la vie transformer cette souffrance en une offrande. Dans l’acceptation de la souffrance, j’imagine que je la subis pour que d’autres en soient épargnés. Je l’accepte et je la transforme en amour pour mes proches et mes amis. Ce n’est pas si facile… Ainsi, je ne deviens pas amer dans ma souffrance. Je ne me demande pas constamment : Pourquoi moi ? Au contraire, j’ai le sentiment que j’accomplis une tâche importante en acceptant ma souffrance.
La spiritualité et la mystique de la Croix du Seigneur au Moyen-Âge, surtout celle des femmes, n’a pas compris la souffrance de Jésus comme une expiation et un sacrifice, mais comme l’expression de son amour pour nous. Elles ont regardé la croix et se sont senties embrassées par l’amour de Jésus.
Je vous souhaite une semaine Sainte en solidarité avec les nombreuses personnes qui souffrent aujourd’hui. Et je vous souhaite de pouvoir transformer ce qui est difficile pour vous en dévouement et en amour pour les personnes qui vous entourent.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Médiation du 5e Dim. de carême A : évangile selon Saint-Jean 11, 1-45
 
« L’Amour est plus fort que la mort ! »
En ce 5e dimanche de Carême, nous proclamons l’évangile de la résurrection de Lazare qui nous indique et nous révèle déjà la résurrection de Jésus lui-même. Lazare, le frère de Marie et de Marthe est mort. Jésus est l’ami de chacun des trois. Et pourtant, il y a ce dialogue étrange entre Marthe et Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Jésus lui répond : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Cela ne dit rien d’autre que celui qui reçoit Jésus en lui ne saurait pas mourir ! Le corps peut mourir, mais lui, en tant que personne, ne mourra jamais, car avec Jésus, il ressuscitera à la Vie éternelle.
Ensuite, Jésus se rend au tombeau, Il pleure, ses entrailles s’émeuvent. L’émotion est forte, Jésus ressent la douleur et la souffrance des deux amies, Marie et Marthe et le chagrin a bien le droit de cité… Enfin, il appelle Lazare : « Viens dehors ! »
Autour de nous des gens bougent et s’agitent, mais ils sont comme mort et sans vitalités. Ils vivent cachés derrière la pierre, parce que leur vie est bloquée. Ils ont honte et peur. Ils sont coupés de la vie et dans un état de décomposition intérieur qui sent déjà… La Parole de Jésus, le cri de Dieu vient déverrouiller la tombe où était enfermé Lazare. Il redonne vie à l’état de décomposition dans lequel Lazare se trouvait déjà, et lui rend l’accès à sa vie.
Un miracle que nous n’arriverons jamais vraiment à comprendre, sinon dans la force de l’image qu’il reflète de notre propre réalité spirituelle. Souvent, nous ne sommes pas encore morts, comme l’était Lazare. Mais nous sommes bloqués, derrière une pierre, coupé de nous-mêmes et des autres. C’est déjà connaître un état de décomposition intérieure. La venue de Jésus et sa parole veulent nous tirer au-dehors et nous relever, par un déverrouillage des liens de la mort qui nous retiennent esclaves, atones, captifs ou apeurés. Que nous puissions, comme Lazare, sortir, marcher et retrouver des relations saines avec les autres.
Nous sommes appelées à attester de la véracité du message du Christ. Ainsi, l’évangile de ce jour le proclame : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ; Crois-tu cela ? »
Alors, les apparences disparaissent grâce à l’expérience en nous du Christ Vivant. Nous sommes promis à la Vie éternelle. Elle surpassera la mort, parce que l’Amour est plus fort de la mort ! Saint Paul, dans sa lettre aux Romains (8, 8-11) redits que le Christ est en nous, puisque l’Esprit de Dieu habite en nous.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 4e dimanche Laetare : évangile selon Saint-Jean 9, 1-41

« Voir, ne pas voir, croire. Qui voit, qui est aveugle ? » Aujourd’hui, nous proclamons le récit de la guérison de l’aveugle de naissance. « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents pour qu’il soit né aveugle ? », demandent les disciples à Jésus, à la sortie du Temple. Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui… »  Jésus sort du cercle infernal de l’accusation, et de la recherche de la cause première. Les pharisiens ont des comportements ésotériques et accusateurs. Ils renferment et culpabilisent l’aveugle : « Tu inventes ta propre maladie… » Nos réseaux sociaux ainsi que nos contemporains ont adopté sans modération ce mode de fonctionner pour nourrir une autosuffisance insolente.

Jésus colle au réel de la situation. Il invite les disciples à rencontrer le vécu de l’aveugle de naissance. Quelle perception ont-ils de la situation de la gravité du moment ?

En crachant sa salive sur le sol pour en faire de la boue, puis en appliquant cette boue sur ses yeux, Jésus dit de quel aveuglement souffre l’Homme. Certaines personnes sont aveugles, parce qu’elles ne veulent pas se regarder en face. La réalité leur reste une terre étrangère et cachée. Ainsi, il n’est pas faux de penser que l’aveugle de naissance n’a jamais fait l’expérience de pouvoir voir sa réalité intérieure. Jésus l’invite à regarder cette boue appliquée sur ses yeux, cet humus qui est une invitation à la conversion. Il l’invite à l’humilité, pour enfin voir sa propre existence. Jésus lui rend sa vie ; l’homme se convertit et passe dans l’illumination de son existence.

Ensuite, Jésus l’envoie se laver à la fontaine de Siloë sur le chemin qui reliait la fontaine au Temple de Jérusalem. Chemin très utilisé par les pèlerins qui venaient à Jérusalem à l’occasion des grandes fêtes juives. Ces pèlerins allaient également se purifier dans les eaux du Shiloah, au pied de la montagne de Sion, puis ils montaient au temple pour offrir leurs sacrifices.

La rencontre avec Jésus qui nous purifie et nous nettoie de l’aveuglement intérieur nous invite à nous laver dans l’eau du baptême. Notre rencontre avec Jésus nous illumine. Nous pouvons alors tout voir de nous-mêmes, et en nous-mêmes. Ce bain de la purification ne signifie pas que tout est effacé, ou oublié. Bien plus, il exprime que dans la lumière de Jésus, nous pouvons accepter ce qui est en nous, de notre histoire passée et de nos expériences présentes sans aucun jugement, ni déni, ni condamnation.

Recouvrer la vue devient une renaissance dans la Foi. Alors, croire devient l’expérience, qu’il n’y a rien en nous, que Dieu ne puisse, inconditionnellement, sauver et guérir.

N’est-ce pas le sens de notre Joie et de notre Pâques ?  En marche, avec les catéchumènes, avec les pères autour des abbayes, j’existe et je m’accepte dans mon image originale, celle de Dieu en moi. Ma Pâque devient la joie du réveil de ma conscience d’être fils/fille du Père. Ainsi, l’appel du Père illuminant mes ténèbres intérieures me donne de renaître à la Vie, lorsque Jésus me touche les yeux.

Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 3e dimanche de Carême A : évangile selon Saint-Jean Jn 4, 5-42 ; « L’or bleu, une richesse inestimable en toi ! »

Ce dimanche, le thème des lectures est la soif d’une eau qui apaise notre soif, pas seulement la soif extérieure, mais la soif d’amour, de vitalité, de la sensation d’exister vivant. À Massa, alos que les Israélites récriminaient contre Dieu et souffraient de la soif dans le désert, Dieu donne l’ordre à Moïse de frapper le rocher avec son bâton. Il en sortira alors un abondant flot d’eau.

C’est une image pour nous. Ne sommes-nous pas souvent aussi endurcis que ce rocher dont on n’attend pas d’eau ? Cette histoire veut nous donner du courage pour travailler à tout ce qui est endurci en nous. Elle veut nous donner l’espoir d’assouplir notre dureté. Ainsi, en ce temps de Carême, nous accueillons une source d’eau vive venue de nous-même, un jaillissement inestimable d’où nous pouvons étancher notre soif d’amour, mais d’où jaillit aussi suffisamment d’amour pour les personnes que nous rencontrons.

L’histoire de la Samaritaine, avec laquelle Jésus s’entretient au puits de Jacob, reprend le thème de l’eau. Jésus est cette eau vive qui apaise notre soif pour toujours. Et cette eau deviendra en nous une source nouvelle qui jamais ne s’assèchera. Par cette source, Jésus entend la source du Saint-Esprit.

Cela peut paraître un peu abstrait pour certains. Mais cette idée vient réconforter ma vie : il y a en moi une source divine du Saint-Esprit. Plus besoin d’aller puiser et recharger continuellement mes batteries chez des autres !  Par exemple, lorsque je suis confronté à un travail épuisant ou que j’ai trop de stress, à tout moment, je peux revenir puiser à ma source intérieure. Je peux vaincre la peur que le travail me submergera. Je peux facilement imaginer que tout ce que je fais et dis coulent de cette source intérieure. Toutefois, je ne peux puiser à cette source intérieure qu’à la condition de lâcher mon ego, mon ambition personnelle et que je deviens perméable à l’eau du Saint-Esprit. Chaque fois que je prends de la distance par rapport à mon ego, mon travail acquiert une autre qualité. Il perd son caractère dur et astreignant. Il s’écoule simplement et devient plus léger. Aussi, le rayonnement de mon travail est différent. Mon entourage ressent la dureté de quelqu’un qui travaille à partir de son ego et de son ambition personnelle. Cette dureté dans son travail met les gens autour de lui sous pression. Ou alors, ils sont contaminés par son agitation. Un travail qui émane de la source intérieure éveille chez les autres personnes l’envie et le plaisir de travailler elles aussi. Autre exemple, lorsque j’écoute une conférence et que je sens que l’autre ne veut que présenter son ego, cela me laisse un goût désagréable. Mais si quelqu’un parle de manière à ce que son ego soit perméable à quelque chose qui émane de sa source intérieure, cela fait du bien aux gens. Ils sont alors touchés par ses paroles.

Je vous souhaite d’aller au contact de votre source intérieure, celle de l’Esprit Saint. Qu’elle vous rafraîchisse, vous vivifie, vous renforce et étanche votre soif d’un amour qui ne peut plus tarir, mais qui coulant dans le sens de la vie, vient irriguer toute votre existence. Et je vous souhaite de ne jamais vous épuiser parce que vous puisez à une source qui est inépuisable, qui est divine.

Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Chers frères et sœurs,

Quel bel itinéraire que nous proposent les lectures de ce Dimanche : Abandon – Mission – Conversion

– Transfiguration – Révélation.

Nous venons à peine de débuter notre période de Carême, cheminement vers Pâques, que déjà, l’Evangile de ce jour, nous permet de toucher au fondement même de notre foi.

Jésus, transfiguré, apparaît à ses Apôtres dans une blancheur écarlate et lumineuse, qui préfigure déjà la Résurrection.

Dans une nuée, elle aussi lumineuse, qui caractérise la présence divine, une voix se fit entendre :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! ».

Rappelez-vous le mercredi des Cendres, cette parole qu’a prononcée le prêtre ou le diacre au moment de vous imposer les cendres sur le front, en vous marquant du signe de la croix : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ».

Cette conversion nécessite un abandon et une mise en marche, une démarche personnelle.

Le démarrage du mouvement, nous incombe bien sûr, avec l’aide de l’Esprit Saint, agissant en toute liberté.

Dès le début de la Bible, dans le livre de la Genèse il est question de départ, d’envoi, de mission.

La première lecture que nous avons entendue en est un extrait, et je vous propose ici le premier verset de Gn 12 tiré de la Bible Hébraïque de Chouraqui, plus proche de la traduction originelle ; très évocateur :

« Adonaï dit à Abrâm : Va pour toi, de ta terre, de ton enfantement, de la maison de ton père, vers la terre que je te ferai voir ».

Dieu s’adresse ici à Abraham, père des croyants et l’invite à une mise en marche, au départ de son vécu, de ses origines, à cheminer vers la terre que notre Seigneur lui fera voir.

C’est ce qui nous est demandé, frères et sœurs, durant cette période de Carême.

Nous mettre en marche, d’où nous sommes, vers la terre promise.

Cette terre, qui est celle promise à ceux et celles qui acceptent de participer à ce projet d’amour, pour tous, sans exclusion.

Cette mise en marche ne saurait avoir lieu que si nous acceptons de nous délester de tout ce qui nous encombre, pour ne conserver que ce qui est vital, un monde où je prendrai le temps d’entrer en relation avec tous ceux et celles qui m’entourent, dans une dynamique d’écoute et de partage, d’accueil sans discrimination, avec une priorité pour les plus faibles, les malades, les exclus, les marginalisés.

Jeûner n’est pas avant tout entrer dans une période d’abstinence d’aliments ou de boisons superflus, mais c’est aussi et surtout revisiter ses priorités, ses objectifs de vie, et les orienter en phase avec le message Evangélique.

Pour permettre cette démarche, le temps et une mise à l’écart seront nécessaire.

Nous devrons nous aussi, comme Jésus, quitter les turbulences de nos vies, de nos foules, pour rejoindre un endroit propice au recueillement.

Cette volonté d’entrer à l’écoute de notre vie intérieure, nécessitera de faire des choix, d’opter pour des abandons.

Il nous en coutera, de rompre avec un monde de proximité, de luxe, de spontanéité, de domination, de profit.

L’écoute de sa vie intérieure ne se fait pas dans l’instantané. Il faudra du temps pour percevoir en soi, les battements du Cœur de Dieu.

Il faudra du temps, et cette période de Carême nous y aidera, pour nous permettre de résister à cette blancheur écarlate, à cette Lumière de Pâques que nous allons percevoir.

Ne serons-nous pas aveuglés, nous qui si souvent sommes habitués à la pénombre ?

Le Psaume 32 que nous venons d’entendre encourage celles et ceux qui entament cette volonté de rejoindre ce projet unique d’amour du Père, pour tous. Ils seront délivrés de la mort, ils auront accès à la Vie Eternelle.

Oui, frères et sœurs, l’Evangile de ce jour nous a laissé percevoir, comme un flash, ce que sera notre rencontre Pascale.

La liturgie de ce jour nous invite à garder courage et à témoigner en vérité de Jésus et de son Evangile, précisant aussi que cela n’est pas facile.

Rassurez-vous, nous ne sommes pas seul, l’Esprit est à l’œuvre.

Et puis, ne formons-nous pas équipe, nous les baptisés, ne formons-nous pas une famille immense, nombreuse ?

Certainement, une famille nombreuse, où chacun de nous est frère ou sœur, fils ou fille d’un même Père, irrigués par un même sang, qui abreuve tous ses membres, en un seul Corps et qui n’est autre que l’Esprit Saint.

Je vous invite, frères et sœurs, à prendre conscience de cette proximité fraternelle qui nous unit entre nous et avec Dieu notre Père.

Comme les membres d’une même famille, prenons le temps de nous retrouver pour accueillir, partager, célébrer, faire la fête. Jésus nous aime et veux le bonheur de chacun de nous.

Dieu notre Père, nous invite à écouter Jésus, son Fils et notre frère en qui Il a mis tout son amour.

Nous aussi, nous sommes invités à être des dispensateurs d’amour pour tous.

Comme lui, sachons dresser la table. Comme lui, nouons le tablier.

Levons-nous chaque jour et servons par amour, comme lui.

Offrons le pain de sa Parole aux gens qui ont faim de bonheur.

Soyons pour eux des signes du Royaume au milieu de notre monde.

Offrons le pain de sa présence aux gens qui ont faim d’être aimés.

Soyons pour eux des signes d’espérance au milieu de notre monde.

Offrons le pain de sa présence aux gens qui ont faim d’avenir.

Soyons pour eux des signes de tendresse au milieu de notre monde.

Offrons le pain de chaque Cène aux gens qui ont faim dans le cœur.

Soyons pour eux des signes d’Evangile au milieu de notre monde.

Bonne route vers Pâques,

Amen

Guy SCHYNS, dp

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Méditation du 7e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 5, 38-48
« Celui qui met sa gloire dans le Seigneur, ne peut pas être déshonoré ! »
Aujourd’hui, nous entendons la suite du discours du Sermon sur la montagne. Jésus enseigne l’amour des ennemis. Mais avant cela, il commence par ceci : « si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » Pour beaucoup c’est inadmissible ! Comme si je dois tout accepter sans réagir ?
Mais ce n’est pas ce que Jésus entend par là. En effet, les Juifs ne frappaient pas avec la main ouverte, mais bien du revers de la main. Ce qui prend une tout autre signification. Il n’est plus question d’une gifle, mais bien d’un geste de la main marquant le mépris et de déshonneur. Jésus veut nous dire que si tu mets ta gloire dans le Seigneur, personne ne pourra plus te déshonorer. Jésus nous invite à inventer des solutions créatives pour surmonter le méchant. Jésus ne nous demande pas de rester passif en face du méchant, mais bien de demeurer actif et inventif en face du mauvais.
Une autre situation surprenante : « Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! » Ici encore, il convient de connaître le contexte pour comprendre l’enseignement de Jésus. En effet, les Romains avaient le droit d’obliger n’importe quel Juif à faire un kilomètre avec lui en tant que guide ou même en tant que porteur de valise. Alors, on peut facilement imaginer que les juifs ainsi forcés le faisaient souvent à contrecœur et les dents serrées ! Toutefois, si tous les deux sont volontaires d’aller un bout de chemin ensemble, et de faire deux mille pas ensemble, j’ai un temps précieux pour faire de l’ennemi, de l’inconnu, un ami, car je peux l’apprivoiser et laisser une nouvelle relation naître avec lui.
Cela s’applique aussi aux ennemis de l’amour. Pour beaucoup, il s’agit d’un défi insurmontable. Mais la bonne question est : qu’est-ce qui est le plus important : aimer l’ennemi ou bien le haïr ? Si je le déteste, c’est un combat sans fin, de l’un contre l’autre. Aimer ne signifie pas que je dois tout accepter et me laisser faire par l’autre, ni de nier ou bien de m’effacer en refusant de voir en l’autre un ennemi. Ne vaut-il pas mieux que je réfléchisse afin de comprendre à quel point il doit être méchant et cassé pour avoir besoin de me casser ainsi ? À quel point il doit-être blessé, meurtri pour devoir constamment me détruire ?
Par contre, si je choisis de voir en lui celui qui a besoin d’aide, et si je l’aime, je peux aussi l’attirer vers d’autres sentiments. Jésus nous apprend à faire ainsi. Et si nous faisons cela, nous serons comme le soleil de Dieu qui se lève sur les méchants et sur les bons.
Je vous souhaite d’accueillir le soleil de justice en vous, de laisser le soleil de Dieu descendre en nous, d’illuminer notre conscience d’être précieux aux yeux de Dieu, tout comme à nos propres yeux. Mais également de laisser le soleil illuminer le mauvais dans le cœur de l’autre dans l’espoir que le mal peut se transformer en un mieux et devenir bon.
« Alors vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait », dit encore Jésus. Souvent mal comprises, ses paroles de Jésus ne cherchent pas la perfection. Elles expriment le désir de l’épanouissement et l’unité en Dieu. Imprégné de son amour, nous devons nous y immerger tout entier, avec toute notre condition humaine aussi ambigüe soit-elle. Notre mission sera d’imprégner également la société de cet amour de Dieu pour elle. Comme Dieu est Un, ainsi notre mission de progresser sur le chemin de l’unité intérieure, de la beauté et de la paix entre les frères sera lumière de midi.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Chers sœurs et frères,

A nouveau aujourd’hui, la Liturgie nous propose des textes bibliques d’une grande richesse et densité.

Je vous invite avec moi à les découvrir, à en percevoir au mieux la saveur.

Dans la première lecture, Ben Sira, Juif de Jérusalem et grand connaisseur de l’Ecriture, introduit la notion de liberté.

Nous le savons, oh combien, dans notre monde contemporain la liberté est un bien précieux, et à quel point il est difficile de la conserver, si souvent au prix de nombreuses vies humaines.

Le mal est extérieur à l’homme, qui par nature est bon, car créé par Dieu.

Bonne nouvelle, car sans cela, il n’y aurait pas de salut possible.

L’homme est libre de choisir de faire le bien ou le mal. Choisir le bien, c’est choisir le bonheur.

Deux voies s’offrent à l’homme. La liberté lui est laissée de choisir, la vie ou la mort.

Si tu le veux, … tu peux … observer les commandements et y rester fidèle.

Ces commandements dont parle Ben Sira sont ces ordres, ces invitations, ces préceptes donnés par Dieu, en cadeau, pour nous aider à discerner, à choisir la bonne voie. Dieu se propose à nous aider, le voulons-nous vraiment, où estimons-nous que son aide n’est pas nécessaire ?

Mais le regard de Dieu se tourne vers ceux qui adhèrent à son message, à ses préceptes, qui le craigne.

Ici aussi, un petit complément pour bien comprendre, car malheureusement, la traduction biblique dénature, dans certains cas, le sens premier des mots choisit par l’auteur dans sa langue originale, et dans le cas présent l’hébreu.

Craindre, ne veut pas dire avoir peur de, mais vibrer du regard de Dieu, sur son œuvre créatrice, c’est à dire sur toutes les actions de l’homme vécues dans l’amour.

Dieu n’engendre pas le péché, cette rupture relationnelle avec soi, avec les autres, avec

Lui, que l’homme, la femme, en toute liberté, peut décider.

L’amour n’est autre que le maintien de ces relations. L’amour vrai veut l’être aimé libre.

Nous pouvons dire que l’homme vit en permanence à un carrefour entre deux chemins, qu’il a la liberté d’emprunter, soit l’un, soit l’autre.

Nous pourrions dire qu’il est en permanence en équilibre et que peu de choses suffisent pour le faire basculer.

Dans la deuxième lecture saint Paul, s’adressant aux habitants de Corinthe, évoque la Sagesse.

Non pas celle des hommes, qui mènent souvent notre monde à la destruction, à la provocation entre les peuples, à la corruption, à la perte pour l’homme de sa dignité. Mais à la Sagesse de Dieu, qui nous a été révélée non pas par les sens, mais par le cœur : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme.

Préférons-nous la voie du salut, celle qui donne joie, Lumière et Vie, qui génère l’amour et donne couleurs à notre monde, qui nous rend heureux ?

Ou au contraire préférons-nous la voie des ténèbres, celle qui donne mort et tristesse à notre vie spirituelle ?

Frères et sœurs, c’est par le don de l’Esprit-Saint, reçu à notre baptême que nous allons acquérir cette Sagesse du discernement qui nous aidera à faire ces choix permanents devant les sollicitations nombreuses que notre monde actuel nous fait subir.

L’humanité ne trouvera son bonheur qu’en la confiance en Dieu et à l’obéissance à ses préceptes, à son enseignement, qui permettra de devenir créateur, de donner vie, afin de permettre à celles et ceux que nous rencontrerons de grandir, de s’épanouir, de trouver pleinement leur place, et d’y exercer pleinement la mission qui leur a été confiée.

Cette œuvre créatrice de l’homme ne s’aura s’accomplir que par un accueil généreux, amoureux.

Oui l’homme et la femme ont un besoin d’aimer et de se savoir aimés.

L’Evangile de ce jour selon saint Matthieu insiste, dans ces premiers versets, sur la continuité et l’accomplissement que Jésus va réaliser de l’enseignement inspiré par Dieu son Père dans les écrits de la Loi, et non de les abolir.

Jésus rappelle à nouveau que c’est par une adhésion et une mise en pratique des préceptes de discernement proposés par Dieu son Père, que nous trouverons le vrai bonheur, celui qui épanouit et rend libre.

Dans la prière, nous sommes unis par l’Esprit-Saint à Dieu, à son Fils Jésus et à chacun de nous, qui ensemble formons Eglise.

C’est ce même Esprit-Saint qui a aidé Jésus au moment de sa Passion à accomplir le dessein de son Père, et c’est ce même Esprit-Saint qui nous aide à surmonter nos difficultés, à vivre pleinement à l’image du Christ.

Je termine par le verset 18 du Ps 118 (119) : Ouvre mes yeux que je contemple les merveilles de ta Loi.

Oui Seigneur, découvre nos yeux, nous sommes aveuglés, nous ne voyons pas. Fais tomber de nos yeux ce qui empêche de contempler les merveilles de ton enseignement, la beauté de ton message qui nous fait vivre et nous rend libres. Libres d’aimer en vérité. Puisse notre participation au repas eucharistique nous y aider.

Amen

Guy SCHYNS, dp

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Méditation du 5e dimanche A : évangile selon Saint-Matthieu 5, 13-16 ;
« Donne du goût à la Vie ! »
Sur la montagne, Jésus enseignait ses disciples et volontiers, il leur parlait du Royaume de Dieu et de sa Justice. Dans l’évangile que nous proclamons, Jésus dit : « Vous êtes le sel de la terre… ; Vous êtes la lumière du monde. » Il nous accorde sa confiance ! Cette affirmation est liée avec la prière : « que ton règne vienne » du Notre Père.
Le Royaume de Dieu vient dans le monde par notre conversion à la foi qui libère l’homme et sauve l’homme. C’est par nous que le Royaume de Dieu est visible sur la terre, parce que nous sommes le sel et la lumière de la terre.
Le sel a quatre significations : premièrement il est utilisé pour nettoyer. Dans l’atmosphère ambiante, la signification du sel est une image pour nous chrétiens qui sommes appelé à apporter de l’oxygène au monde à bout de souffle. Dans son discours aux évêques du Congo, le Pape François disait : « Merci, d’être un poumon qui donne du souffle à l’Église universelle ! ». Notre responsabilité de chrétiens dans le monde est de ne pas le souiller avec des paroles impures, mais d’annoncer la Bonne Nouvelle libératrice de la grâce !
Deuxièmement, le sel est un exhausteur de goût. Le Royaume n’est pas une vie mièvre et sans espérance. Nous ne devons pas nous montrer fatalistes, fades et sans saveur comme ceux qui sont sans espérance. Dans le monde, nous apportons un témoignage qui illumine et qui donne à l’humanité ainsi qu’à la planète toute sa beauté et son goût. Nous pouvons être le goût qu’apporte la Foi chrétienne au monde.
Troisièmement, le sel est un excellent conservateur. Il préserve les aliments de la pourriture. Notre mission est de veiller à ne pas laisser le monde pourrir autour de nous. Le sel est l’image de la sentinelle qui veille à ce que les mentalités ne pourrissent pas le milieu de vie. Dans son discours de bienvenue au Congo, le Pape François a utilisé l’image du diamant, et du diamant souillé par le sang de la population méprisée, enchaînée et tué pour des intérêts économiques, véritables prédateurs des ressources enfuies dans le sous-sol du pays. Le sel nous fait devenir plus attentif et vigilant aux appels de nos frères persécutés, humiliés, méprisés, enchaînés et tués. Il est temps d’éveiller les mentalités de notre temps, plutôt que de rechercher un confort personnel par un Vivre Ensemble.
La quatrième signification qu’a le sel, c’est de créer du lien. Nous vivons dans l’alliance. N’est-ce pas notre devoir d’être des témoins de la réconciliation et de la fraternité universelle entre les humains, plutôt que de chercher la division et la séparation entre les migrants et les autochtones par exemple…
Et, nous sommes la lumière du monde. Pour Saint-Matthieu, être la lumière du monde rend visible la manière dont nous construisons le monde. Notre manière de vivre ensemble, au travers des œuvres de miséricorde que nous pratiquons quotidiennement, illumine la conscience collective au sujet de son avenir.
Oui, Jésus nous fait confiance. Notre mission sur la terre est un devoir de ne pas minimiser l’importance de notre vie. Ne pensons pas « petit », alors que la confiance de Dieu nous révèle notre grandeur d’âme et d’être pour une action commune qui transforme déjà notre temps à l’image du Royaume à venir. Nous savons bien que nous ne sommes pas toujours du sel pour la terre. Mais au cœur de chacun de nous, se cache une belle capacité pour être le sel de la terre. Réconcilié et œuvrer aux liens entre les personnes ; amener souffle dans les lieux où l’on suffoque ; purifier les lieux pourris ; donner le goût à la Vie et rendre la vie des gens plus lumineuse.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Homélie du 3ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A – Dimanche 22.01.2023 Chers sœurs et frères, En ce 3ème Dimanche du Temps Ordinaire de l’Année A, l’Eglise célèbre le « Dimanche de la Parole de Dieu ». Le 10ème verset de la première lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens, que vous venez d’entendre, nous adresse cette invitation : Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. Mais quel est le message que nous adresse Jésus dans l’Evangile de ce jour, selon saint Matthieu ? Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Mt 4, 12 « Se retirer », expression propre à l’évangéliste Matthieu, qui signifie, faire retraite. Oui, Jésus passera son temps à fuir, poursuivi par ses adversaires. Jésus prend acte de la décapitation de son cousin Jean le Baptiste, et nous allons le remarquer, il ne va pas abandonner la mission, bien au contraire, il va rejoindre la Galilée pour crier haut et fort l’existence et le message du Royaume de Dieu. Le risque est connu, Jésus finira sa vie, non pas décapité, mais crucifié sur le bois de la croix. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée … Mt 4, 13 Jésus va changer de lieu de manière radicale, Il quittera le petit village de Nazareth, minuscule bourgade cachée dans les collines, pour habiter une ville en avant plan, Capharnaüm, implantée en Galilée. Lieu de passage, de brassage de populations diverses où se mélangeaient de nombreuses races, passage des caravanes, carrefour des païens. Ce choix fait par Jésus à une signification, il vient rejoindre. Jésus va au-devant des femmes et des hommes les plus éloignés de Dieu. Jésus entame ici sa prédication en ce lieu ouvert à toutes les influences païennes, suspectée des milieux juifs dirigeants, méprisées. Mais, soeurs et frères, qu’en est-il de notre Eglise humaine contemporaine ? Comment nous comportons-nous vis-à-vis de nombreuses Communautés d’origine étrangère, bien présentes dans notre diocèse et ailleurs, et même ici, proches de nous ? Allons-nous comme Jésus, à leur rencontre, ou préférons-nous fuir, ne pas voir ? Ai-je cette force de regarder l’autre, le différent de moi, de l’approcher, de vouloir entrer en contact avec lui, de l’illuminer de cette Lumière de l’Amour divin ? Le choix de Jésus de vouloir quitter son village de Nazareth, pour rejoindre un milieu inconnu, hostile, n’est pas facile. Était-il seul pour prendre cette décision ? Dieu son Père, Notre Père, l’a-t-il aidé ? Et nous, face aux difficultés de nos choix, persévérons-nous à agir seul, conscient de nos limites humaines, ou nous abandonnons-nous en Dieu, lui demandant dans la prière, la force de l’Esprit Saint ? À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. Mt 4, 17 Le Seigneur nous invite au changement pour prendre conscience de la présence, dès ici-bas, du Royaume de Dieu. De cette présence de Dieu au travers de celles et de ceux que nous rencontrons. Le Seigneur nous invite à changer de regard, d’attitudes, à abandonner nos préjugés, pour nous focaliser sur le rayon lumineux du Christ, l’Amour pour tous, sans condition. Ne soyons pas des égocentriques, repliés sur nous-mêmes, vivant en vase clos, mais ayons l’audace de l’ouverture, du déplacement vers les autres, les différents de soi. Ne suis-je pas invité à faire un bout de chemin avec mon prochain, avec celui qui vit en humanité avec moi, invité à le découvrir, à me laisser élever et grandir par lui, dans un amour donné et partagé.

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Méditation du 2e dimanche A : évangile selon Saint-Jean 1, 29-34
« Voici l’Agneau de Dieu ! »
Aujourd’hui, dans l’évangile, Jean-Baptiste rencontre Jésus et le désigne pour ses disciples, comme l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. À chaque messe, juste avant de recevoir la Communion, nous répétons ces mêmes paroles. Par ces paroles, Jean-Baptiste se réfère aux paroles du livre de l’Exode, ou le Seigneur manifeste à Moïse sa toute-puissance, car Il est le miséricordieux. Il a vu et entendu la misère de son peuple sous les coups de ses chefs de corvée en Égypte. C’est l’identité du Dieu d’Abraham et la vocation de Moïse à mener son peuple hors d’Égypte vers la Terre promise qui est alors révélée. Dieu descend pour porter le péché du monde dehors. Il n’est pas descendu du ciel pour charger le peuple de ses péchés, mais bien pour soulever et emporter, ôter, faire disparaître le péché du monde.
Ce Dieu qui ôte et fait disparaître le péché du monde est rendu visible en Jésus. Souvent influencés par des courants de spiritualités jansénistes, véhiculant les idées d’expiations ou bien de sacrifices offerts à Dieu pour les péchés, des chrétiens déforment la Bonne Nouvelle de l’évangile. Pour Saint-Jean, Jésus en venant dans le monde nous libère des péchés et les prenant sur lui, Il redresse l’humain. « L’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », par cette formule est visé l’ensemble des péchés du monde dans toute leur étendue et toutes leurs implications. Dans les évangiles, Jésus ne nous accable pas ; Il ne nous accuse pas ; Il ne nous charge pas ; Il ne nous diminue pas. Sa personne et son message annoncent la libération, la guérison et le salut du monde.
À ces paroles de Jean Le baptiste, nous répondons par la profession de foi du centurion romain à Capharnaüm : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». C’est la promesse que l’Agneau de Dieu libère de toutes nos culpabilités et qu’Il guérit notre âme.
À chacune de nos eucharisties, nous revivons cet Évangile. Ainsi, je vous souhaite, qu’avant chaque communion, quelque chose en vous de neufs puisse surgir pour que ces merveilleuses images de l’agneau et des noces nous révèlent les mystères de notre libération, de la venue de Dieu chez nous et de notre relèvement, guéri de tout ce qui nous accable et nous retiennent dans la joie de connaître le Bien-Aimé.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Baptême du Seigneur A : évangile selon saint Matthieu 3, 13-17
« Tu es devenu enfant de Dieu ! »
La fête du baptême de Jésus nous rappelle notre propre baptême. Comment vivre du baptême aujourd’hui ? Lors du baptême, Dieu nous a dit : « Tu es mon fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée, en toi j’ai mis tout mon amour ». Ils sont nombreux les titres d’ouvrages : « De la survie à la vie ». Christelle Arsiel, kinésiologue/énergéticienne, éveilleuse de conscience, décrit le fait que de nombreux enfants sont conditionnés et n’ont comme raison d’être : « Tu peux être si tu fais quelque chose, si tu as du succès, si tu es sage, si tu es facile à soigner ». Lorsque les enfants font l’expérience d’une telle raison d’être conditionnée, ils développent des stratégies de survie. Ils essaient d’être le plus performants possible afin d’être vus et acceptés. Ils ne disent jamais ce qu’ils pensent, s’adaptent toujours aux autres pour être appréciés partout. Mais ce n’est pas une vraie vie, c’est juste une survie. Vivre pleinement et vraiment implique le droit d’exister sans condition aucune, ainsi qu’une acceptation inconditionnelle de mon existence par autrui.
Lorsque nous faisons mémoire de notre propre baptême, nous devrions toujours nous rappeler cette phrase : Je suis aimé inconditionnellement ! Je ne dois pas acquérir, ni prouver, mon acceptation de moi-même par une quelconque stratégie. Nous sommes acceptés et aimés de Dieu sans condition et nous devrions nous accepter nous-mêmes pareillement. Certains ne peuvent s’accepter eux-mêmes que s’ils satisfont aux hautes idées qu’ils ont d’eux-mêmes. Nous pensons que nous devons toujours être parfaits, toujours réussir, toujours être joyeux, toujours être cool. En face de ces idées, notre âme se rebelle nous ne pouvons pas trouver la paix intérieure. Sii nous gardons à l’esprit : Je m’accepte tel que je suis ! Et Dieu m’accepte tel que je suis, alors vous vivons en paix et nous unifions la vie.
Nous pensons souvent que les autres ne nous acceptent que si nous sommes particulièrement bons, performants ou faciles et gentil. En fait, nous projetons nos propres conditions d’existence sur les autres. Ou bien, nous nous préoccupons de ce que les autres pensent de nous. Là aussi, nous imaginons comment les autres nous acceptent.
Nous sommes invité à entrer dans une démarche d’acceptation, qui est une étape indispensable dans tout changement en profondeur. La croissance personnelle fait profondément partie de ma Vie pour m’accomplir dans ma véritable forme achevée, dans la paix intérieure et dans l’Amour. Seul ce que j’ai accepté peut-être transformé. Seul ce que j’accepte sans condition et que j’entretiens avec amour peut croître.
Je vous souhaite donc une semaine bénie, au cours de laquelle, lorsque vous avez du mal à vous accepter ou que vous doutez que les autres vous acceptent tels que vous êtes, vous vous répétez sans cesse : « Je suis aimé inconditionnellement de Dieu. Je m’aime tel que je suis. Et je peux me présenter aux autres tel que je suis ». En même temps, cultiver l’espoir de grandir toujours plus dans la véritable forme achevée de soi et chercher à être une bénédiction pour les autres.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation Épiphanie du Seigneur : évangile selon Saint-Matthieu 2, 1-2
 « LES IMAGES D’ÉPIPHANIE COMME UNE ÉCOLE DE LA PRIÈRE ».
Sur les anciennes routes de pèlerinage d’Europe, on rencontre régulièrement des auberges aux noms très évocateurs : « Aux trois rois » ou bien « À la Couronne ». Cela montre à quel point les trois Rois Mages sont, à juste titre, des archétypes du pèlerin, des archétypes de l’être humain. Comme un pèlerinage vient enseigner sur toute une vie, la vie elle-même est un pèlerinage. Mais qu’est-ce que le pèlerinage ? Le pèlerinage est une manière de devenir orant. L’Épiphanie, une école de la prière ?
Au commencement, il y a un départ. Celui qui part en pèlerinage emballe son baluchon et rompt avec son foyer. Un événement, une expérience douloureuse qui nous a brisés, secoués, rendus malheureux est généralement le déclencheur d’un pèlerinage. Une maladie, une rencontre, une inquiétude, une expérience de bonheur ou d’amour, ou une question comme la question des Mages : « À quoi sert suivre l’étoile ? » Pour le pèlerin, il commence par se mettre en marche. À l’école de la prière, c’est le cœur qui doit sortir de la conscience de soi ; il lui faut faire un déplacement. Ensuite, s’il s’agit d’une randonnée en montagne, l’effort deviendra en altitude un sacrifice de soi. À l’école de la prière, ce n’est pas différent. Les montagnes oxygènent et purifient l’organisme humain. Le temps passé en prière fait de même. Les périodes rudes, désertiques et de soif mettent à l’épreuve l’endurance, l’espoir et la fidélité.
Ainsi, la prière me donne progressivement une nouvelle perspective, elle me permet de voir les choses sous un jour nouveau, elle est une longue-vue, un regard de Dieu et avec Dieu de l’existence.
Enfin, le pèlerin arrive au lieu saint. Mais en chemin, il y a eu beaucoup et souvent un lieu saint ! Oui, peut-être un lieu insignifiant, une petite expérience, une intuition soudaine, autant de points lumineux du voyage. Nous ne pouvons pas fixer la graduation et la valeur de la prière sur notre vie extérieure. L’étoile intérieure peut s’arrêter et briller à nouveau, n’importe où et n’importe quand. Saurons-nous la suivre ?
Connaissez-vous la légende du 4e roi ? Quand les trois rois Mages sont arrivés la crèche, voici ce qui s’est passé. Le plus jeune roi est entré le premier. Il a trouvé l’enfant à l’âge d’un jeune homme. Lorsque le second roi voulant le relayer entre, il voit l’enfant dans son âge mûr. Désemparé, il se dépêche pour que le vieil homme lui rendre visite. Entré dans la crèche, il découvre que l’enfant était un vieillard.
Que s’est-il passé ? Tous les trois se sont vus réfléchis. Ils se sont vus et ont reconnu leur vie dans la crèche.
Cette expérience existentielle est possible par la prière, vraie matrice de la vie en croissance. Je me connais en vérité, lorsque je choisis de naître à moi-même, non pas pour voir un Dieu, mais pour être vu, pour être cru, pour être unifié, comme radiographier par mon Sauveur et mon Dieu !
La légende continue. Alors, ils décident d’entrer ensemble dans la crèche. Voici qu’ils voient l’enfant comme un nouveau-né, plein de promesses, lumineux, angélique comme les bébés peuvent l’être.
Le splendide tableau de Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770), https://www.youtube.com/watch?v=Bj9hZ6ziaB0 conservé à la Pinakothek de Munich présente ceux que l’évangéliste Matthieu désigne comme des « mages », des savants, par la tradition comme des « rois ». Dans ce tableau, au centre une question naît : « mais qu’est-ce qu’ils se racontent ? » Entre l’enfant et le visage du vieux, quelle lumière ! Un dialogue de la plus haute intimité avec Dieu.
Ils ont beau avoir toute la richesse du monde, cadeaux qu’ils ont apportés et qui retombent sur eux-mêmes à travers le regard de l’enfant. Ce regard lumineux et aimant du nouveau-né rend l’or au roi marqué par la vie, donne la myrrhe comme remède pour nos blessures et transforme nos souffrances en flammes d’amour.
Ainsi, celui qui prie reçoit finalement l’étincelle divine, celle de la vie éternelle. Placée dans le cœur, elle guide nos passages jusqu’au Grand-Passage. La crèche est alors un reflet du corps humain, comme le temple de Dieu lui-même. Chaque temps de prière ressemble au pèlerin qui arrive. Chacun des rituels de la prière est la cène de l’Épiphanie de notre dignité, de nos blessures de la vie et de l’Amour, de notre ressemblance avec Dieu. C’est le don de l’Enfant qui prend la forme de nos années et consent à notre Vie.
Votre curé Joseph SCHMETZ

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Chaque 1re janvier, l’Église célèbre Sainte-Marie, Mère de Dieu. Étrange, le lien entre le commencement d’une nouvelle année et la mère qui met au monde son premier né ! Pourtant, n’est-ce pas une belle image pour signifier un nouveau commencement ? Au départ d’une nouvelle année, nous restons souvent songeurs et remplis de questions : qu’est-ce qui va m’arriver ? Que sera cette nouvelle année ; par où ira le chemin de mon existence ? Qui vais-je rencontrer sur ma route vers le bonheur et la Paix ?
Je vous souhaite à tous de bonnes résolutions et une nouvelle 2023 année bénie !
Pour terminer l’ancienne année et commencer la nouvelle année, je vous invite à un rituel qui peut faire du bien. La porte de l’ancienne année doit être fermée pour que nous puissions bien commencer la nouvelle année. Pour moi, c’est un rituel qui appartient au réveillon du Nouvel An ! Je prends deux à trois heures seul pour moi. Je feuillette le calendrier de l’année écoulée et je regarde avec gratitude tout ce qui s’est passé au cours des 12 derniers mois, toutes les belles choses que j’ai pu vivre, mais aussi les expériences douloureuses comme la maladie, l’hospitalisation. Regardant tout ce qui est passé avec les lunettes de gratitude, je ressens que je ne marche pas seul. Dieu est avec moi et transforme tout en bénédictions, le beau comme le douloureux. Alors, je remets l’année écoulée entre les mains de Dieu et de Marie.
Ensuite, je regarde le calendrier de la nouvelle année 2023. Je demande à Dieu sa bénédiction pour tout ce qui est attendu de moi. Que Dieu me bénisse et qu’Il bénisse les gens avec qui je vis et que je rencontrerai cette année. Ainsi, au commencement de la nouvelle année, c’est comme être dans un nouveau champ des possibles pour soi. Avant de semer, le paysan ne commence t-il pas par préparer sa terre, la ratisser et l’égaliser pour qu’elle reçoive sa semence et porte le véritable fruit espéré ?
Je vous souhaite une année pleine d’espoir et bénie, que vous soyez une bénédiction pour les gens que vous rencontrez et avec qui vous vivez cette année.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Noël 2022 : évangile selon saint Luc 2, 1-20 ;
« Découvre l’enfant divin qui est en toi ! »
En ce jour de Noël, je vous souhaite une joyeuse fête de la Paix et de la solidarité ; que la grâce de la naissance de l’enfant Jésus vienne en vous et y demeure toujours !
La nuit de Noël est une nuit mystérieuse. L’Église célèbre la naissance de Jésus à Bethléem. Mais nous fêtons également la naissance de l’enfant Jésus dans notre propre cœur. Un mystique allemand du 17e s, Angélus Silesius disait : « Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né ».
Qu’est-ce que cela pourrait bien signifier pour moi, que Dieu veut naître en toi ? Comment se représenter cette naissance ? C’est d’abord un langage imagé qui par la force de l’image, nous fait sentir le mystère de notre réalité invisible et du sens qu’a notre existence.
Accueillir et affirmer la naissance de Dieu en soi, cela veut d’abord dire que je me connecte à cette image, la plus unique, que Dieu s’est faite de moi ! Dans mon âme, au plus profond de mon être, je ne me heurte pas seulement à l’histoire de ma vie, ou à l’héritage qui m’a conditionné, celui de mes parents, d’une éducation… Au fond de mon âme, c’est à-Dieu lui-même que je me connecte, dans l’immédiateté de Dieu. Et que dit Dieu alors ? Il donne naissance à l’enfant ; alors, je peux le connaître !
La naissance de Dieu en soi, cela signifie ensuite que je peux recommencer à zéro. Je ne suis pas le fruit du hasard, ni du destin tragique de l’existence. Mon histoire ne se réduit pas aux conflits passés, aux échecs, aux trahisons et abandons passés. Noël aujourd’hui est la fête d’un nouveau commencement, parce que c’est comme cela que nous marchons : nous allons de commencement en commencement ! Parce que Noël est la fête où l’enfant intérieur peut vivre et manifesté sa pureté, son innocence sa spontanniété, sa vérité, sa joie.
Les représentations de Marie tenant l’enfant dans ses bras sont innombrables. Ainsi, lors de la fuite vers l’Egypte, elle protège et sécurise l’enfant. De même, à Noël ne sommes-nous pas invité à embrasser l’enfant perdu en nous ? Je vous invite à vous tourner et à embrasser avec douceur et tendresse l’enfant intérieur en vous qui malgré l’enfant délaissé, l’enfant indigent, l’enfant insécurisé, l’enfant abandonné, l’enfant brutalisé découvre sa beauté et toute sa force de vie nouvelle. Avec Marie et Joseph et Jésus, il nous faut aujourd’hui, découvrir l’Enfant divin en nous. Je vous souhaite de vivre cette expérience d’être réconcilier tout entier dans la crèche intérieure de l’âme, là où nous sommes guéris et entiers, où tout renaît de l’Esprit-Saint, où nous sommes dans la paix et dans l’amour.
L’enfant divin, l’enfant qui est plein d’amour est la promesse de Dieu faite à chacun.e de nous. Malgré tout les soucis et tracas, tournes-toi et écoute le chant intérieur de ton âme, cette crèche intérieure où se trouve l’Enfant divin qui vient remplir ta vie de lumière, de paix, de joie, d’amour, de chaleur.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 4 Avent A : évangile selon Saint-Matthieu 1, 18-24
« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Le 4e dimanche de l’Avent, ce sont Marie et Joseph qui nous préparent à la naissance de Jésus. Aujourd’hui, avec Saint-Matthieu, nous proclamons l’annonciation de l’ange Gabriel à Joseph, contrairement à l’évangile de Saint-Luc pour qui l’annonciation de l’ange Gabriel s’adresse d’abord à Marie.
Joseph ne sait plus où il en est : sa fiancée est enceinte, il projette de la renvoyer en secret pour éviter tout scandale. Voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui explique ce qui s’est passé. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Jésus, c’est lui qui sauvera son peuple, qui le libèrera et qui aura un impact sur le peuple tout entier ! Ainsi, l’ange du Seigneur transforme non seulement le regard de Joseph, mais aussi son agir essentiel. Alors Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Sommes-nous prêts à accueillir les deux messages à propos de l’Enfant Jésus qui va naître dans notre propre existence ? L’enfant qui va naître sauvera, libérera et protégera son peuple ! Et son nom sera Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Voilà ce que nous allons bientôt célébrer à Noël ! Dieu est avec nous, Il est descendu jusqu’à nous, Il vient chez nous et Il demeure parmi nous. Il est le Dieu pour nous sauver !
Au début de l’évangile de Matthieu, il y a cette affirmation que Dieu est avec nous. La fin du livre se termine, après le récit de la résurrection, par l’affirmation : « Je suis avec vous tous les jours de votre vie ».
Alors, nous pouvons mieux comprendre que Noël, c’est bien ceci : depuis la naissance, jusqu’à la mort, Jésus est avec nous. Il est parmi nous, et Dieu connaît tous nos chemins puisqu’Il est avec nous jusqu’à la fin des temps. Dieu s’est fait homme afin que jamais nous ne soyons séparés de lui, mais que nous allions à travers notre humanité en sa compagnie.
Ainsi, s’il est Dieu avec nous, il nous sauve et nous libère de nos peurs et de nos soucis pour nous révéler notre beauté, notre vérité, notre unité, notre dignité profonde.
Je vous souhaite d’allumer la quatrième bougie de la couronne d’Avent. Elle nous renvoie au chiffre symbolique de la terre ; que notre quotidien soit éclairé et transformé, car Dieu est avec nous.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 3e dimanche de l’Avent A : évangile selon saint-Matthieu, 3, 1-12
« Réjouis-toi, le Seigneur vient ! »
Aujourd’hui, Jean le Baptiste est à nouveau la figure centrale, mais avec une tout autre saveur : celle de la joie ! En effet, le troisième dimanche de l’Avent est appelé « le dimanche de la joie ». Oui, Réjouissez-vous, le Seigneur est tout proche !
Depuis sa prison, Jean Baptiste envoi ses disciples à Jésus pour lui demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Alors Jésus les invite à rapporter à Jean ce qu’ils voient et entendent : « que les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. » C’est la raison profonde de la joie et des réjouissances.
Nous faisons cette expérience intérieure de la joie, lorsque le Seigneur vient chez nous. Nous trouvons alors le courage de regarder nos propres fautes et erreurs, et acceptons de ne plus fermer les yeux sur nous-mêmes ; parce que nous savons que toute notre réalité humaine est traversée par l’amour de Dieu. Nous n’avons pas besoin d’avoir peur, ni de fermer les yeux sur nos pauvretés en présence de Dieu et du prochain. La venue de Jésus, nous guéri de la peur qui nous paralyse, nous aveugle et nous bloque intérieurement. Là où nous nous sentons sales, coupables, honteux, Jésus veut éclairer et purifier notre marche. Jésus vient nous aimer et transformer ce qui est mort en nous, en joie de Vivre plus fort.
En cette période de l’Avent, il ne s’agit pas de fermer les yeux sur la réalité de notre monde, ni sur la détresse des Ukrainiens frappés par la guerre, ni sur la pauvreté de personnes au cœur de notre société, ni sur la peur de nombreuses personnes face à ce qui les attend. Les yeux ouverts, nous voyons la réalité de notre monde. Et pourtant, nous essayons de croire qu’un amour plus fort que la réalité oppressante nous entoure. Cet amour, nous pouvons l’entrevoir en pensant à Jésus qui vient à nous dans la pauvreté d’une crèche et qui, sur la croix, nous a aimés jusqu’au bout.
Je vous souhaite donc, en ce temps de l’Avent, de ne pas vous laisser contaminer par l’agitation extérieure, ni par les angoisses que vous rencontrez autour de vous, mais de vous savoir entourés de l’amour de Jésus.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Méditation du 2e dimanche de l’Avent A : évangile selon Saint-Matthieu 3, 1-12
« Dieu veut venir chez nous ».
Chaque année, la figure de Jean le baptiste illumine notre marche de l’Avent. Saint-Matthieu nous donne la signification de sa prédication. Jean Baptiste est le prédicateur de la conversion : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » L’appel à la conversion est aussi un appel à penser autrement l’existence humaine, la vie du monde. De la manière dont nous pensons notre vie, vont dépendre notre manière d’agir envers nous-mêmes, ainsi qu’envers les autres. L’Église et le monde dépendent de la perception que nous en avons ; et cela peut changer… Se convertir, c’est penser notre vie comme Dieu l’a voulue.
La prédication au désert de Jean-Baptiste à l’attention des pharisiens et des sadducéens qui se présente à son baptême n’est pas tendre : « Engeance de vipères ! » Ces paroles radicales font peur par leur violence et leurs côtés percutants.
N’est-ce pas ce que nous expérimentons, lorsque notre propre cœur est endurci et que nous sommes blindés, n’avons-nous pas également besoin d’être secoués par des paroles fortes qui viennent nous réveiller, raviver notre conscience et nous arracher à l’indifférence ? Se convertir, c’est vivre notre vie comme Dieu l’a voulue.
Jean-Baptiste qui vit au désert. Sa prédication est porteuse d’une annonce, d’une promesse qui est toujours d’une brûlante actualité : un baptême dans l’Esprit-Saint et le feu. Dieu Lui-même va venir et Il préparera nos chemins. C’est également le sens de notre démarche en Avent. Nous préparer pour recevoir chez nous, Dieu lui-même. Ainsi si nous préparons les chemins pour Dieu, nous serons mieux disposés pour arriver chez nous. Et si Dieu vient à nous alors nous pouvons mieux arriver à nous connaître personnellement. Nous sommes alors chez nous. Il nous faut bien reconnaitre que nous sommes si souvent absents de nous-mêmes. Nous courons partout, très préoccupés des messageries électroniques, occupé à surfer et comme Jean le dit aussi : nous courons dans tous les sens et pensons que nous sommes suffisamment éveillés. Si seulement, nous laisserions plus souvent du temps à écouter la voie du désir qui veut nous sauver des illusions et des fausses spiritualités…
La conversion est une expérience existentielle, d’être chez soi et de boire à la source intérieure de la Vie que Dieu a fait jaillir en nous, d’éveiller sa conscience. Vivre pleinement le moment présent et faire l’expérience de Dieu dans ma vie. La promesse que le Royaume de Dieu est tout proche se réalise alors, puisque nous sommes dans ce lieu sein et sacré de l’être vivant où nous sommes libres de toutes les influences, modes et autres séductions qui nous retiennent captives.
Je vous souhaite d’aller vers le désert intérieur pour chercher à entendre la voie de Dieu qui vient vous murmurer au cœur ; « tu es mon enfant bien-aimé ; en toi j’ai mis toute ma vie ».
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 1er Dimanche de l’Avent A : Évangile selon Saint Matthieu 24, 37-44
« Le temps de l’Avent, le temps où nous sommes transformés, où nous devenons libres ».
En ce premier dimanche de l’Avent, nous entendons une prédication de Jésus sur la fin des temps. Ces paroles peuvent nous apparaître terrifiantes : « les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis ». Si certains ont utilisé ces paroles pour fixer la date de la fin du monde, la fin du monde, souvent présentée de manière apocalyptique, est plus proche de nous, lorsqu’il s’agit d’accueillir notre propre mort.
L’expérience du Grand-passage est semblable au récit de l’évangile de Matthieu. Pour nous aussi, juste avant de mourir, la lumière de notre conscience devient une nuit profonde sur nos certitudes, tout semblera dispersé et chaotique, c’est apocalyptique d’envisager de partir ! Encore plus fort, lorsqu’on est dénoncé par ses proches pour être arrêté, mis en prison et mis à mort, comme les chrétiens persécutés de tous les temps… Mais la mort est aussi le lieu de la vie nouvelle et d’une renaissance.
Jésus nous apprend comment rester vigilant, les yeux fixer sur lui. Il vient nous sauver, Il est parmi nous, Il vient en nous ; ainsi lorsqu’arrivera la fin du monde pour nous, il viendra dans son Royaume, nous prendre dans ses mains, dans son Amour, comme une accoucheuse reçoit un nouveau-né dans ses mains.
Le message est une invitation à la vigilance : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Être prêt et vigilant signifie pour nous, pas uniquement au temps de la mort, mais dès maintenant de me vivre libre. En m’ouvrir à sa venue en moi, en laissant Jésus venir en moi, je vis la fin d’un monde qui ne pourra plus avoir de l’emprise sur moi. Les exigences et toutes les revendications du monde arrivent alors à une fin. Le monde n’aura plus le pouvoir tyrannique de séduction, de provocation, d’agressivité sur moi-même. Je ne le laisserais plus me dominer ni influencer dans mes choix personnels. Rester éveillé et vigilant, c’est être libre.
Le temps de l’Avent veut nous introduire dans cette expérience de la vigilance intérieure, que vienne la fin des apparences et des gloires scintillantes d’un jour qui assombrissent notre cœur, pour laisser une aurore nouvelle dans notre vie.
En ce début de l’Avent, Mgr Delville nous écrit une lettre pastorale intitulée : « Élargissons l’espace de notre tente ». Tel est aussi le titre de la synthèse mondiale de la démarche synodale. Notre évêque nous invite à la lire, à nous en inspirer pour en parler en petits groupes dans vos communautés, paroisses ou en famille pendant ce temps de l’Avent.
Je vous souhaite le courage d’entrer en Avent en faisant l’expérience de la rencontre de Jésus qui veut guérir et sauver notre vie. Il vient transformer notre vie pour nous donner sa liberté et son Amour.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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