Homélies du dimanche

Médiation du 1er dimanche de l’Avent B : évangile selon Saint-Marc 13, 33-37
Méditation du 2e Avent B : évangile selon saint Marc 1, 1-8
Campagne de l’Avent pour Action Vivre Ensemble 2e Avent B
Méditation du 4e dimanche de l’Avent B : évangile selon saint Luc 1, 26-38
Méditation de la Nativité du Seigneur : évangile selon Saint-Luc 2, 1-14
Méditation Nouvel an
Méditation de la fête de l’Épiphanie : évangile selon saint-Matthieu 2, 1-12
Méditation du 2e Dimanche ordinaire B : évangile selon St Jean 1, 35-42
Dimanche de la Parole de Dieu, 3e dimanche du Temps Ordinaire
Méditation du 4e Dimanche B : évangile selon saint Marc 1,21-28
Méditation du 6e Dim B : évangile selon saint Marc 1, 40-45
Méditation du 1er Dim. Carême B : évangile selon saint Marc 1, 12-25
Méditation 2e dimanche de carême B : Genèse 22, 1-2.9-13.15-18 ; évangile selon saint Marc 9, 2-10
Méditation du 3e dimanche de carême B : évangile selon Saint-Jean 2, 13-25
Pâques 2024 : Evangile de Jésus-Christ selon Saint Marc 16,1-8
Médiation du 3e Dimanche de Pâques B : évangile selon saint Luc 24, 35-48
Méditation du 4e dimanche de Pâques B : évangile selon saint Jean 10, 11-18
Médiation du 6e dimanche de Pâques B : évangile selon saint Jean 15, 9-17
Ascension du seigneur
Méditation du 7e Dimanche de Pâques B : évangile selon Saint-Jean 17, 11b-19
Joyeuse fête de Pentecôte ! Commentaire du livre des Actes des Apôtres 2, 1-11
Méditation du 13e dimanche B : évangile selon saint Marc,

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Méditation du 13e dimanche B : évangile selon saint Marc, 

« Jésus est dans ton bateau ! »

Dans l’évangile de ce dimanche, Saint-Marc nous rapporte le récit d’une tempête en mer. Les disciples sont dans la barque. Un violent tourbillon se forme sur le lac de capharnaüm et les vagues menacent la barque dans laquelle ont pris place les disciples avec Jésus. À l’arrière de la barque, Jésus, lui, dort sur un coussin. 

Le violent coup de vent est une image pour décrire notre époque. On ne sait pas d’où vient le cyclone. Nous ne pouvons pas nous y opposer. Car il change constamment de direction. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont l’impression d’être pris dans un cyclone. Ils sont assaillis de tous côtés. Lorsqu’ils affrontent un problème, le suivant arrive déjà d’une autre direction et les perturbe davantage. Dans cette situation, ne devons-nous pas faire comme les disciples ? Ils réveillent Jésus. 

Jésus dort dans notre bateau ; cela signifie que nous avons perdu notre relation avec lui. Si nous ne sommes pas en relation avec le Jésus qui habite en nous, nous sommes facilement pris par les tracas et les soucis, nous n’y voyons plus clair. Nous avons alors peur de périr ou, comme on peut aussi traduire le mot grec, de nous perdre nous-mêmes. «Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? », disaient les disciples.

Si nous entrons en contact avec le Jésus qui est dans notre bateau, même si nous ne le sentons pas, alors les tempêtes s’apaisent. Au fond de nous il existe bien un calme intérieur qui ne peut pas nous être enlevé par les tempêtes extérieures. 

Les tempêtes extérieures, que nous percevons actuellement dans le monde entier ainsi que dans l’Église, resteront. Mais en cherchant à ouvrir en nous l’espace intérieur du calme et de la tranquillité, alors les tornades de ce monde n’auront plus prise sur nous. Nous serons comme une maison bâtie sur le roc, un appui intérieur au milieu du chaos en Jésus présent nous révèlera le sens de notre marche. 

Beaucoup diront : oui, cela semble beau. Mais je ne ressens pas cet espace intérieur de silence et de paix intérieure. Je réponds alors : ce qui m’aide, c’est de m’imaginer, lors d’une réunion tumultueuse ou dans les turbulences du quotidien, que cet espace de silence est en moi. Les voix fortes de l’extérieur n’y ont pas accès. Et les turbulences dans lesquelles je me trouve parfois ne peuvent pas pénétrer dans cet espace sacré en moi.

Je vous souhaite, qu’au cours de la semaine à venir, de prendre du temps pour expérimenter cet espace intérieur de silence au milieu des tornades dans lesquelles nous nous perdons. Pour nous y aider, pourquoi pas s’assoir dans une église silencieuse et s’imaginiez : l’espace sacré qui m’entoure, dans lequel le silence règne, dans lequel je sens la présence de Dieu, est aussi en moi. C’est un lieu de refuge dans lequel je peux revenir, même au milieu de l’agitation du quotidien, et dans lequel je ressens la paix et un calme intérieur. 

Je vous souhaite donc de vivre des temps d’être et de faire sans cesse l’expérience de cet espace sacré de silence et de paix dans votre corps, au fond de votre âme.

Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Joyeuse fête de Pentecôte ! Commentaire du livre des Actes des Apôtres 2, 1-11 
« Lorsque ta façon de parler te trahit ».
Les peintures représentant la Pentecôte telle qu’elle est racontée par Luc dans le livre des Actes des Apôtres sont innombrables et très différentes. « Soudain, un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent ». (Actes 2, 2) Voici que le Saint-Esprit met les disciples de Jésus en mouvement. Une langue de feu descend sur chacun d’eux. Cela donne aux disciples « de parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » et tous les comprennent. En effet, des personnes de 17 nations différentes comprennent les paroles des disciples chacun dans sa propre langue. La Pentecôte est donc la célébration de l’apparition d’un nouveau langage, un langage qui est contagieux, qui réchauffe, qui touche et qui émeut. Ce langage nouveau qui unit des gens de toutes les parties du monde connues à cette époque.
Aujourd’hui, nous avons souvent l’impression que les langages utilisés dans notre société divisent au lieu d’unir. Que nous soyons en vision-conférence, en train de parler au téléphone, de prêcher ou simplement de dialoguer, la langue est importante. Elle révèle également, si et comment nous croyons.
Le langage anxiogène et souvent agressif des médias sociaux accuse, pollue et blesse, il condamne, glace et effraie. C’est un langage froid, un langage tendancieux, un langage qui juge et dévalorise. Paul Celan, poète juif de l’impossible langagier, a dit un jour : « Il n’y a pas de foi sans langage et pas de langage sans foi. »
La Pentecôte est un signe d’espoir pour notre monde : d’une part, que nous trouvions dans l’Église le courage de nous présenter devant le monde et d’annoncer notre message. En effet, nous avons quelque chose à dire, nous pouvons toucher par nos paroles les aspirations de nos contemporains à une vie épanouie, à la paix et à la liberté, de sorte que tous se sentent compris et soient touchés dans leur cœur.
D’autre part, la Pentecôte veut nous donner l’espoir que nous trouvions dans notre société un langage commun qui nous relie les uns aux autres. Nous constatons aujourd’hui que nous parlons souvent à côté les uns des autres, que nous sommes incapables d’entrer en dialogue les uns avec les autres, mais que nous voulons toujours prouver aux autres qu’ils ont tort. Puisse le Saint-Esprit nous rendre capables d’un dialogue dans lequel l’un écoute l’autre, dans lequel l’un veut apprendre de l’autre et se laisser toucher par lui.
Mais avant de regarder les autres, nous devrions faire notre propre examen de conscience. Souvent, inconsciemment, nous jugeons, excluons, méprisons les autres. Ou bien, c’est notre égo que nous cherchons à bien placer pour nous dépeindre et nous mettre en avant. « D’ailleurs, ta façon de parler te trahit », dit l’Évangile de Matthieu. (Mt 26, 73) L’Esprit-Saint vient transformer nos paroles pour qu’elles ne jugent pas et n’offensent personne, mais qu’elles guérissent, libèrent et élèvent. Le langage donné dans l’Esprit-Saint réchauffe le cœur, il met les gens en relation avec le meilleur d’eux-mêmes.
Au jour de la Pentecôte, les disciples proclament « les merveilles de Dieu ». (Actes 2, 11) Le Saint-Esprit nous apprend non seulement à proclamer les actions merveilleuses de Dieu, mais aussi à mettre en mots ces expériences personnelles de résurrection et les dons des autres personnes. Ainsi, la Pentecôte est la fête de l’espoir que nous trouvions un langage commun non seulement dans la société, mais aussi dans nos familles et dans nos communautés ecclésiales.
Dans ce sens, je vous souhaite une fête de Pentecôte bénie. Qu’il sorte de vous une parole qui touche les gens dans leur cœur, une fête de l’espoir, un souffle tempétueux balayant ce qui est vieux et usé et vous remplissant d’une nouvelle vitalité, d’un nouvel amour, d’une nouvelle force. Que le Saint-Esprit vous mette en contact avec la source fraîche et claire, qui au fond de votre âme donne à votre quotidien un goût nouveau et rafraîchissant. Alors votre parole aura aussi un effet positif sur la société. Parce que bien parler est contagieux.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 7e Dimanche de Pâques B : évangile selon Saint-Jean 17, 11b-19 : « Devenez le levain de l’unité. »
Aujourd’hui, nous proclamons un nouvel extrait de la prière sacerdotale de Jésus. Jésus prie le Père et demande : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-même ».
Souvent, nous pensons à l’unité des chrétiens, orthodoxes, Églises issues de la Réforme, Communion anglicane et de l’urgence de mettre un terme à nos divisions pour refaire l’unité dans la mission que le Christ nous a donnée. Sans aucun doute c’est une grande intention que nous portons avec Jésus.
Mais, « Être un » a aussi une signification toute particulière lorsqu’on regarde l’héritage de la sagesse grecque. Pour Parménide d’Élée, l’un des philosophes les plus considérables dans l’histoire de la philosophie grecque présocratique, l’âme et l’esprit ne sont qu’une même chose, et ne forme qu’un seul Être. Il fut le premier à affirmer que la Terre est sphérique et située au centre de l’univers. Ainsi le but de l’existence humaine n’est pas de se diviser, mais bien de s’unifier pour « être un ».
Dans l’évangile, Jésus nous montre un chemin qui apprend aux disciples comment unifier la vie. « Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité ». Oui, Jésus est Celui qui est descendu du ciel, pour visiter toutes les expériences et réalités terrestres. Le symbole des apôtres affirme : « Il est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers », pour dire comment toutes nos zones d’ombres, nos côtés obscurs, nos paralysies intérieures, nos duretés intérieures ou bien tout ce que nous avons négligé, esquivés et oubliés, ont déjà été visités par Jésus qui y descend. Il veut nous sauver et il vient prendre soin de nous pour nous guérir. Lui seul peut nous prendre tout entier, nous ramasser alors que nous sommes dispersés, pour faire l’unité en Dieu avec nous et en nous.
Ce que Jésus demande dans sa prière au Père, se réalise dans chaque Eucharistie. Chaque fois que nous communion à son corps et que nous buvons à la coupe du salut, alors se réalise pour nous le mystère de l’unification, par la pénétration de son Esprit-Saint au cœur de toute la vie. Rien en effet, de ce qui est obscur, inconscient, oublié, froid ou bien nuit n’est exclu. Tout est saisi et promis à renaître pour ne plus que faire un avec Lui.
La prière de Jésus nous révèle la force qui est en nous, lorsque nous sommes des êtres unifiés. Nous devenons des personnes qui font également l’unité autour d’elles. Le problème vient du fait que beaucoup de personnes divisées et éclatées intérieurement créent de la division autour d’elles. Elles rêvent d’unité, d’harmonie dans la famille, dans l’Église, mais parce qu’elles n’acceptent pas la division intérieure et les aspects qui tyrannisent leur existence, elles ne peuvent pas témoigner de l’unité. Chacun a en lui une part de réforme, d’orthodoxie, de judaïté, d’Islam, d’anglicanisme… Tous ces aspects se confondent et parfois se confrontent en nous-mêmes. Toutefois, ce n’est que lorsque nous laissons l’unité se faire en nous que nous devenons capables d’être dans la communion chrétienne et de faire l’unité du Corps tout entier.
Je vous souhaite de devenir un levain d’unité pour le monde. Particulièrement aujourd’hui, dans un monde qui se divise et se déchire au nom des religions, qui fait la guerre et qui alimente la haine entre les humains par des actes de terreur, je vous souhaite d’expérimenter plus fortement encore ce désir de l’unité intérieure et l’urgence de vous mettre à cette tâche pour que l’humain ne fasse plus qu’un avec Dieu, et être levain d’unité et d’espérance pour un monde à bout de souffle.
Votre curé Joseph SCHMETZ.
 
 
Aujourd’hui, nous célébrons la fête de l’Ascension du Seigneur.
Beaucoup de gens ne savent pas quoi faire de cette fête. Je souhaite vous partager deux pensées qui me touchent. Tout d’abord, j’aime ces mots d’Angelus Silesius (1624-1677), le poète et mystique silésien : « Arrête ! Où cours-tu donc quand le Ciel est en toi ? En cherchant Dieu ailleurs, tu Le manques à coup sûr.
[trad. alt.: Et chercher Dieu ailleurs, c’est Le manquer toujours.] »
Nous levons les yeux vers le ciel. Mais le ciel, lieu de la présence de Dieu, est en nous. Là où le ciel est en nous, le bruit du monde n’a pas d’entrée, ni les pressions et les attentes des autres, ni les mots blessants qui blessent émotionnellement. Cette fête nous invite donc à découvrir le paradis en nous.
La deuxième pensée est celle de l’adieu. Jésus dit au revoir à ses disciples. Il leur dit :  » Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Si Jésus n’était pas parti, les disciples auraient risqué de projeter sur lui toutes leurs attentes. Ils ne seraient pas allés dans toutes les nations. Puisque Jésus les quitte, ils doivent trouver leur vrai moi et annoncer la Bonne Nouvelle libératrice de la Grâce.
Jésus est au ciel, au fond de notre âme. Et là où il est en nous, nous sommes pleinement nous-mêmes, nous n’avons plus besoin de paraître ou de nous mettre en valeur. Jésus veut naître en nous, afin que nous soyons pleinement nous-mêmes. Son Ascension nous connecte à la fois à Dieu et à la fois au mystère le plus profond de qui nous sommes.
Je vous souhaite une joyeuse fête de l’Ascension et de vivre les deux expériences : découvrir le paradis en vous, imaginer qu’au fond de votre âme se trouve cet espace de guérison intérieure où vous êtes pleinement vous-même, libre et authentique. Comment pouvons-nous consciemment sentir le ciel au-dessus de nous ? L’expérience de la marche peut nous y aider. Regardez l’immensité et la beauté du ciel. Quand le ciel s’ouvre au-dessus de nous, nos cœurs s’élargissent. Ainsi, le ciel nous relie à toutes les personnes qui, comme nous, suivent leur chemin sous le ciel de Dieu.
« Arrête ! Où cours-tu donc quand le Ciel est en toi?
En cherchant Dieu ailleurs, tu Le manques à coup sûr.
[trad. alt. : Et chercher Dieu ailleurs, c’est Le manquer toujours.] »
« Je ne sais qui je suis, je ne suis qui je sais :
Une chose et non une chose, un point nul et un cercle. »
« Mon Dieu, si je n’existais pas, vous non plus n’existeriez pas
puisque moi, c’est vous, avec ce besoin que vous avez de moi. »
« Plus tu connaîtras Dieu, et plus tu sauras
Que tu es incapable de lui donner un nom. »
« Dieu est une grande merveille. Étant tout ce qu’Il veut,
Il veut tout ce qu’Il est, sans mesure et sans but. »
« Dieu demeure dans une lumière où nulle voie ne mène :
qui ne devient pas elle, ne le verra jamais de toute éternité. »
« Dieu est un Éclair brillant, et aussi un néant sombre,
que nulle créature ne contemple avec sa lumière. »
Angelus Silesius (1624-1677)
 
 
 
Médiation du 6e dimanche de Pâques B : évangile selon saint Jean 15, 9-17 ; « Nous sommes les amis de Jésus »
Jésus nous demande dans l’Évangile : « Demeurez dans mon amour ». Cela sonne bien. Mais comment fait-on pour demeurer dans l’amour, ou comme le signifie aussi le mot grec : que nous habitions dans l’amour. Jésus comprend manifestement l’amour comme un espace dans lequel on peut habiter. Lorsqu’une personne nous aime, nous avons l’impression qu’elle nous accueil chez elle. Et dans une maison où les gens s’aiment, nous nous sentons bien. Là où il y a de l’amour, il y a aussi de la joie.
Mais comment pouvons-nous accéder à cette maison d’amour et de joie ? L’évangile de Jean est convaincu que ce sont La Parole de Jésus qui construit cette maison. Les Pères de l’Église disent : « La parole est la maison de l’esprit. Avec les mots, nous construisons une maison. Jésus lui-même dit de ses paroles : « Je vous ai dit ces paroles pour que ma joie soit en vous et pour que votre joie soit parfaite ». Jésus ne nous demande donc ni d’aimer, ni de nous réjouir. Il nous parle dans l’intimité d’amour et de joie du Père et veut nous la communiquer. Jésus part du principe que ses paroles nous connectent à la joie qui est une source au fond de notre âme, mais dont nous sommes assez souvent coupés à cause de nos soucis et nos problèmes. Les paroles de Jésus font remonter cette source en nous, alors la joie imprègne aussi notre conscience. Nous la puissance des mots et leurs influences sur nous.
Ne ressentons-nous pas l’humeur d’une personne à travers ses paroles, sa dépression, son agressivité, son pessimisme ou au contraire sa foi, son espoir, son amour ? Ainsi les disciples ont ressenti tout l’amour du Père dans le parler de Jésus. Cela les a remplis de joie. Posons-nous la question : comment nous nous parlons les uns aux autres ? Si nos paroles répandent l’amertume ou l’agressivité ou le pessimisme ou l’espoir et l’amour. Nous ne pouvons pas changer immédiatement notre façon de parler. Mais il serait bon de prendre conscience que nous ne transmettons pas seulement notre humeur aux gens par nos paroles, mais aussi par notre façon de parler. C’est pourquoi nous devrions parler avec attention et transmettre l’amour de Jésus dans notre discours.
Pour que notre joie continue de grandir et que nous ressentions son amour dans notre cœur et dans notre esprit, Jésus explique son amour pour nous : « Il n’y a pas de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis ». Pour les Grecs, l’amour des amis culmine dans le don de sa vie pour son ami. Jésus nous montre donc la profondeur de son amour pour nous. Avec cette parole de don de soi pour ses amis, Jésus interprète aussi sa propre mort sur la croix. Il ne parle pas de sacrifice ni d’expiation. Sa mort sur la croix est plutôt le sommet de son amour pour nous. Il ne nous culpabilise pas, comme si nous étions si mauvais qu’il doive mourir sur la croix pour nous. Nous devrions plutôt nous réjouir de ce que, sur la croix, il nous manifeste comme amour jusqu’à la perfection. Devant la croix de Jésus, nous pouvons imaginer qu’il vient nous embrasser de ses bras ouverts, comme ses amis et amies.
L’amitié était un bien précieux pour les Juifs, ainsi qu’elle l’était pour les Grecs et les Romains. Ben Sirac Le Sage, inspiré par la philosophie juive et la philosophie grecque, dit de l’amitié :  » Un ami fidèle, c’est un refuge assuré, celui qui le trouve a trouvé un trésor ». (Sir 6,14) L’amitié, comme l’amour, est aussi un espace où nous demeurons, que nous habitons, où nous nous sentons chez nous. Le plus grand des philosophes grecs, Platon, pense que seul celui qui est ami avec lui-même, qui est aimable avec lui-même, peut-être l’ami d’autrui. Jésus ne se donne pas à nous dans un acte héroïque, mais comme un ami qui est également heureux avec lui-même, qui est lui-même plein d’amour.
L’amitié transforme notre vie. Saint Augustin disait : « Sine amico nihil amicum ». Sans ami, rien ne nous semble amical dans ce monde. Tout ce que nous expérimentons dans l’amitié s’applique également à la relation de Jésus avec nous. Bien sûr, nous ne ressentons pas l’amitié de Jésus pour nous aussi concrètement que l’attention d’un ami ou d’une amie. Mais la manière dont nous faisons l’expérience de Jésus dépend aussi de l’image que nous nous faisons de lui. Si nous le voyons comme le Fils de Dieu inaccessible, nous n’avons aucune relation avec lui. Jésus nous appelle ses amis parce qu’il nous a communiqué tout ce qu’il a reçu de son Père. Les paroles que Jésus nous adresse dans les évangiles sont les paroles d’un ami. Un ami nous dit parfois aussi des paroles inconfortables, qui veulent nous ouvrir les yeux sur notre propre vérité. Mais même les paroles dures et provocantes de Jésus sont toujours les paroles d’un ami.
À une époque où nous entendons tant de mots qui nous déroutent, qui nous font peur, qui nous dépassent, il est bon d’entendre les paroles de Jésus comme les paroles d’un ami qui nous parle avec bienveillance. Et lorsque nous célébrons notre foi, il ne s’agit pas de vérités abstraites, mais, comme le disait Rufin d’Aquilée au 4e siècle, du mot d’ordre secret auquel les bons amis se reconnaissent. Pour Rufin, le fait que nous parlions une langue commune était un signe d’amitié, même si chacun interprétait les mots différemment. Les mots veulent nous ouvrir au mystère de l’amitié de Jésus.
Chantons ensemble le Credo comme des paroles d’amitié, comme des paroles d’ami à ami, comme des paroles qui nous font entrer dans le mystère de notre amitié avec Jésus, dans un mystère dans lequel nous trouvons nous-mêmes une patrie.
Votre curé, Joseph SCHMETZ
 
 
Méditation du 4e dimanche de Pâques B : évangile selon saint Jean 10, 11-18
« Pour une véritable transformation de nos vies en un don ! »
Chaque 4e dimanche de Pâques, nous prions pour les vocations et nous proclamons un extrait du discours du « Beau Pasteur », au chapitre X de l’évangile de Saint-Jean.
Aujourd’hui, nous entendons la seconde partie de ce long discours.
Plusieurs aspects retiennent l’attention. D’abord, Jésus dit : « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ». Il s’agit de la relation de confiance entre Jésus et nous-mêmes. La confiance que Dieu nous accorde n’a pas de prix et quels services cela rend ensuite dans l’existence ! Croire en sa parole suffit.
Ensuite, Jésus dit : « Je donne ma vie pour mes brebis ». C’est lui qui tient la tête ; Jésus le savait bien, si une brebis s’engage les autres suivent…, c’est ce qu’on attend de la brebis de tête. Jésus est la tête afin que nous puissions entrer sauvés et libres, comme des brebis qu’Il protège et garde dans l’unité et la Paix du Royaume.
Et puis cette parole très paradoxale de Jésus : « Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie… Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même ». La mort violente sur la croix de Jésus qui a été livré par le Grand-Prêtre Juif aux Romains pour exécuter la cruelle et ignoble sentence est d’une brutalité sans nom ; mais Lui dit qu’Il nous donne librement sa vie !
Cette importante image renvoie chacun.e à sa propre expérience. Ainsi, lorsque nous rencontrons l’hostilité, la contrariété dans nos projets personnels, la maladie, le malheur, la perte d’un emploi… alors souvent, la colère éclate, nous râlons et protestons violemment et ressentons le sacrifice à faire. Comment arriver à transformer tout ce négatif en don de soi ? N’est-ce pas le mystère que Jésus nous révèle ?
Avec toute la violence extérieure qui explose en face de lui et sur lui, dans un acte libre, Il la transforme en don de soi pour l’humanité, et par cette puissance intérieure, ceux qui le tuent n’ont plus aucun pouvoir sur lui. Ainsi l’extérieur violent se transforme en acte d’Amour pour eux !
Voilà l’Art de vivre notre existence à la suite de Jésus, le beau Pasteur ! Aller puiser dans l’Amour une puissance de transformation afin de transformer ce qui est violence en don de soi pour plus d’humanité.
Dans chacune de nos eucharisties, nous sommes invités à l’offrande de nos vies pour que l’Esprit de Dieu la transforme, l’humanise, l’illumine de sa Présence qui, en nous et par nous, manifeste vraiment au monde le mystère de la Résurrection.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Médiation du 3e Dimanche de Pâques B : évangile selon saint Luc 24, 35-48
« C’est la lumière de la résurrection qui guérit notre regard »
Au 3e dimanche du temps de Pâques saint Luc rapporte comment, retournés à Jérusalem, les disciples bouleversés avaient reconnu le Seigneur à la fraction du pain, lorsqu’ils étaient à Emmaüs. Et voici que Jésus lui-même ressuscité fut présent au milieu d’eux. Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un fantôme. Alors Jésus leur dit de regarder et de le toucher pour qu’ils fassent le constat de la chair et de la présence réelle de Jésus parmi eux.
C’EST BIEN MOI ! et le grec traduit : «εγώ είμαι Αυτός ».
« Αυτός » désigne l’être, le soi profond, le noyau de la personne, dans la philosophie des stoïciens. Et saint Luc est pétri de cette sagesse grecque lorsqu’il écrit ces récits. Ainsi, lors de la rédaction de son évangile et du livre les Actes des Apôtres, c’est avec les outils du stoïcisme qu’il traduit l’expérience du ressuscité aux apôtres. C’est une fois Ressuscité, que Jésus de Nazareth est vraiment devenu Lui-même, le Vivant, Dieu parmi nous ! Ainsi Vivant, Jésus accomplit la promesse et la quête du désir profond de l’humain de voir Dieu. Nous sommes également informés de cette promesse qui nous est faite de la part de Dieu que dans notre résurrection, tout en nous trouvera son achèvement et son plein épanouissement.
Cette page de l’évangile de saint Luc parle de la signification qu’a pour nous la résurrection. Au Cénacle, le Christ invite les apôtres à entrer dans l’intimité de Dieu par ses blessures. Réciproquement, dans un « admirable échange », Dieu entre en nous par nos blessures.
Saint Luc poursuit qu’alors, Jésus ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures et leur dit comment le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts ! Il ne suffit pas de prendre une bible de l’ouvrir et de la lire pour expliquer la vie et le destin de Jésus ! C’est avec le recul et dans la lumière de la résurrection que les apôtres voient que Ressuscité signifie l’accomplissement de la vie et des promesses.
C’est bien Dieu qui relève l’humain et le fait sortir du tombeau. C’est Dieu qui nous sauve de la noyade, lorsque nous coulons ; c’est Dieu qui nous libère des idoles et des liens de servitudes, lorsque nous sommes captifs, enfermés dans des fausses représentations de l’homme ; c’est Dieu qui transforme nos larmes et notre tristesse en joie ; tout cela s’accomplit par et dans la résurrection du Jésus. La résurrection n’est pas une expérience totalement inconnue des apôtres. Jésus veut leur faire comprendre que c’est de tout cela que parlaient déjà les Écritures et que Dieu a toujours fait ainsi par le passé. Dieu est bien Celui qui initie cette vérité, cette liberté, cette vie, cette joie en nous pour la vie nouvelle dans l’Esprit-Saint.
La résurrection de Jésus est la promesse de Dieu d’une expérience immédiate de plénitude, d’harmonie, de paix et de joie entre nous. Elle est la promesse de la Fraternité universelle annoncée et vécue par celles et ceux qui croient en Lui. Elle est la promesse d’une recréation de notre soi profond, enfin libre des attentes et des cadres qui ont longtemps enfermé nos existences. Elle est la promesse que Dieu peut transformer la nuit en jour, la trahison en nouveau commencement, la dureté pour la faire éclater en Vie nouvelle.
Votre curé Joseph SCHMETZ

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PÂQUES 2024 : Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 16,1-8

C’est Pâques que je vous annonce, accompagné de mes bons vœux ! Que la fête soit bénie et le temps pascal qui commence, la joie d’une vie qui s’épanouira toujours plus en vous et chassant de vous tout ce qui est figé. Jésus de Nazareth, le Crucifié est ressuscité !
Mais est-ce que la Résurrection ne pose pas des problèmes très difficiles à résoudre ? Passer de l’extérieur à l’intérieur, c’est un problème quand on est devant une maison. Encore faut-il passer la porte. Et bien sûr, quand on est dehors, on est dehors, quand on est dedans, on est dedans ! Il faut passer d’un état à l’autre.
Le problème se pose à propos de Jésus. On était tellement habitué de vivre avec lui extérieurement … ! On avait de l’amour pour Lui, on l’écoutait, ça rentrait, sa parole était assimilée, il y avait une certaine communion, et cependant il y avait une extériorité réciproque de l’un par rapport aux autres pour passer à la condition nouvelle où Christ habite au-dedans. C’est peut-être la grande frayeur dont Marie Madelaine et Marie furent saisies et qui les paralysent, comme si l’église liturgique souhaitait qu’on ne lise pas cela : »Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur »… Jamais ça ne leur était arrivé jusque là de percevoir Christ vivant au-dedans d’elles ! C’est une condition d’existence tellement radicalement nouvelle qu’il y a de quoi, vraiment, être saisi d’un certain tremblement d’effroi, de peur… !
Et comment en parler ? On peut parler des relations extérieures : on a l’habitude, on a tout un langage, il y a des mots pour cela. Mais cette présence de Christ en nous, comment la traduire ? Les femmes font la toute première expérience de la résurrection, la toute première expérience de Christ vivant en elles. Ensuite, les apôtres, puis Paul et puis d’innombrables générations de mystiques et de saints qui vont trouver un langage plus approprié aux Paroles de la Vie éternelle, pour nous les transmettre afin que nous aussi, nous croyons au Dieu des Vivants. Les plus fortes expressions de cette venue en soi du Christ, reste la poésie, tellement c’est nouveau, tellement c’est bouleversant.
Alors, peut-être est-ce cela qu’il faut trouver dans la peur de ces femmes qui expérimentent pour la première fois l’intériorité de Jésus dans leur vie. Elles se demandent ce qui leur arrive. Ne sont-elles pas folles ? Quoi donc ? Et cependant elles n’en parlent pas, elles ne peuvent pas en parler… C’est une réaction… ! Déjà, dans le Cantique des Cantiques, il est question de l’épouse qui cherche son époux : « Sur mon lit, la nuit, j’ai cherché celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé. » (Ct 3,1) Comme l’épouse du Cantique des cantiques, Marie demande trois fois à voir Jésus. La troisième fois, elle demande à Jésus lui-même, qu’elle prend pour le jardinier. Mais lorsqu’il l’appelle par son nom « Marie », elle le reconnaît et veut le prendre dans ses bras. Mais Jésus lui dit de ne pas le retenir, qu’il monte maintenant vers son Père.
Je vous souhaite la joie de la venue en vous de Christ ; il y a de quoi être secoué par ce bouleversement. Vous n’avez plus conscience du temps, vous n’avez plus conscience du lieu où vous êtes, parce que vous êtes emmené dans l’inconcevable.
La rencontre avec le Ressuscité, qui l’appelle par son nom, lui montre que l’amour est plus fort que la mort. L’amour de Jésus, qui lui a été si salutaire tant qu’elle l’a vu en chair et en os, continue. Marie de Magdala reçoit de Jésus la mission d’annoncer aux disciples le message de sa résurrection. Cela a certainement été un affront pour l’Église masculine. Mais tous les évangiles nous disent que ce sont d’abord des femmes qui ont rencontré le Ressuscité. Elles étaient sans doute plus à même de croire jusqu’aux entrailles à la résurrection que les disciples masculins…
Saint-Marc dit que les disciples devraient aller en Galilée, c’est là qu’ils le verraient. La Galilée représente notre quotidien. Saviez-vous que la Galilée était qu’à moitié juive et que l’autre moitié était païenne ? Cette image représente les déchirements de notre monde, comme nous le vivons douloureusement aujourd’hui face réalités de guerres et de conflits dispersés à travers le monde. Pourtant, c’est au milieu de ces troubles et de ces attaques que nous devons avoir confiance dans le fait que le Ressuscité est avec nous. Dieu est pour la vie et pour la paix ! Peut-être, avons-nous besoin des entrailles d’une femme, comme celle que nous montre Marie de Magdala, pour reconnaître le Ressuscité au travail dans nos quotidiens ?
Ce passage de l’extériorité à l’intériorité, c’est une fameuse nouveauté dans l’histoire de l’humanité.
Que l’amour du Ressuscité transforme notre vie quotidienne et grandir l’unité entre nous et nous convainc que seul l’Amour est plus fort que la mort.
« Le Christ est Ressuscité ! Oui, Il est vraiment Ressuscité ! Amen ! Alléluia ! »
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation du 3e dimanche de carême B : évangile selon Saint-Jean 2, 13-25
« Jésus transforme nos marchés en temple saint ! »
L’évangile de l’expulsion des marchands et des changeurs du temple de Jérusalem par Jésus est une invitation pour chacun.e d’entre nous à donner du sens au carême qui nous prépare à Pâques.
Le marché, la foire avec ses odeurs, ses cris et ses bousculades peut être également appliquée à nos existences chaque fois que nos idées bruyantes et folles, lorsque nos volontés de puissance ou notre course aux profits, à la perfection et à la performance, nous rappellent celles des marchands qui se vantent eux-mêmes. Nous sommes constamment en train de nous comparer aux autres : qu’est-ce que je vaux à mes propres yeux, pour la société, et pour les gens ? En nous, il y a les boeufs, image de nos pulsions ; il y a les moutons, image des représentations que les autres ont de nous et qui nous colle à la peau ; il y a les pigeons qui volent : image des pensées quelconques qui traversent la tête et que nous ne maitrisons pas ; elles nous échappent. Nous souffrons de l’image que nous avons de nous-mêmes et qui ne correspond pas à notre réel… Alors, notre vie ressemble à un marché, une foire et nous dépensons beaucoup d’énergie pour maîtriser le chaos qui nous habite. On peut facilement reconnaitre des personnes à l’image de la foire et du marché. Elles sont souvent crispées, déchirées intérieurement et dans l’activisme. On remarque leur tension intérieure, avec laquelle elles répriment tout le chaos qui règne en eux.
À Jérusalem, Jésus chasse tous les marchands, les changeurs, les boeufs, les moutons et les colombes du Temple pour rendre nos corps saints afin que nous soyons le temple de Dieu à l’image des cathédrales gothiques et baroques : que nous devenions grands et vastes, pleins de beauté. De retour d’un voyage à Rome, je suis entré dans des églises gothiques. Ces édifices ouvrent le ciel et m’inspirent un élan vers le haut. Ou bien ces somptueuses églises baroques avec des décorations aux couleurs chatoyantes m’inspirent toute la beauté de notre propre âme. Aujourd’hui, je vous invite à vire cette expérience et d’être différents en cherchant à intérioriser l’image du temple que sont nos corps. Considérons-nous pour un instant comme un temple, et laissons-nous conduire à une autre expérience de nous-mêmes. Quittons notre foire et notre grand bazar cérébral. Nous pouvons alors nous redresser et ressentir un espace de grandeur ainsi qu’une réelle beauté intérieure.
L’enseignement de Saint-Jean veut nous révéler Jésus, qui par sa mort et sa résurrection, vient purifier le temple de notre corps. Mais comment pouvons-nous en faire l’expérience aujourd’hui ? L’un des chemins empruntés par les premiers moines consiste à laisser Jésus entrer dans son corps au rythme du souffle. Connaissez-vous la prière de Jésus ? En inspirant, nous disons : Seigneur Jésus-Christ et laissons Jésus entrer dans le temple de notre corps. En expirant, nous disons : aie pitié de moi et nous imaginons que Jésus chasse de nous le bruit, le bazar intérieur, qu’il chasse les bovins, les pièces d’argent et les pigeons et qu’Il mette de son Esprit-Saint dans le temple de notre corps.
Mais l’art au Moyen Âge comprenait la purification du temple d’une autre manière encore. Si Jésus chasse de nous toutes les forces négatives, le temple de notre corps serait certes pur, mais aussi vide. C’est pourquoi les artistes des cathédrales gothiques ont représenté les démons sur les ornements des chapiteaux des colonnes. Cela signifie que nous pouvons avoir confiance en Jésus pour nous aider à transformer et à dompter nos démons afin qu’ils ne fassent plus de bruit, mais qu’ils donnent au temple beauté et diversité. N’est-ce pas une invitation à accueillir l’esprit de Jésus pour qu’il puisse se répandre dans toutes les chambres de notre corps et de notre âme ?
N’attendons plus et cette semaine de carême est propice à s’entrainer avec Jésus. Nous pourrions essayer d’imaginer que Jésus, en inspirant, remplit notre corps de son esprit et chasse ou transforme tout ce qui nous dérange.
Je vous souhaite donc une troisième semaine de carême bénie que votre corps soit purifié de tout ce qui ternit le temple de l’Esprit-Saint et que vous puissiez faire l’expérience en vous de l’ampleur et de la beauté d’une cathédrale gothique.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation 2e dimanche de carême B : Genèse 22, 1-2.9-13.15-18 ; évangile selon saint Marc 9, 2-10
« Dieu de la promesse de liberté »
Que nous raconte précisément l’Évangile de la Transfiguration en saint Marc ?
« Je fus élevé sévèrement depuis l’enfance dans la considération que la vérité doit subir la souffrance, être outragée, insultée. » Ce propos du philosophe danois Søren Kierkegaard perce mes oreilles à la lecture de cette page. Quand la vraie foi ne peut être que Via Dolorosa, épreuve d’une vie croyante marquée de sacrifices et de souffrance. Un rapport d’« absolu à l’absolu », comme il l’écrit dans Crainte et tremblement, en 1843. Contre toute éthique élémentaire. Sans discussion, alors qu’Abraham sut intercéder pour sauver Sodome. Magnifique peut-être. Ou pas. En tout cas, de toutes mes forces, de toute ma pauvre foi, de ma raison et de mon éthique, je ne peux souscrire. Je ne peux et je ne veux. Trop de pères, ou qui se présentent tels, sacrifient leurs fils dans les conflits religieux, ou dans les justifications hérétiques et criminelles d’abus spirituels et de violences sexuelles.
Le Dieu auquel mon âme aspire, qu’elle désire ne peut réclamer une telle barbarie. La tradition biblique témoigne de son horreur des sacrifices d’enfants (pratique courante dans l’Antiquité), de son désaveu absolu de tout holocauste. Le prophète Jérémie fait de cette abomination une des raisons de l’exil à Babylone : « Ils ont édifié les lieux sacrés du dieu Baal, pour consumer par le feu leurs fils en holocauste à Baal : cela, je ne l’avais pas ordonné, je ne l’avais pas dit, ce n’était pas venu à mon esprit ! » (Jérémie 19, 5). La Loi la dénonçait déjà : « Tu ne livreras pas quelqu’un de ta progéniture pour le faire passer à Moloch : ainsi, tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu. Je suis le Seigneur » (Lévitique 18, 21). Le sacrifice des enfants est un culte à Baal, à Moloch. Ces dieux d’hier et d’aujourd’hui, idoles bien réelles de la destruction, où périrent dans le feu des fours 6 millions de filles et fils de la Promesse.
Lire que l’ange est arrivé à temps pour retenir le bras du père pourtant aimant, n’arrange rien. Quel est ce Dieu sadique qui obligerait à aller jusque-là, testant la soumission du patriarche des croyants ? Je ne peux ni ne veux croire en ce Dieu-là qui oppose la confiance en lui et la vie de l’autre.
Alors que faire ? Lutter, comme l’écrit André Neher, avec le récit, lire et interpréter, encore. Lire autrement le sacrifice, justement : non plus celui d’Isaac, mais celui d’un sens de la paternité comme toute-puissante, « toute possédante » du fils. Ces lignes parlent de la limite : celle du croyant devant ce qu’il croit être l’obéissance à son Seigneur. Le Dieu de la promesse et de la vie ne peut demander la mort de l’innocent.
Rachi, grand commentateur juif du XIe siècle, traduit par : « fais-le monter ». Comme on fait monter une offrande ; qui n’est pas sacrifice. Nous ajoutons : « Laisse-le aller, partir, vivre sa vie, ne le ligote pas. » Là est la promesse tenue : pouvoir mener sa vie avec la bénédiction de Dieu, avec celle de ses pères. La faute d’Abraham est d’avoir cru que son Dieu pouvait lui demander de le préférer à son fils. Préférer Dieu à la vie du semblable, à son intégrité, sa liberté, là est encore et toujours un scandale aujourd’hui. Nulle destruction d’un homme ne peut être signe de Dieu.
Au bout de ma lecture, deux inquiétudes, pour moi, pour nous. Quitter encore et toujours le dieu archaïque qui voudrait qu’en offrant ce que j’ai de plus cher il me récompense à la hauteur de mon sacrifice. Une idole perverse et sadique qui aime voir souffrir et faire souffrir. Dans les camps, 6 millions de fois l’ange est arrivé trop tard pour arrêter le bourreau. Alors nous, les humains, avons l’obligation d’être à l’heure… Enfin.
Véronique Margron. Prieure provinciale des Dominicaines de la Présentation et présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France, elle a notamment publié l’Échec traversé (DDB), Fidélité-infidélité. Question vive (Cerf) et Un moment de vérité (Albin Michel).

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Méditation du 1er Dim. Carême B : évangile selon saint Marc 1, 12-25

« Le carême, la période pour une transformation »

Chaque année, au premier dimanche de Carême, nous entendons l’histoire des tentations de Jésus au désert. Vous connaissez ces récits des tentations, chez saint Matthieu et saint Luc ; ils décrivent trois tentations de Jésus au désert. Dans un court récit, saint Marc montre Jésus qui va 40 jours au désert poussé par l’Esprit. L’Esprit le pousse lui-même au désert pour qu’Il soit libéré des choses qui l’environnent, pour un jeûne… Au désert, Il est tenté par Satan, sans que nous sachions en quoi ses tentations consistent vraiment. Rien d’explicite n’est dit chez Marc, sinon qu’il est mis à l’épreuve.
Pourtant deux images parlantes nous indiquent la raison : « Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient ». Au désert, Jésus vient vivre sans défense, sans toutes sortes d’activités et d’occupations ; mais, dans une réalité dépouillée, dénudée de tout prestige. Ainsi, celui qui recherche une meilleure connexion avec sa vie profonde et qui ne craint pas de ressentir ce qui est sauvage en lui-même. En chacun de nous, il a « les bêtes sauvages » : la colère, la jalousie, l’agressivité… Tous nous connaissons des aspects sauvages, indomptés de l’existence, qui répondent aux lois de la jungle intérieures. Souvent, ces aspects nous tyrannisent. Mais, Jésus, fort de l’Esprit sait vivre avec les bêtes sauvages… Elles ne lui font pas de mal, parce qu’il les a parfaitement acceptés et intégrés dans son existence. Ses aspects négatifs ne le mordent plus et lui n’est pas dangereux ; il ne mord pas ! Au contraire, Il nous apprend à transformer nos émotions et sentiments sauvages en force de vie positive. Notre devoir en ce temps de carême pourrait-être de chercher à nettoyer nos émotions et nos sentiments sauvages. Les bêtes sauvages sont une image pour nous mettre dans la réalité de ce qui est indompté au fond de nous. Apprenons à les regarder comme faisant également partie de nous-mêmes et de les déposer dans le regard de Dieu.
« Et les anges le servaient ! » Cette image des anges gardiens veut nous montrer les potentialités intérieures de notre âme. Ils nous mettent en contact avec les forces positives de la vie saine de l’esprit en nous. Alors, nous n’avons plus besoin d’avoir peur de nous-mêmes et des bêtes sauvages en nous et autour de nous. Elles ne nous feront aucun mal. L’ange dispose d’un regard appelant. Il a une manière d’attirer vers « un plus » quand bien même serions-nous dans un état intérieur délabré ou une situation sans issue apparente. C’est une affaire de présence, d’attitude, de regard et d’action.
Ces personnes sur ma route, je les appelle les anges, des orpailleurs de l’humain. L’orpailleur, lui, accepte de demeurer dans l’eau boueuse qui est la nôtre, de se pencher sur nous, de prendre délicatement toute cette merde dans laquelle nous sommes, et de se mettre à la recherche de la pépite d’or qui est là et que personne ne voyait plus…
C’est cela être un ange pour l’autre. Une sorte de pari fou que l’on finira par trouver l’âme, au cœur de la situation la plus désespérée qui soit. Car les pépites d’or sont là même si on ne les voit pas.
Je vous souhaite un temps de carême pour transformer en vous les bêtes sauvages en pépites d’or et rayonner de la liberté d’exister à l’image de Dieu.
Votre curé Joseph SCHMETZ

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Méditation du 6e Dim B : évangile selon saint Marc 1, 40-45

 

 

« L’art de s’accepter soi-même »
À première vue, l’Évangile d’aujourd’hui ne semble pas en écho avec des jours de carnaval et de la Saint-Valentin. Dans les conversations, j’entends souvent la plainte : j’ai du mal à m’accepter tel que je suis. Quand je demande pourquoi, j’entends surtout deux raisons. D’abord, « je ne me sentais pas vraiment accepté par mes parents. Ils étaient toujours insatisfaits de moi »… Deuxième raison : beaucoup ne peuvent pas s’accepter parce que les images qu’ils ont d’eux-mêmes ne correspondent pas à leur réalité. Ils veulent être parfaits et réussir mais ils ne sont pas ce qu’ils rêvaient qu’ils seraient.
L’Évangile véhicule un message heureux : c’est un texte très joyeux et encourageant. Nous voici à la fin du premier chapitre de l’évangile de Marc qui se termine par l’histoire de la guérison du lépreux, dans laquelle l’homme guéri devient un lanceur d’alerte libératrice. Il ne sait pas taire la puissance créatrice de guérison et de salut de Jésus, malgré le commandement de garder le silence.
Un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Avez-vous remarqué que c’est le malade qui vient au-devant de Jésus ? Atteint de la lèpre, il est non seulement exclu, il ne peut se supporter et il ne s’accepte pas lui-même. Il est prisonnier d’un cercle vicieux dont il veut sortir tant sa souffrance est grande. En tombant à genoux devant lui, il avoue sa propre impuissance. Il interpelle Jésus, mais cette interpellation recèle un piège. En effet, Jésus doit le purifier ; il lui fait endosser l’entière responsabilité, la charge de tout le travail de guérison. Mais, Jésus ne se laisse pas piéger. Il guérit le malade, mais pas de la manière escomptée. En effet, sa thérapie se déroule en quatre étapes, symbolique du chiffre de la terre. L’homme va être rétabli dans son humanité, tel que Dieu l’a créé.
La première étape est le premier pas vers la guérison. Jésus fut saisi de compassion. Il s’ouvre intérieurement et entend son cri. Dans une seconde étape, Jésus étendit la main. Il se connecte au malade. Cette image manifeste chez le lépreux un manque de relations, y compris de la relation à lui-même. Combien de gens se perdent en parlant de leurs problèmes comme s’ils y étaient étrangers… C’est bien à nous, les accompagnateurs, les prêtres et les psychologues, d’établir à nouveau la relation, car sans elle, la guérison n’intervient pas ; et tant que la personne n’entre pas dans un rapport relationnel, l’accompagnement est vain. La troisième étape, nous montre Jésus qui touche le lépreux et qui vient briser la carapace qu’il a construite autour de lui. Jésus ne craint pas le contact physique. Il s’approche tout près du malade, le touche et lui montre ainsi qu’il lui porte une attention et une considération inconditionnelle. Par son geste thérapeutique, Jésus révèle un Dieu qui n’a pas peur du contact. Il repose en lui-même et repose en Dieu. L’amertume et le poison qui ont envahi le malade ne peuvent donc l’atteindre.
De Jésus, nous pouvons apprendre, nous les prêtres et les thérapeutes, à nous ouvrir émotionnellement pour nos fidèles. Mais nous devrions nous aussi rester en lien avec le Père de manière à ne pas nous laisser submerger par les problèmes des autres. En gardant le contact avec l’espace intérieur du silence, en nous retirant pour prier, nous n’aurons plus peur d’être contaminés par l’aigreur et les sentiments chaotiques des gens qui viennent nous rencontrer.
À la quatrième étape, Jésus dit au malade : « Je le veux, sois purifié ! » et lui montre qu’il n’est pas un sorcier ou bien un magicien qui chasse l’impureté d’un coup de baguette. Combien de gens aimeraient guérir, mais ne sont pas prêts eux-mêmes à se transformer ! Ils ne sortent pas de l’image que si c’est l’autre qui répare leur « mécanique », ils n’ont pas une vraie motivation intérieure d’affronter leur problème.
Si Jésus ne se laisse pas déterminer par les attentes du lépreux, il le rencontre en toute liberté et fait ce qu’il peut faire. Il ne fuit pas le malade, il l’accueil, l’accepte, mais il exige de lui aussi sa part de responsabilité : « sois purifié », signifie en fin de compte : je t’accepte, maintenant à toi de jouer, à toi de dire « OUI » et de t’accepter toi-même. Celui qui a du mal à s’accepter à besoin de sentir qu’il est aimé par les autres. Il lui faut sortir du cercle vicieux dans lequel il est enfermé. Cette rencontre exige de lui qu’il s’accepte résolument lui-même, et se dise : je me fais face, je me décide aujourd’hui pour cet être que je suis. C’est en faisant cette démarche que s’évanouissent les illusions et que l’harmonie avec lui-même le rend simple, c’est-à-dire sans plis, juste soi, seulement soi et uniquement soi-même. Je vous souhaite ne pas perdre la joie et le désir de vivre, d’aimer, et de venir à Dieu.
Votre curé Joseph Schmetz

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Méditation du 4e Dimanche B : évangile selon saint Marc 1,21-28 

« Jésus nous libère des fausses images de Dieu ».

Le 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC, le général de Gaulle lançait son fameux appel à la résistance contre l’occupation nazie. À l’époque, il est un quasi-inconnu, et les historiens estiment aujourd’hui que l’appel du 18 juin n’a été entendu que par très peu de monde. Personne ne savait très bien ce qu’il y avait dit. Pourtant, son retentissement a été immense. La première prédication publique de Jésus, dans la synagogue de Capharnaüm, a quelque chose de comparable (Mc 1, 21-28). Jésus de Nazareth inconnu prend la parole pour enseigner. L’enthousiasme est immédiat : c’est la grâce des commencements, on admire le jeune prédicateur peut-être plus pour sa jeunesse et sa fraîcheur que pour ce qu’il dit.

Jésus « enseignait en homme qui a autorité ». Pourtant, l’évangéliste est incapable de nous rapporter le contenu exact de cet enseignement ! Le récit spectaculaire de l’exorcisme éclipse presque totalement l’enseignement du Christ, de telle sorte qu’on ne sait pas ce qui avait tant frappé l’auditoire au point de lancer définitivement le ministère public de Jésus.

Faut-il en conclure que l’enseignement de Jésus était plus remarquable par sa forme que par son fond ? Ce serait légèrement méprisant… Mais il est vrai que la parole de Jésus frappait au moins autant par son contenu que par l’autorité avec laquelle il parlait. Marc précise que cette autorité distinguait l’enseignement de Jésus de celui des scribes.

Cette autorité inédite caractérise la parole de Jésus. Dans le grec de l’évangéliste, l’autorité se dit : exousia. L’étymologie est ici précieuse pour comprendre de quoi il s’agit : c’est une émanation au-dehors (ex) de son essence (ousia). Autrement dit, l’autorité de Jésus vient des profondeurs de son être et en rayonne à l’extérieur comme par un excès de lumière. C’est en cela que Jésus diffère des scribes : son enseignement n’est pas un catéchisme appris et récité ni un catalogue de préceptes reçu de l’extérieur, c’est un épanchement de son être même.

Jésus est ce qu’il prêche et Jésus prêche ce qu’il est, sans ce léger décalage entre le discours et la personnalité qui empêche parfois de prendre tel orateur trop au sérieux. Et cette autorité de Jésus, loin d’écraser son auditoire, lui permet justement d’exister et de grandir dans la liberté — ici c’est la racine latine de l’autorité, auctoritas du verbe augere (faire grandir, augmenter) qui vient au secours de notre compréhension –. La parole de Jésus est une parole qui relève et non pas une parole qui abaisse. C’est cela, l’autorité véritable.

Mais si la parole de Jésus s’impose par l’autorité qui émane de lui, c’est aussi parce qu’elle produit efficacement ce qu’elle signifie. Non seulement Jésus prêche ce qu’il est, et est ce qu’il prêche, mais lorsqu’il parle, les actes suivent et la réalité extérieure elle-même est façonnée par sa parole.

À ces mots, un homme est particulièrement touché et secoué. D’abord, il interpelle Jésus et lui dit : « Que nous veux-tu ? » Saint Marc nous le décrit comme un possédé. Qu’elle est au fait, la signification de ce démon dans la synagogue ? On peut dire que cet homme entend en lui, non sans frayeur, que l’image de Dieu qu’il possède ne correspond plus avec ce qu’il ressent au fond de lui. Il a en lui une image diabolique de Dieu. Il pensait que grâce à l’image de Dieu qu’il s’était construite, Dieu lui donnait son pouvoir et son rang. Comme beaucoup de gens, il utilisait Dieu et l’image de sa puissance pour être supérieur aux autres, pour juger et pour être dans son droit dominant.

Cette image de Dieu erronée et négative à laquelle l’humain s’attache, Jésus vient la transformer pour le libérer. Jésus exhorte l’esprit impur de sortir de lui. Le démon va d’abord tirailler l’homme dans tous les sens. C’est encore une belle image qui décrit comment nous sommes parfois intérieurement déchirés. Il s’agit de ces personnes qui ressentent en elles quelque chose de Dieu, mais elles préfèrent s’accrocher à leurs idées et aux sécurités même fausses qu’elles cultivent de l’image de Dieu. Ces personnes tournent autour d’elles-mêmes et restent déchirer intérieurement entre ce qu’elles savent de Dieu et le pouvoir acquit au regard des autres. Elles préfèrent l’autosatisfaction et la petitesse des fausses gloires. Pourtant, Jésus, par son enseignement, vient informer ces personnes de la présence en elles d’un Dieu qu’elles ne devraient pas ignorer vraiment. Jésus vient libérer l’humain de l’image diabolique qu’il a en soi de Dieu.

Je vous souhaite d’être bousculé par l’enseignement de Jésus dans votre vie pour découvrir le neuf dans l’instant présent, lorsque vous y prêtez attention. D’accueillir le neuf de vos sensations et de transformer, individuellement et collectivement, les contraintes en source de confiance et de joie.

Votre curé, abbé Joseph SCHMETZ

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Dimanche 21 janvier est le Dimanche de la Parole. Institué par le pape François en 2019, nous laissons la parole à Sabine et Marie, engagées dans le service biblique diocésain, nous partager leur expérience quotidienne de relecture des évangiles.
Par un motu proprio publié le 30 septembre 2019, le pape François instituait le Dimanche de la Parole de Dieu, célébré depuis chaque année le 3e dimanche du Temps Ordinaire. Ce texte intitulé “Aperuit Illis” souligne toute la richesse et le caractère vivant du texte sacré. Il encourage les croyants à une plus grande familiarité à son égard, afin de «vivre en profondeur notre relation avec Dieu et avec nos frères».
La Parole de Dieu rassemble et doit être rendue accessible à tout le peuple de Dieu, écrivait également François. «La Bible ne peut pas être seulement le patrimoine de quelques-uns et encore moins une collection de livres pour quelques privilégiés».
Exercice pratique
Dès lors, plongeons dans l’évangile de ce Dimanche de la Parole (Marc 1,14-20), avec Sabine et Marie, du service biblique diocésain. Elles nous proposent toujours, avant de lire un texte biblique, d’invoquer l’Esprit Saint et de recueillir un mot ou une expression qui résonne en nous.
Dans l’extrait d’évangile de ce dimanche 21 janvier, nous pouvons lire : « Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent ». “Le mot ‘aussitôt’ dit qu’ils ont fait le choix de suivre Jésus sans se poser mille questions, commente Sabine. Aussi, ils acceptent de changer de vie sans savoir vers où ce chemin va les mener”.
Le texte se poursuit : “Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu”. “Jean est arrêté. C’est une épreuve, voire un échec. L’histoire pourrait s’arrêter là. Jésus y perçoit un signe à se mettre en route pour partager le témoignage qui est le sien” développe à son tour Marie.
Revenir à l’essentiel
Après cette première lecture, une seconde s’avèrera nécessaire pour laisser monter en chacun sa réponse à la parole que Dieu nous adresse.
Pour Sabine, c’est un merci qui émerge. “Merci Seigneur de m’avoir appelée à te suivre. J’ai le désir d’oser davantage me laisser déstabiliser dans mes certitudes pour écouter vraiment. “ De son côté, Marie exprime une envie: “Jésus, je veux te suivre, en particulier dans les situations de mon quotidien qui m’affectent et me rebutent. Ta parole me dérange et me libère, m’appelle et m’incite à me lever en femme témoin de ta vie”.
Cette manière d’écouter la Parole de Dieu correspond à un rituel que pratiquent quotidiennement Marie et Sabine. Une manière pour elles de revenir à l’essentiel, à Celui qui les a appelées à partir de sa parole. Qui parfois nous dérange, nous bouscule, nous fait quitter notre zone de confort. Pour avancer et grandir avec les autres.
Sophie DELHALLE

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Méditation du 2e Dimanche ordinaire B : évangile selon St Jean 1, 35-42

« Cherchez et vous trouverez, venez et voyez »
Ce dimanche baptismal dans notre Diocèse de Liège – Bistum Lüttich, nous invite à témoigner de notre mission de croyant dans le monde. Le récit de l’appel des disciples dans l’évangile de Saint-Jean est une image de notre propre vocation. Comment ne pas être attiré par l’intensité dans les regards entre Jean et Jésus ; et puis entre les disciples et Jésus ; suit, le regard de Jésus sur les disciples, et enfin, le regard de Jésus sur Pierre. Notre propre vocation est également une histoire qui laisse deviner dans notre regard l’intensité de la venue et la présence de Jésus en nous. Les yeux, ne sont-ils pas un véritable reflet de l’âme ?
L’évangile nous montre deux images importantes. La première, c’est l’image et le regard d’un médiateur : « Nous avons trouvé le Messie ». En effet, nous avons besoin d’être fascinés par une histoire, par ce qui est arrivé vraiment dans la vie de quelqu’un d’autre. L’appel est l’expérience intense que nous ressentons lorsque nous sommes vu et cru. Le témoignage véridique est captivant et fascinant. Il est appel à suivre comme l’autre me l’a fait sentir par la vibration de ses entrailles.
La seconde image se trouve dans des actions : « cherchez et où demeures-tu ? » et « Venez, et vous verrez ! » Les disciples sont en recherche de quelque chose. Jean-Baptiste voit le cœur de Jésus. Il les invite à tourner leur regard vers Jésus afin, qu’ils reconnaissent en Jésus ce qu’ils sont en train de rechercher au fond de leur existence. Le verbe « βλέπω -voir » en grec peut se traduire de différentes manières. Dans notre texte, il décrit l’expérience de Jean le baptiste qui voit en Jésus le Fils de Dieu, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Jésus se laisse voir et se présente au regard, et de Jean, et des disciples, qui le cherchaient. Comme l’action d’un bain révélateur utilisé autrefois pour le développement de la pellicule argentique sur le papier photo, Jésus révèle ce qui est au-dedans de soi.
Alors, les disciples demandent : « Rabbi, où demeures-tu ? » Il leur dit ; « Venez, et vous verrez ». Jésus invite à entrer chez lui. Il révèle son intériorité et espère qu’en y allant, nous voyons plus précisément l’âme même de notre propre existence. Jésus est descendu du ciel pour fasciner des disciples, pour les mettre en marche avec Lui. Seulement une intensité nouvelle peut nous informer sur la vie au tréfonds de nous-mêmes. Elle fera surgir de nous le meilleur, nous fascinera pour oser donner, comme Dieu donne de la Vie et de la Lumière.
Et puis, Jésus posa son regard sur Pierre. Regardant Pierre par le dedans, Jésus le désigne pour devenir le roc sur lequel il construira l’avenir, le monde nouveau. Le regard de Dieu est un regard créateur, un regard qui nous met en connexion avec notre âme. Il nettoie nos habitudes et notre vision déformante et réductrice des autres et du monde.
Cela n’a rien d’un regard moralisateur, mais plutôt d’un regard de fascination et d’intensité nouvelle qui fait apparaître une profondeur de soi encore peut émergée et méconnue pour exister en s’appuyant sur les expériences personnelles du roc d’être. Le regard de Jésus nous met en confiance et nous élève dans une présence de Dieu bienveillante. Alors nous pouvons le suivre comme notre maître, notre sagesse et le Messie qui nous guident sur le chemin de la liberté.
Votre curé Joseph SCHMETZ

 

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Méditation de la fête de l’Épiphanie : évangile selon saint Mathieu 2, 1-12 
« Devant Dieu, je peux tomber parce que Dieu est Dieu ! »
Aujourd’hui, nous célébrons l’Épiphanie du Seigneur, communément connu sous le nom la fête des Rois mages. À l’ère de la mondialisation, cette fête rencontre notre actualité. Des Mages viennent d’Orient pour adorer le roi des Juifs à Bethléem. Les frontières entre les religions sont franchies. Les mages confessent qu’ils savent que l’enfant dans la crèche incarne la sagesse de l’Orient et de l’Occident, la sagesse du Sud et du Nord. Aujourd’hui, nous célébrons l’espoir que les religions travailleront ensemble pour la paix dans le monde au lieu de se combattre. Elles se reconnaitront et s’uniront dans leur aspiration commune au mystère absolu de Dieu.
L’épiphanie est aussi une fête personnelle pour chacun. Les Mages suivent l’étoile de leur désir. Ils ne se lasse pas d’être en quête cherchant la source d’une telle splendeur lumineuse. Ils se mettent en route et suivent l’étoile, tel un long voyage qui les guidera jusqu’à la crèche, la destination. Cette image, peut redonner confiance en soi. Ne cessons pas de désirer le bonheur que Dieu promet et élançons-nous dans le pèlerinage de la nouvelle année. Nouvel An, nouvel élan !…
Karl Rahner n’avait pas peur de penser que l’étoile du désir intérieur dans nos cœurs ne brille parfois que faiblement. Comme les mages, nous devrions nous arrêter pour découvrir l’étoile de notre désir dans le silence et dans la nuit, comme les astrologues. Une fois trouvées, nous devrions mettre en actes ses paroles de Jacque Brel qui chantait dans La quête ; oui, suivre l’étoile, confiant que nous y parviendrons, puisqu’Il est bien né chez nous et il demeure parmi nous !
Quand les mages arrivèrent, ils ouvrent puis ils offrent leurs trésors : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils symbolisent ce qui est manifesté dans le petit enfant de la crèche au monde : la victoire de l’amour, l’or ; le désir enfin comblé, l’encens et le salut et la guérison de la souffrance, la myrrhe, utilisée pour soigner la douleur et l’embaumement des corps.
« Ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui ». L’adoration de Jésus et de Marie les transforme. Dans cette cène, souvent peinte par des artistes, on aperçoit trois vieux rois aux mains très douces et aux visages d’enfants. N’est-ce pas une invitation à nous laisser tomber ? Devant Dieu, je peux m’effondrer parce que Dieu est Dieu. Sans rien demander, sans rien apporter, sans peur et sans armure, simplement être là et adorer. Une émotion intense peut nous envahir pour illuminer et réchauffer mon existence. Je vous souhaite d’oser tomber en Dieu ! De vivre un temps d’être et de lâcher toutes les prises et emprises, en étant complètement soi-même, dans le secret et l’ouverture de son humanité, de la chute devant Dieu, l’infiniment plus grand.
George Bernanos a dit un jour : « Il est plus facile que l’on croit de se haïr. La grâce est de s’oublier ».
La grâce de toutes les grâces, c’est de pouvoir s’oublier ! Savoir laisser là mes problèmes, mes inquiétudes, mes peurs et mes insécurités et pourvoir s’oublier tout en étant complètement présent, mais aussi complètement à soi-même, sans la pression de devoir prouver quoi que ce soit, sans le besoin de prouver à Dieu que je suis spirituel. Être simplement moi-même devant lui et en lui.
C’est ce que je vous souhaite en cette fête de l’adoration des mages, mais aussi tout au long de la semaine ; que vous puissiez faire de telles expériences personnelles : être simplement touché, vous oublier, être complètement ouvert à Dieu et aux autres.
Votre curé, Joseph SCHMETZ

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En ce dernier jour de 2023 que je vous souhaite de bien refermer, et, à la veille de 2024, que je vous souhaite béni, regardons avec joie et foi nos avancées. Pourquoi ne pas terminer l’ancienne année avec un rituel et commencer la nouvelle par un rituel ? Je vous propose des rituels qui ferment une porte et ouvrent une nouvelle porte.

La porte de l’ancienne année doit être fermée pour que nous puissions bien commencer la nouvelle année. Aujourd’hui, jour du réveillon du Nouvel An, je vais prendre deux à trois heures  pour moi seul. Calendrier de l’année écoulée en main, je regarde avec gratitude tout ce qui s’est passé au cours de cette année passée, toutes les belles choses que j’ai pu vivre mais aussi les expériences douloureuses comme la crise de l’Eglise et le besoin d’ajuster sa perception du réel dans le respect des différentes cultures. Quand je regarde tout ce qui est passé avec les lunettes d’une gratitude, je sens que Dieu transforme tout en bénédictions : le douloureux devient joie ; le mensonge devient vérité ; le lourd devient léger… et du neuf est à nouveau possible !. Alors, je remets l’année passée entre les mains de Dieu dans cette confiance qu’il fera porter du fruit.

Ensuite, je regarde le calendrier de 2024 et je demande à Dieu ses bénédictions afin que tout ce qui est attendu de moi passe par Lui et soient une bénédiction pour moi-même et pour les rencontres des gens avec qui, je vivrai l’an neuf.

Je vous souhaite aussi de trouver un bon rituel pour terminer l’ancienne année et commencer la nouvelle année dans la Paix.

Nous commençons chaque année avec l’espoir que ce sera une bonne année. Ce qui est bon ne détermine pas ce que nous ressentons. Nous pouvons avoir confiance que Dieu transforme tout en bien, même si certaines choses nous paraîssent difficiles. L’espoir, n’est-pas la vertu chrétienne centrale avec laquelle je peux entrer dans la nouvelle année sans peurs ?

Saint-Paul dit : « Nous espérons ce que nous ne voyons pas ! » Et le philosophe français Gabriel Marcel dit : » j’espère toujours pour toi et pour toi. J’espère pour toi que tu grandiras de plus en plus dans la seule et unique forme que Dieu t’a destinée ».

Ainsi, l’espoir est autre chose que l’attente. L’attente peut être déçue, l’espoir non !  Les premiers chrétiens rayonnaient évidemment d’un espoir si fort que les gens dans leur entourage sont devenus curieux et se demandaient quelle est la raison de leur espoir ? (1 Pierre 3, 15s) C’est ainsi que nous chrétiens de ce monde, façonnés par une forte espérance, nous devenons une source de l’espoir pour la Terre entière. Notre espoir est en Dieu, Le Seigneur du monde qui transforme ce qui nous semble difficile en bénédiction.

Nous avons confiance que Dieu visite la vie de gens seuls que nous aimons.

Je vous souhaite une année pleine d’espoir et bénie ; que vous soyez une bénédiction pour les gens que vous rencontrez et avec qui vous vivez cette année.

Votre curé, Joseph SCHMETZ

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Méditation de la Nativité du Seigneur : évangile selon Saint-Luc 2, 1-14

« Quand Dieu règne en nous, nos vies s’harmonisent ! »

Tout d’abord, je vous souhaite une sainte fête de Noël, dans la paix et la joie de cette illumination nouvelle !

Nous venons de proclamer ce bel évangile de Luc qui conte la nativité du Seigneur et qui ne laisse personne indifférent de par la force des images et de l’action de Dieu qu’il scussite.

Saint-Luc présente la naissance de Jésus dans la situation géopolitique du 1er siècle, alors que la Palestine est gouvernée par Quirinius et qui l’empereur était Auguste. Le projet politique pour instaurer la paix est bien militaire. Il oblige un recensement de tous les habitants afin de prévenir toute forme d’opposition. Jésus est l’anti-projet, tout le contraire ! C’est Lui qui inaugure le vrai Royaume de la Paix en apportant l’amour, la liberté et la confiance dans la joie d’être ensemble. En effet, l’enfant dans la crèche est plus efficace par la Paix qu’il nous apporte et qu’Il nous laisse pour construire une harmonie entre les nations.

La description de la naissance de Jésus et sombre : « Le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et Marie mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire ». C’est dans un environnement très pauvre que naît Jésus ! S’en suit une magnifique manifestation de l’ange aux bergers qui leur apporte le message : « Ne craignez pas, je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.»

Avez-vous remarqué comment Dieu se présente aux bergers ? Trois mots sont choisis et proclamés : Un Sauveur, le Christ, le Seigneur ! Un Sauveur ; alors que l’Empereur est perçu comme un sauveur, c’est plutôt Jésus l’Unique Sauveur, celui qui guérir nos blessures et qui nous libère des liens de servitudes. Il est le Christ, le Seigneur, Celui qui peut vraiment régner dans nos cœurs. Son règne en nous vient illuminer, guérir et nous fait renaître à nous-même.

Aujourd’hui ; c’est la première fois que ce mot apparaît dans l’évangile de Luc. Il sera utilisé 7 fois dans le récit. La dernière fois, sera au moment de la mort de Jésus sur la croix. L’importance de l’Aujourd’hui de Dieu ! Aujourd’hui, ce passe l’événement qui s’est produit autrefois ! Le message est bien pour nous Aujourd’hui, ici et maintenant !

Le récit se clôture en apothéose avec l’ange et une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » Par ces paroles, c’est toute l’expression de la tendresse de Dieu pour l’humanité qui s’exprime. Saint-Luc présente une image très humaine de Dieu, un Dieu de tendresse, un Dieu de miséricorde ; un Dieu de compassion, un Dieu tout imprégné de Bonté. Ainsi, la nativité du Seigneur est l’expression de l’être de bien de Dieu Lui-même pour sa création.

Aujourd’hui, Il nous apporte la Paix en cadeau, la paix dans le sens qu’il nous révèle notre beauté d’être en harmonie, en accord et heureux avec soi-même. Il vient nous toucher pour donner à nos existences le son (la musique, le ton juste) qui unifie notre être. Résonnant à l’écho d’un tel appel, nous serons en Paix et en accord pour célébrer la symphonie du monde meilleur.

Votre curé, Joseph SCHMETZ

 

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Méditation du 4e dimanche de l’Avent B : évangile selon saint Luc 1, 26-38 

« Réjouis-toi Marie, tu es bénie ! « 

Chaque 4e dimanche de l’Avent, la figure de Marie est au cœur de notre attente.

Le célèbre évangile de la salutation de l’ange Gabriel à Marie réjouit nos oreilles et ouvre notre cœur à la venue de Jésus. Les artistes sont nombreux à avoir représenté cette scène au cours des âges. Cette salutation usée et récitée par cœur risque bien de passer pour lassante et sans sujet ! Pourtant à chaque Ave, nous prions : « Réjouis-toi Maire, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi ». Marie est tout heureuse d’accueillir son Dieu. Lorsque nous récitons cette prière, nous ne pensons pas uniquement à Marie, mais également à nous-mêmes.

Je vous invite à cet exercice : laisser l’ange Gabriel en écho résonner au plus profond de vous-mêmes : « Réjouis-toi Marie » ; l’écho nous dit : « réjouis-toi (prénom) ». « Comblée-de-grâce » et l’écho nous dit : « entre dans ta grâce au fond de toi ». « Le Seigneur est avec toi », l’écho souffle : « Je suis avec toi »…

La promesse de l’ange Gabriel s’adresse également à chacun(e) d’entre nous. Il vient chez nous redire la promesse de Dieu. Il annoncer la venue de Dieu dans notre chair, pour que nous portion du fruit. Tout comme Marie reçoit la promesse que rien n’est impossible à Dieu, nous pouvons expérimenter qu’à Dieu, rien n’est impossible en nous. Par sa venue, l’ange nous promet que du neuf peut apparaître en nous grâce à Lui. La promesse de Noël est la naissance de Dieu par la Vierge Marie. Ainsi, la naissance de Dieu dans notre chair nous donne de le concevoir tout comme Marie a conçu : dans l’Esprit-Saint.

De la même manière que Dieu est né de la Vierge Marie, Dieu veut naître de moi. Et si Dieu prend chair en nous, alors nous entrons en contact avec l’image unique, singulière et originale qu’à Dieu de nous. Par la voie de l’ange, nous sommes invités à vivre notre vie dans le bon sens. Lorsque notre existence est le miroir en résonnance avec l’image originale de Dieu en nous, elle porte du fruit. Nous serons à notre tour une bénédiction, comme Marie, bénie au milieu des femmes. Alors, notre réponse pourra être celle de Marie : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »

Je vous souhaite d’entrer dans la bonne humeur du désir de la naissance de Jésus. D’avoir la confiance de Marie que tout est bon. Malgré des contraintes sanitaires rudes liées à la pandémie du coronavirus, Dieu veut faire surgir du neuf. Marie nous apprend la confiance en la bonté de Dieu. En venant dans le monde, Dieu fait du neuf, chaque fois que nous acceptons qu’Il vienne nous sauver !

Votre curé, Joseph SCHMETZ

 
Campagne de l’Avent pour Action Vivre Ensemble :
 
« Jésus n’avait pas droit au logement  » !
Nous nous préparons à fêter Noël ! Nous décorons nos maisons avec des guirlandes et des éclairages, avec un sapin de Noël et des boules scintillantes. Nous réfléchissons aux cadeaux à offrir et aux invités des repas de fête. Notre maison est plus que jamais un lieu de retrouvailles familiales.
Pourtant nous fêtons un enfant qui n’avait pas de maison ! Quand Joseph cherche un endroit pour que Marie accouche de son enfant, il n’en trouve pas. « Elle mit au monde son premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune », nous dit l’évangéliste Luc (Lc 2,7). Jésus n’avait donc pas de toit quand il est né. Il n’avait pas droit au logement !
Dans notre pays aussi, de nombreuses personnes n’ont pas de maison où s’abriter et n’ont pas de logement. Il manque de logement, il y en a trop peu ou ils ne sont pas disponibles, ou ils ne sont pas en ordre. C’est un grand défi pour notre société. Action Vivre Ensemble veut nous sensibiliser à ce problème et contribue à fournir des logements à ceux qui n’en ont pas. Certes, on pourrait se dire : « Ce problème nous dépasse ! » Comment trouver les 90 000 logements qui manquent en Belgique francophone? Comment ouvrir aux ménages sans abri les 50 000 logements inoccupés ? En fait, il faut commencer par des initiatives concrètes, limitées mais bien ciblées.
Dans l’évangile aussi on constate une réaction au manque de logement pour l’enfant Jésus. D’abord ce fait est présenté comme une étrangeté. Des anges disent à des bergers : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ! » (Lc 2,11-12). Face à cette annonce étonnante, les bergers se mettent en marche. « Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire ! » (Lc 2,16). C’est donc le dénuement de l’enfant Jésus et sa présence incongrue dans une mangeoire qui ont attiré les bergers. C’est parce qu’il était hors de toute maison qu’il a été trouvé par les bergers ! On pourrait dire que l’en- fant pauvre a suscité la compagnie des bergers pauvres. Grâce à eux il est sorti de la soli- tude et a trouvé une protection avec eux : la présence des bergers a remplacé la maison qui manquait. La protection est devenue une nouvelle communauté. Si Jésus n’avait pas droit au logement, il eut droit à la visite !
Ainsi aujourd’hui aussi, notre proximité vis-à-vis de ceux qui sont sans toit et sans maison est un premier pas pour leur donner une protection et un réconfort, grâce à l’amitié et à la solidarité. C’est à cela qu’Action Vivre Ensemble nous invite, durant ce temps de l’avent. Tous, nous sommes invités à faire un geste au service de ceux qui sont sans maison. Nous pouvons nous engager en personne dans les organisations d’entraide ou nous pouvons les financer par nos contributions financières. Nous pouvons aussi nous investir dans la lutte pour une plus grande justice en faveur de ceux qui manquent de logement.
L’Avent est le temps qui nous annonce la venue de Jésus : sa venue dans nos maisons et hors de nos maisons, sa venue dans l’histoire, dans notre actualité et dans notre futur. Que sa présence active progresse dans notre monde, qu’elle envahisse nos cœurs! Que par notre engagement et notre prière, elle donne un toit et une protection à ceux qui n’en ont pas !
Mgr Jean-Pierre Delville,
évêque de Liège et évêque référendaire pour Action Vivre Ensemble
 

Médiation du 1er dimanche de l’Avent B : évangile selon Saint-Marc 13, 33-37

« Avent ; reviens, chez toi je veux naître à nouveau ! »

Cette fin d’année 2023 est décidément bouleversée et faite d’incertitude. La crise climatique, la guerre en terre sainte, la crise sociale… Eh bien, pourquoi ne pas préparer une fête de Noël dans nos maisons appelées à être églises domestiques ? Un Noël particulièrement bienfaisant… Un enfant s’annonce, lumineux et réjouissant. Laissons-le entrer dans nos vies familiales. Ne va-t-il pas renouveler notre vie, nous rafraîchir l’existence, si nous prenons le temps de l’accueillir soigneusement ? Il est le Prince de la Paix pour ce temps de guerre. Dans chaque maison, faisons le point sur ce qui est beau et heureux, digne de lui. Revenons à nous-mêmes sans nier ce qui est plus difficile à voir.

Je vous souhaite un temps d’Avent béni par des temps longs de veille. Malgré une actualité anxiogène, n’offrons pas de prise aux agitateurs autour de nous, ni aux influenceurs, ni aux manques et autres envies tyranniques. Je vous invite au calme et à revenir à la paix du dedans. Des rites peuvent nous y aider. Par exemple : s’assoir devant une bougie allumée, être là, regarder la lumière, la laisser descendre en soi, pour entrer en relation avec ce qui aspire au fonds et le véritable désir d’être soi. La simple présence lumineuse qui se déverse lentement jusqu’au fond de soi, ranime également le désir de Paix, de Sagesse et de Dieu. 

Ce temps de l’Avent est un temps qui peut transformer notre quête intérieure. Il est le temps de l’attente de la venue de Jésus. Non pas l’apocalypse de la fin du monde, ou le « black friday », comme un grand soir. La venue aimante de Jésus pour chaque instant de notre existence est le rendez-vous avec soi-même, pour mettre fin à l’errance et la fuite du réel de son existence. Il est le temps du réveil de la conscience.

Le temps de l’avent invite à davantage de créativité. Avec la traditionnelle couronne de l’Avent, nous exprimons plus qu’un élément de décoration.  Elle veut symboliser que la vie triomphe et réussit, malgré ses fragilités et ses peurs. Elle veut exprimer le désir d’unification et de réparation du cercle familial, à l’image d’une couronne de la victoire.

Chacune des 4 bougies devient une image de notre transformation par la lumière qui vient. La première bougie dit le désir d’être unifier et en harmonie avec soi. La seconde, le signe de la bénédiction divine sur ce qui est souvent vécu comme des pôles qui s’opposent, mais qui apportent en fait la lumière. La troisième bougie est le symbole des trois dimensions de l’humain unifié en son être, que sont : le corps, l’âme et l’esprit ; qu’elles soient traversées de la lumière d’en haut. Et la quatrième bougie renvoie au chiffre symbolique de la terre ; que notre quotidien soit également transformé par ce temps de veille et du désir de la venue de Dieu chez nous.

Le père Teilhard de Chardin priait : « … Pas votre Épiphanie, Jésus, mais votre diaphanie. » Que toute réalité devienne diaphane pour nos sens, transparente comme un cristal, afin que nous puissions contempler Dieu lorsqu’Il crée, échange, communique avec nous, dans un échange sans piège et sans frontières.

Je vous souhaite un serein temps d’Avent qui vous fasse du bien, pour goûter à la tranquillité intérieure. Garde ton âme silencieuse, comme la mère qui nourrit l’enfant qui allaite. La mère allaite l’enfant afin que celui-ci trouve le calme et apaise sa faim. Un temps pour faire silence en soi et retrouver une paix intérieure ; alors notre véritable faim sera satisfaite dans le silence de la proximité de Dieu et nous naîtrons à nous même.

Votre cure, Joseph Schmetz

 

Méditation du 2e Avent B : évangile selon saint Marc 1, 1-8

« Consolez, consolez mon peuple dit votre Dieu !…»

Les paroisses de Welkenraedt et de Membach aiment mettre le focus sur Jean Le Baptiste, Le précurseur, le plus grand de tous les prophètes. En ce 2e dimanche de l’Avent, cette figure acétique, habitant le désert, vêtu de poil de chameau, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, d’une manière forte, demande que l’on prépare le chemin du Seigneur et de rendre droits ses sentiers.

Avez-vous remarqué qu’il ne parle jamais de lui-même ? Il parle de la venue du Seigneur Jésus-Christ.

N’est-ce pas une invitation pour nous, qui avons parfois tellement besoin de parler de nous d’abord ?

Jamais Dieu, nous demande de nous vendre ou bien de chercher à prouver notre existence. Le témoignage de la venue du Christ en nous donne à notre existence toute sa valeur et sa beauté. Ainsi, l’évangile de ce jour pose la question : est-ce que je témoigne du Christ en toute conscience, par ma conduite et de tout mon être ? 

Ce temps de l’Avent nous invite à préparer les chemins du Seigneur. À chacun de voir, quels sont les obstacles sur mon chemin qui ne me permettent pas d’avancer ? Quelles habitudes, quelles ornières enlise et freine mon bonheur ? Quelles sont mes dépendances, mes routines que je dois chercher à transformer en chemin de liberté et de vie nouvelle ? Est-ce que je vis pleinement en harmonise, à l’écoute de ce qui aspire au plus profond en moi-même ?  Combien de conflits passés, de blocages restent non résolus en moi, et m’empêchent aujourd’hui d’avancer et d’être en paix intérieure ?

Hier comme aujourd’hui, un temps de conversion au sens d’une « Métanoïa », nous est offert. L’Avent invite à avancer au-delà de nous, au-delà de l’intellect, de notre nos connaissances. Il s’agit d’un mouvement de conversion ou de retournement par lequel nous faisons l’expérience de plus grand à l’œuvre en nous. Est-ce que ma vie est juste et correspond à ce qu’elle est appelée à être ? En m’ouvrant à l’appel qui vient du désert, je prépare mon existence à aller sur les chemins du Seigneur pour m’épanouir.

« Consolez, consolez mon peuple – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli ». Comme il est bon de recevoir ces paroles réconfortantes dans notre situation concrète, et de chercher à les exprimer en nous. Et consoler, c’est deux choses : à la fois guérir d’une tristesse, en étant à côté du blessé de la vie, quand la vie est dure : « Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures. » (Ps 147,3) Consoler c’est aussi convoquer de l’amour pour qu’il nous touche et nous excite à changer nos cœurs !… Et l’amour à convoquer est ici l’amour de Dieu qui ne compte plus notre péché, l’absout et nous fait renaître.

En parlant de la ‘consolation spirituelle’, Saint Ignace de Loyola dit ceci : « J’appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l’âme, par lequel elle commence à s’enflammer dans l’amour de son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses (…)» (ex 316). Quand Dieu enflamme l’âme de son amour, elle quitte ses amours tortueux, ses idolâtries. Elle en vient à combler les ravins qui la sépare de Dieu, en n’aimant que Dieu et toute chose en Dieu. Laissons l’Avent nous laisser enflammer par l’amour de Dieu et purifier notre vie !

Se convertir c’est revenir à soi pour penser et choisir d’aller regarder derrière les choses et oser se poser d’une manière plus radicale : quel est le véritable sens de ma vie ? C’est, me semble-t-il, l’invitation que la figure de Jean Le Baptiste met en marche pour nous aider à naître à notre Vie intérieure, à notre Vie éternelle.

Votre curé, Joseph Schmetz